Une équipe du Centre de recherche du centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) travaille à concevoir un test rapide, performant et simple d’utilisation afin de détecter l’apparition d’un cancer de la vessie.

Par Geoffrey Dirat

Le Dr Claudio Jeldres et les chercheurs Martin Bisaillon et François-Michel Boisvert développent un test de dépistage du cancer de la vessie. Profession Santé logo 01/04/2022

Le Dr Claudio Jeldres et les chercheurs Martin Bisaillon et François-Michel Boisvert, de gauche à droite. (Annie Paquin / Cosmos image).

Cinquième cancer le plus commun au Canada, le cancer de la vessie se diagnostique aujourd’hui à l’aide d’une cystoscopie, un examen invasif plutôt inconfortable pour les patients — dont les trois quarts sont des hommes — et très coûteux pour le système de santé.

Demain, ce diagnostic pourrait être établi grâce à un simple test d’urine fait à la maison.

Un trio du Centre de recherche du CHUS, composé du Dr Claudio Jeldres et des professeurs-chercheurs Martin Bisaillon et François-Michel Boisvert, a en effet identifié une combinaison de quatre biomarqueurs permettant de dépister les tumeurs malignes.

Ces quatre protéines, qui se retrouvent dans l’urine lorsqu’un cancer de la vessie se développe, peuvent facilement être dépistées avec la même technologie que celle des autotests rapides de la COVID-19, indique le biochimiste François-Michel Boisvert, professeur au sein du département d’immunologie et de biologie cellulaire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de Sherbrooke (FMSS).

Cette technologie de détection du SRAS-CoV-2, les trois chercheurs ne la maîtrisent pas, mais ils l’ont en quelque sorte reproduite, grâce à des appareillages sophistiqués, pour éprouver leur procédé de dépistage.

Les résultats préliminaires seraient prometteurs.

« Notre première phase de validation portait sur une cohorte de 100 patients et elle a démontré que notre test a une sensibilité de 100%, soit un taux supérieur à celui de la cystoscopie, qui oscille entre 80 et 90% », annonce Martin Bisaillon, professeur au département de biochimie et de génomique fonctionnelle de la FMSS.

Grâce à un don de 470 000$ provenant de la Fondation du CHUS, l’équipe va pouvoir perfectionner son test et expérimenter son procédé à plus grande échelle, sur 1000 patients.

Si cette deuxième phase est aussi concluante que la première, elle pourrait ouvrir la voie à une petite révolution dans le dépistage et le suivi du cancer de la vessie.

« On effectue aujourd’hui un examen cystoscopique lorsque les personnes ont du sang dans les urines, mais cette présence est un signe tardif », explique l’urologue Claudio Jeldres, qui souhaite « pouvoir identifier ces patients avant même la cystoscopie », sachant que ces derniers peuvent attendre jusqu’à deux ans avant d’en subir une.

Des avantages cliniques et économiques

En plus de ce dépistage précoce, leur test soulagerait les patients atteints du cancer de la vessie, dont le suivi passe par des cystoscopies récurrentes, tous les trois à six mois.

Il soulagerait aussi le réseau de la santé.

« En Estrie, on pratique environ 2000 cystoscopies par an », signale le Dr Jeldres qui en fait lui-même tous les jours.

Il souligne par ailleurs que cette intervention reste onéreuse, de 600 à 700$ en moyenne, et mobilise des ressources humaines et techniques au sein des hôpitaux.

« Un test de détection rapide permettrait de diminuer considérablement ces coûts », observe le médecin.

Les trois chercheurs québécois, qui collaborent avec la branche Surveillance du cancer de l’Organisation mondiale de santé et d’autres scientifiques en Allemagne et en France, se donnent 12 à 18 mois pour finaliser la mise au point de leur test.

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