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Description générée automatiquement Publié le 04/08/2021

Les progrès médicaux et technologiques ont permis à la médecine moderne de viser non seulement de meilleurs taux de survie mais aussi une meilleure qualité de vie après la sortie de l’hôpital et des services de réanimation.

Mais, les réanimateurs sont confrontés à l’un des défis professionnels les plus complexes lorsque des décisions de fin de vie doivent être prises.

Au cours des dernières années, avec l’influence croissante des considérations éthiques, un changement des modes de décès a été observé, favorisé par la publication de recommandations et de lignes directrices internationales concernant les pratiques de fin de vie en service de réanimation.

Malgré ces directives, il existe une hétérogénéité importante dans les processus de prise de décision concernant la fin de vie entre les régions, les pays, les services de réanimation d’un même pays et les réanimateurs d’une même unité de soins intensifs.

Dans la plupart des pays développés, le décès après limitation des traitements de maintien en vie est devenu le mode de décès le plus fréquent des patients en soins intensifs.

Cette étude observationnelle rétrospective qui évalue tous les patients décédés dans un service de réanimation universitaire espagnol de 23 lits, s’est attachée à décrire comment les modes de décès ont changé au cours des 10 dernières années.

Les modes de décès ont été classés comme suit : décès malgré une assistance maximale, mort cérébrale, décès après limitation des traitements de maintien en vie.

Forte augmentation de décès par limitation des traitements de maintien en vie et forte diminution des décès après une réanimation déraisonnable

Parmi les 9 264 admissions, 1 553 (16,8 %) décès ont été enregistrés.

Le taux de mortalité a diminué (1,7 %/an, IC 95 % 1,4-2,0 ; p = 0,021) alors que le nombre d’admissions a augmenté (3,5 %/an, IC 95 % 3,3-3,7 ; p < 0,001).

Plus de la moitié des patients (888, 57,2 %) sont décédés malgré une assistance maximale, 389 (25 %) sont décédés après une décision partagée de limitation des traitements de maintien en vie et 276 (17,8 %) sont décédés en raison d’une mort cérébrale.

Les modes de décès ont considérablement changé au cours de la dernière décennie.

La limitation des traitements de maintien en vie a augmenté de 15,1 %/an (IC 95 % 14,4-15,8 ; p < 0,001) et les décès, malgré une assistance maximale en fin de vie, ont diminué de 7,1 %/an (IC 95 % 6,6-7,6 ; p < 0,001).

La proportion de patients ayant reçu un diagnostic de mort cérébrale est restée stable au fil du temps.

L’une des principales limites de cette étude est qu’elle est basée sur l’expérience d’un seul centre et ne peut pas être généralisable.

Sa nature rétrospective a rendu impossible la collecte de toutes les informations précises et représentatives sur le processus de fin de vie, y compris les informations sur la façon dont la décision partagée a été effectué dans chaque cas.

Bien que les tendances séculaires, l’évolution des points de vue éthiques et la sensibilisation du public puissent être responsables de bon nombre des changements observés, la conception de l’étude n’a pas permis d’évaluer directement la façon dont les principes et les lois éthiques ont affecté les résultats.

Néanmoins, cette publication met en évidence moins d’acharnement thérapeutique et plus de concertation avec les proches dans le cadre des décisions de ne pas poursuivre des soins déraisonnables.

Un véritable changement de paradigme à l’heure où de plus en plus de personnes se retrouvent en service de réanimation.

Dr Bernard-Alex Gaüzère

RÉFÉRENCE : Emilio Rodriguez-Ruiz et al. Shifting trends in modes of death in the Intensive Care Unit, Journal of Critical Care, Volume 64, 2021, Pages 131-138, ISSN 0883-9441, https://doi.org/10.1016/j.jcrc.2021.04.003.

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