http://www.jim.fr/e-docs/00/02/99/33/carac_photo_1.jpg Publié le 20/02/2018

Les aliments ultra-transformés constitueraient selon les pays entre 25 % et 50 % de l’apport énergétique quotidien. Selon la classification NOVA (qui distingue quatre groupes d’aliments en fonction de leur transformation industrielle) le groupe des ultra-transformés comprend les pains et brioches industriels emballés, les barres chocolatées, les préparations pour desserts ou desserts tout préparés, les nuggets de volailles ou de poissons, les viandes reconstituées avec des conservateurs autres que le sel, soupes déshydratées, poêlées de légumes, etc. C’est-à-dire des produits présents à profusion dans les supermarchés et que l’on retrouve dans tous les caddies. Il s’agit le plus souvent d’aliments de faible qualité nutritionnelle, contenant des additifs, conservateurs et autres exhausteurs de goût.

Ces aliments ultra-transformés ont été formellement associés à une augmentation du risque de dyslipidémie chez des enfants brésiliens, et à une augmentation du risque de surpoids, d’obésité et d’hypertension chez des étudiants espagnols.

Risque accru de cancer

C’est une équipe française qui cette fois reprend le flambeau et publie les résultats issus de la cohorte Nutrinet-Santé. Créée en 2009, cette cohorte recueille en ligne les déclarations détaillées de consommation de 3 300 items alimentaires, par périodes répétées de 24 heures. Près de 105 mille personnes ont contribué à cette enquête, d’un âge médian de 43 ans.

La consommation de ces produits ultra-transformés est associée à un risque accu de cancer, avec une augmentation de 12 % du risque par augmentation de 10 % de la consommation d’aliments ultra-transformés (Hasard Ratio 1,12 ; intervalle de confiance à 95 % 1,06 à 1,12 pour tous types de cancers et 1,11 ; 1,02 à 1,22 pour le risque de cancer du sein). Les résultats restent significatifs après ajustement sur les facteurs socio-démographiques, l’âge, le niveau d’études, la consommation de tabac ou d’alcool, l’activité physique.

Bisphénol A, acrylamide, dioxyde de titane et plus encore

La qualité nutritionnelle des aliments ultra-transformés n’est sans doute pas seule en cause. Les additifs sont nombreux dans ces aliments, et, parmi les 250 additifs différents autorisés dans l’alimentation en Europe et aux États-Unis, certains, comme le dioxyde de titane, ont montré de possibles propriétés cancérogènes chez l’animal ou dans les modèles cellulaires, qui mériteraient d’être explorées plus avant chez l’homme. La transformation des aliments, et particulièrement leur cuisson, est elle aussi impliquée, car susceptible de produire des contaminants nouvellement formés. C’est le cas de l’acrylamide, présent dans les frites, le pain, le café, et qu’une méta-analyse récente impliquait dans le risque de cancer du rein et de l’endomètre chez des non fumeurs. Enfin, les emballages plastiques, en contact direct avec les aliments, contiennent des composants comme le bisphénol A, perturbateur endocrinien susceptible de migrer de l’emballage vers l’aliment.

Les auteurs estiment que, s’il est impossible de conclure à un lien direct de cause à effet, les données sont suffisamment préoccupantes pour justifier des études plus poussées. Ils estiment qu’une taxation ou des restrictions de commercialisation des produits ultra-transformés, associées à la promotion des produits frais ou peu transformés, contribueraient à la prévention primaire contre le cancer.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCE

Fiolet T et coll. : Consumption of ultra-processed foods and cancer risk: results from Nutri Net-Santé prospective cohort. BMJ 2018; 360: k322

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