Les femmes moins performantes pour une réanimation cardiopulmonaire

http://www.jim.fr/e-docs/00/02/8D/06/carac_photo_1.jpgJIM.fr MédecinPublié le 24/08/2017

Le facteur le plus important pour réduire la mortalité et la morbidité chez les patients souffrant d’un arrêt cardiaque réside dans la qualité des manœuvres de réanimation cardiopulmonaire (RCP) et donc dans les performances des équipes de secouristes. En plus de la compétence individuelle de chaque professionnel de santé, la coordination et le travail d’équipe sont primordiaux, ce qui nécessite une communication interne et un leadership efficaces.

Des auteurs ont émis l’hypothèse que le comportement des secouristes diffère en fonction de leur sexe. Ils ont donc eu l’idée de comparer des sauveteurs féminins et masculins en ce qui concerne la réanimation cardiopulmonaire et la conduite des opérations au sein des équipes de secouristes.

L’étude est prospective, et a pour cadre le centre de simulation de santé haute-fidélité de l’unité de soins intensifs des hôpitaux universitaires de Bâle (Suisse). Elle a été présentée comme une situation d’apprentissage, au cours de laquelle les étudiants pourraient se former et améliorer leurs compétences en cas d’urgence médicale. Deux cent seize étudiants en médecine volontaires (108 femmes et 108 hommes) ont été randomisés par équipes de trois : sur les 72 trios formés, 29 sont exclusivement féminins, 27 exclusivement masculins et 16 mixtes. Les données individuelles et celles concernant chaque groupe ont été analysées séparément.

Des « ressuscitations » moins rapidement mises en route et moins longues

Le critère principal au niveau du groupe se base sur le temps d’exécution des manœuvres de ressuscitation (définies comme la durée de massage cardiaque et de ventilation ou de défibrillations) au cours des 180 premières secondes suivant l’arrêt cardiaque. Par rapport aux équipes masculines, les équipes féminines agissent moins longtemps  (87 ± 41 vs 109 ± 33 s, [moyenne ± sd]  p = 0,037) et ce, du fait d’un délai plus long avant la mise en route des manœuvres de ressuscitation : le début des compressions thoraciques survient en moyenne après 109 s dans les trios féminins contre 70 s dans les groupes masculins (p = 0,038). De plus, les équipes féminines apparaissent moins performantes en terme de « commandement » (assignement et distribution des tâches, que faire et comment le faire . . .) et font preuve de moins d’initiative (moins de gestes de réanimation cardiopulmonaire non sollicité par rapport aux équipes masculines).

Le comportement individuel est évalué uniquement dans les équipes mixtes. Le genre féminin est associé à un nombre inférieur de ce que les auteurs nomment les déclarations de leadership sécurisées (3 ± 2 vs 5 ± 3 p = 0,027) : par exemple une phrase comme « il faut utiliser le défibrillateur » est une déclaration sécurisée par rapport à « ne faut-il pas défibriller ?». Les résultats ont été confirmés dans l’analyse de régression ajustée pour la composition de l’équipe.

Les auteurs concluent qu’il existe des différences notables entre les sexes concernant la performance de la réanimation cardiopulmonaire, expliquées en partie par le nombre moindre de mesures de réanimation cardiopulmonaire non sollicitées dans les équipes exclusivement féminines et par un commandement féminin moins affirmé. Pour dérangeants que soient ces résultats, ils devront être pris en compte dans les formations futures des secouristes.

Dr Béatrice Jourdain

RÉFÉRENCE

Amacher S. et coll. : Influence of Gender on the Performance of Cardiopulmonary Rescue Teams: A Randomized, Prospective Simulator Study. Crit Care Med., 2017; 45: 1184-1191

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