Accueil Sport Surf Vague de Nazaré
Il est l’une des références dans le surf de grosses vagues.
Garrett McNamara est le premier à avoir surfé la mythique vague de Nazaré, le 1er novembre 2011.
Onze ans plus tard, le surfeur américain revient sur cette journée historique qui, en plus de lancer sa carrière, a placé le petit village de pêcheurs portugais sur la carte, pour en faire aujourd’hui, l’un des spots de référence dans le surf de grosses vagues.
Le 1er novembre 2011, Garrett McNamara a surfé une vague de 23,77 mètres. | PHOTO : GARRETT MCNAMARA / DR
Ouest-France Charline MARTIN-MÉFORT. Publié le 04/01/2023 à 06h31
Le village de pêcheurs de Nazaré l’attendait depuis cinq ans.
Cinq longues années que Garrett McNamara avait la mythique vague portugaise à portée de main sans le savoir.
Dino Casimiro, un bodyboarder local, lui avait écrit pour le prévenir de l’existence de ces vagues XXL encore jamais surfées, qui déferlaient sur le spot de Praia do Norte.
« J’ai vu la plus grosse vague de ma vie »
Resté au fond de sa boîte mail dans l’ignorance la plus totale, ce n’est qu’en 2011, alors que sa femme, Nicole, l’aide à faire du tri, que McNamara découvre le phénomène portugais.
« Il y avait même des photos », raconte aujourd’hui en riant celui qui ne regrette rien.
Quelques mois plus tard, le surfeur américain met le cap sur Nazaré, son premier voyage en Europe.
La suite, nous allons vous la raconter.
Hiver 2010. Nicole et Garrett posent les pieds sur le sol portugais pour la première fois de leur vie.
Après une heure de route depuis Lisbonne, ils découvrent le village dont ils ont tant entendu parler.
À peine arrivés, ils se rendent sur le spot désertique.
Giflés par le vent, ils découvrent un lieu fade, sombre, presque effrayant.
« Debout sur la falaise, j’ai vu la plus grosse vague de ma vie », se remémore le surfeur.
Garrett McNamara et son nouveau livre, « Les morsures de la mer ». | PHOTO : CHARLINE MARTIN-MÉFORT / OUEST-France
Il ne lui faut pas plus de temps pour comprendre le potentiel de ce monstre.
Ils passeront tout l’hiver ici, à se renseigner, à scruter sous tous les angles cette grosse vague et à constituer l’équipe avec qui ils marqueront l’histoire plus tard, composée du surfeur, de sa femme à la radio et de deux amis, Al et Cotty pour tracter et sécuriser Garrett.
« Impossible de l’affronter sans une préparation minutieuse : logistique, entraînement de base, apprentissage du spot. »
Octobre 2011. Après qu’une profonde dépression a traversé l’Atlantique, Garrett et Nicole se précipitent à Nazaré.
Le surfeur de 44 ans en est convaincu, une session historique arrive.
Son équipe se prépare, les jet-skis sont en place, un réalisateur français loue même un hélicoptère pour l’occasion.
Le 31 du mois, l’Américain se lance. Il fait face à des vagues de 15 ou 16 mètres.
Malgré plusieurs tentatives, rien n’y fait. Garrett chute, l’équipe rentre au port bredouille, cette journée est un fiasco.
« On a un gros costaud qui déboule »
Mardi 1er novembre 2011. Fatigué par la veille, Garrett n’a aucune intention de remettre les pieds dans l’eau.
« Il était 5 heures du matin, j’étais en train de me rendormir et j’ai entendu quelqu’un frapper à la porte. »
Cotty et Al viennent l’informer des conditions du jour.
« Des pics parfaits de 20 à 25 mètres m’ont-ils dit. » Peu motivé à l’idée d’enfiler une combinaison encore humide, après avoir passé la nuit à réparer sa planche, Garrett finit par accepter la proposition de ses amis pour leur rendre service.
« J’ai accepté de piloter le jet-ski mais je leur ai dit que je ne me sentais pas de surfer. »
En 2013, Garrett McNamara a battu son propre record en surfant une vague de près de 30 mètres. | PHOTO : HUGO SILVA / RED BULL CONTENT POOL
Après un passage au port pour récupérer le matériel, l’équipe se jette à l’eau.
Le jour commence à se lever, l’air automnal caresse les visages. Une belle journée s’annonce.
Une fois sur le spot, Garrett n’en croit pas ses yeux.
« Les gars ne s’étaient pas trompés, les vagues étaient immenses. » Le surfeur tracte ses deux amis sur différentes vagues.
Après un moment à l’eau, Cotty et Al finissent par convaincre Garrett de surfer.
« Je me suis dit que ça valait peut-être le coup d’essayer. »
Assis sur sa planche, le surfeur attend le feu vert de Nicole postée sur le toit de l’emblématique fort Sao Miguel Arcanjo, les jumelles sur les yeux, aux côtés du photographe.
« J’avais descendu ma combinaison sur mes genoux pour pisser quand j’ai entendu la voix de Nicole dans la radio.
Elle m’a dit : « On a un gros costaud qui déboule, je ne connais pas sa hauteur mais c’est du lourd ». »
Garrett remonte sa combi à la hâte et se met en place. Sur les conseils de sa femme, il attend la troisième vague, se fait tracter par le jet-ski piloté par Al, lâche la corde et s’élance dans la vague.
23,77 mètres
« En me tournant vers la côte, j’ai constaté que j’étais plus haut que les falaises et le fort.
J’ai tout de suite pensé que cette vague devait dépasser les 20 mètres, un immeuble de six étages ! »
Il dévale alors le mur d’eau à toute vitesse dans le rugissement sourd de ce monstre avec lequel il avance.
Après avoir tenu plusieurs secondes sur sa planche, il prend une grande inspiration et tombe en bas de la vague. Cotty le récupère, ils mettent les gaz vers le port.
LIRE AUSSI. REPORTAGE. Là, derrière la falaise, gronde la puissante vague de Nazaré, paradis du surf mondial
« En regardant les images, il nous a paru évident que cette vague allait entrer dans l’histoire du surf.
Cette méchante vague avait dépassé toutes les autres. »
En quelques jours, la photo fait le tour du monde et le chiffre tombe. 23,77 mètres.
Garrett McNamara entre dans l’histoire et se fait récompenser. Il place définitivement Nazaré sur la carte.
Ce qui était alors un petit village de pêcheurs calme, devient « the place to be » pour les surfeurs de gros.
Les plus grands riders affluent, des compétitions se lancent.
Sur le spot de Praia do Norte, depuis, rien n’a changé ou presque.
Le calme de cette journée du 1er novembre 2011 a été remplacé par une foule constante venue assister au spectacle sur les falaises faisant office de tribunes à chaque grosse houle.
Le site n’a quant à lui rien perdu de son authenticité : ses falaises ocre, sa mer grise, son vent d’ouest.
Grâce à cette vague, Garrett a vu sa vie chamboulée. Une vie qu’il raconte dans son nouveau livre « Les morsures de la mer », présenté au Festival du film et du livre d’aventure à La Rochelle dernièrement.
« Ça a tout amplifié, tous mes rêves et objectifs se sont réalisés. J’ai basculé dans le grand monde du surf. »
LIRE AUSSI. Surf. À Nazaré, « le surfeur doit survivre dans la vague, pendant qu’on s’occupe du reste »
Cette journée, en plus d’être historique, aura donné une leçon à Garrett McNamara.
Onze ans plus tard, il n’en a rien oublié : « Finalement, même si tu viens d’avoir une mauvaise journée, il faut te lever car cette nouvelle journée peut être la meilleure de ta vie. »
Vague de Nazaré Prolongation Sport Portugal Actualité en continu Surf