Actualités – publiée le 29/12/2019 par Équipe de rédaction Santélog

Brain Plasticity

Cette méta-analyse confirme les multiples bénéfices de la pratique sur la santé du cerveau, jusqu’à souligner des preuves précoces prometteuses de réduction du déclin cognitif lié à l’âge.

La pratique du yoga qui remonte à plus de 2.000 ans cherche à renforcer l’harmonie de l’esprit, du corps et de l’âme à travers la pratique de mouvements physiques, de méditation et d’exercices de respiration. Plus récemment, des études scientifiques se sont intéressées à ses bénéfices en termes de renforcement des mouvements et d’équilibre, de relaxation et de lutte contre l’anxiété et le stress.

Ces experts de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign ont examiné l’ensemble des études menées sur le yoga. Cette méta-analyse de 11 études, présentée dans la revue Brain Plasticity, confirme les multiples bénéfices de la pratique sur la santé du cerveau, jusqu’à souligner des preuves précoces prometteuses de réduction du déclin cognitif lié à l’âge.

Aujourd’hui, le yoga est la forme de thérapie complémentaire la plus populaire, pratiquée par plus de 13 millions d’adultes. 58% de ses adeptes invoquent le maintien de la santé et du bien-être comme motivation principale. Cet examen de la littérature résume les connaissances actuelles sur la pratique du yoga et sur ses effets positifs sur le cerveau, tels qu’évalués avec l’IRM, l’IRMf et la tomographie par émission monophotonique (SPECT).

Le yoga favorise la régulation émotionnelle, réduit le stress, l’anxiété et la dépression et améliore le fonctionnement global du cerveau.

Les chercheurs ont analysé 11 études examinant les effets du yoga sur la structure, la fonction et le flux sanguin cérébraux. Prises ensemble, ces études confirment un effet positif :

  • sur la structure et / ou la fonction de l’hippocampe, de l’amygdale, du cortex préfrontal, du cortex cingulaire et des réseaux cérébraux, y compris le réseau en mode par défaut (DMN),
  • de réduction du déclin cognitif lié à l’âge par la diminution de l’atrophie des zones cérébrales impliquées.

Yoga et exercice aérobie : d’autres études ont démontré l’effet également positif de l’exercice aérobie sur le cerveau dont la croissance de nouveaux neurones. Cet examen révèle que le yoga induit une grande partie des effets bénéfiques de l’exercice aérobie.

« À partir de l’analyse de ces 11 études, nous identifions certaines zones du cerveau qui reviennent constamment, qui ne sont étonnamment pas très différentes de ce que nous voyons avec la recherche sur l’exercice », explique l’auteur principal, Neha Gothe, professeur de kinésithérapie et de santé communautaire à l’Université de l’Illinois. Ainsi, le yoga, comme l’exercice favorise l’augmentation du volume de l’hippocampe tout comme l’exercice aérobie.

Alors que l’hippocampe est impliqué dans le traitement de la mémoire et est connu s’atrophier avec l’âge, la démence et la maladie d’Alzheimer, cela explique une partie des bénéfices du yoga sur la santé cognitive.

  • L’amygdale, qui contribue à la régulation émotionnelle, a tendance également à se développer chez adeptes du yoga.
  • C’est aussi le cas,
  • du cortex préfrontal – une zone essentielle à la planification, à la prise de décision, au multitâche, à la réflexion et au choix de la bonne option- ;
  • du cortex cingulaire qui fait partie du système limbique et joue un rôle clé dans la régulation émotionnelle, l’apprentissage et la mémoire ;
  • de certains réseaux cérébraux comme le réseau en mode par défaut. Ces zones semblent mieux fonctionner avec la pratique du yoga.
  • Les études révélent également que les changements cérébraux observés chez les personnes pratiquant le yoga sont associés à de meilleures performances aux tests cognitifs ou aux mesures de régulation émotionnelle.

Ces effets sur le cerveau similaires à ceux documentés avec l’exercice aérobie méritent plus de recherche : « Car le yoga n’est pas de nature aérobie, il doit donc y avoir d’autres mécanismes en jeu, menant à ces mêmes changements cérébraux ».

L’amélioration de la régulation émotionnelle pourrait être la clé des effets positifs du yoga sur le cerveau. En effet, de nombreuses études établissent un lien entre le stress et le rétrécissement de l’hippocampe et de moins bonnes performances aux tests de mémoire. Or on sait aujourd’hui que le yoga modifie la réponse au stress via le cortisol.

Des personnes qui pratiquent le yoga ne serait-ce que 8 semaines présentent déjà une réponse très atténuée au stress avec des niveaux réduits de cortisol mais aussi de meilleures performances aux tests de prise de décision, de changement de tâche et d’attention.

En conclusion, cet effet bénéfique de régulation émotionnelle qui réduit le stress, l’anxiété et la dépression et semble améliorer le fonctionnement global du cerveau.

Des recherches plus approfondies sur les effets du yoga sur le cerveau seraient bienvenues car le yoga pourrait être une thérapie -non médicamenteuse- facile à pratiquer et accessible à tous, pour de nombreuses conditions associées à nos modes de vie modernes. « La science montre déjà que le yoga est bénéfique à la santé cérébrale, mais nous avons besoin d’études d’intervention plus rigoureuses et bien contrôlées pour confirmer voire élargir ces résultats ».

Source : Brain Plasticity 05 November 2019 DOI: 10.3233/BPL-190084 Yoga Effects on Brain Health: A Systematic Review of the Current Literature (Visuel L. Brian Stauffer)

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