https://www.jim.fr/e-docs/00/02/C0/C5/carac_photo_1.jpg Publié le 20/11/2019

Les bénéfices associés à une activité sportive ont été largement démontrés.

Ces dernières années, des inquiétudes sont toutefois apparues concernant le lien entre certains sports de contact, y compris le football américain et le football et la survenue de certaines maladies neurodégénératives. Le football étant pratiqué par plus de 250 millions de personnes à travers le monde, il n’est donc pas incongru de s’intéresser à ses effets néfastes potentiels.

Une étude récente a été menée chez 7 676 anciens joueurs de football de haut niveau. Les causes de décès et l’utilisation de médicaments contre la démence, sur une durée moyenne de 18 ans, ont été comparés chez ces joueurs à celles de sujets-témoins issus de la population générale.

Les données confirment les effets bénéfiques du sport de haut niveau sur la mortalité toutes causes, jusqu’à l’âge de 70 ans. Attestant des bienfaits de l’activité sportive, la mortalité liée à une cardiopathie ischémique est plus faible chez les sportifs que chez les sujets témoins (Hazard Ratio HR 0,80 ; intervalle de confiance à 95 % IC 0,66 à 0,97). C’est le cas aussi pour la mortalité par cancer pulmonaire (HR 0,53 ; IC 0,40 à 0,70).

Mortalité par Alzheimer plus élevée chez les anciens joueurs de foot professionnels

En revanche, la mortalité par maladie neuro-dégénérative est de 1,7 % chez les joueurs de football et de 0,5 % dans la population témoin. Parmi les joueurs de foot, la mortalité liée à une maladie neurodégénérative, qu’elle soit notée comme cause première du décès ou qu’elle y ait contribué, varie selon le type de maladie neurodégénérative. Elle est supérieure pour la maladie d’Alzheimer, et inférieure pour la maladie de Parkinson. Les traitements en rapport avec une démence sont aussi prescrits plus souvent chez les joueurs de football (HR 4,90 ; IC 3,81 à 6,31).

Les liens entre le football et les maladies dégénératives diffèrent-ils selon le poste occupé sur le terrain ? Il semble que non pour la mortalité, qui ne varie pas significativement entre les gardiens de but et les autres joueurs. En revanche, la prescription de médicaments en lien avec la démence est moins fréquente pour les gardiens de but (HR 0,41 ; IC 0,19 à 0,89).

Peut-être un lien avec les « têtes »

Pour l’éditorialiste du New England Journal of Medicine, ce lien pourrait être en rapport avec la répétition des chocs lors du jeu de tête. Un joueur « ferait » en effet entre 6 et 12 « têtes » pendant un match (sans compter les entraînements) et des milliers de fois pendant toute sa carrière.

Dans de petites séries de joueurs professionnels, le jeu de tête a été associé à des perturbations de la chimie du cerveau, à une diminution de l’intégrité de la matière blanche et à une réduction de la corticale, en l’absence de tout antécédent de commotion cérébrale. L’éditorialiste estime toutefois que cette étude ne doit pas engendrer de crainte excessive de la part des joueurs de football, des parents ou des entraîneurs. Il est en effet impossible de généraliser à tous les joueurs de foot les données de cette étude réalisée chez d’anciens footballeurs professionnels.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES : Mackay DF et coll. : Neurodegenerative Disease Mortality among Former Professional Soccer Players. N Engl J Med., 2019;381:1801-8. doi:10.1056/NEJMoa1908483.

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