Actualités  –  publiée le 7/02/2019 par Équipe de rédaction Santélog

Pediatric Research

5 à 10 % des enfants et des adolescents dans le monde souffrent de trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) et environ 70% de ces patients reçoivent un traitement à base de méthylphénidate (MPH : Ritaline)

Alors qu’environ 5 à 10 % des enfants et des adolescents dans le monde souffrent de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), que ces patients (aujourd’hui environ 70%) reçoivent de plus en plus fréquemment un traitement à base de méthylphénidate (MPH : Ritaline), stimulant du système nerveux central, les études se font plus nombreuses sur les effets secondaires possibles de ces traitements à long terme.  Cette étude de l’Université de Buffalo a regardé précisément le risque de dommages cardiaques possible, chez les primates traités par stimulants chroniques. L’étude, présentée dans la revue Pediatric Research, n’identifie pas de risque cardiaque particulier.

De fortes doses de stimulants MPH, dispensées durant 5 ans n’ont pas endommagé le cœur des singes rhésus : un résultat qui pourra rassurer -au moins sur cet effet- les parents et les médecins des millions d’enfants (1,8 million aux seuls Etats-Unis) aujourd’hui traités pour le TDAH. L’éventualité que ces médicaments puissent endommager le cœur étant une source de préoccupation majeure depuis longtemps. Des résultats jugés « très rassurants dans la mesure où même un traitement stimulant chronique à base de MPH à forte dose ne donne aucune indication d’anomalies de structures ou de fonctions dans le cœur des singes », conclut l’auteur principal, le Dr Steven E. Lipshultz, professeur au département de pédiatrie de la Jacobs School of Medicine et des sciences biomédicales de l’université de Buffalo.

Ces résultats répondent ainsi à la controverse portant sur le risque de mort cardiaque subite associé au traitement par MPH au log cours, d’autant que le nombre de prescriptions de ces médicaments pour les enfants atteints de TDAH continue à augmenter. Un certain nombre d’études ont en effet de par le passé, suggéré ce risque ou celui d’autres lésions cardiaques chez certains enfants prenant le médicament ou un autre traitement stimulant du TDAH. L’Agence américaine, la Food and Drug Administration (FDA) a notamment publié un avertissement précisant que les enfants présentant une maladie cardiaque sous-jacente devaient utiliser ces médicaments avec prudence. Les autorités canadiennes ont également mais temporairement, retiré un stimulant puis l’ont remis sur le marché, en regard du petit nombre d’événements de mort subite d’origine cardiaque identifiés.

Absence de différences cardiaques avec ou sans MPH : l’étude prend place au sein d’un projet de recherche mené par le gouvernement américain et portant sur 30 singes rhésus mâles recevant quotidiennement un traitement stimulant chronique au MPH. L’équipe a passé plusieurs années à développer une infrastructure permettant de tester l’impact à long terme du traitement sur le cœur de ces singes. Pendant cinq ans, les singes ont été répartis, à partir de l’âge de 2 ans environ pour être traités de façon continue avec un schéma thérapeutique, super thérapeutique (doses élevées) ou un placebo. La durée de l’étude a été établie pour correspondre à la période allant de l’enfance à l’âge adulte. L’analyse montre après une évaluation cardiovasculaire complète chez tous les singes, l’absence de différence statistique entre les 3 groupes.

Les auteurs soulignent cependant que, comme l’étude a été menée sur des primates, les résultats ne sont pas automatiquement applicables à l’homme. Cependant, ils assurent que ce modèle de primate révèle de manière fiable d’autres effets secondaires similaires à ceux observés chez les enfants recevant ces médicaments.

Ils concluent donc qu’une exposition chronique au méthylphénidate (MPH) n’est pas susceptible d’augmenter les risques cardiovasculaires chez les enfants en bonne santé.

Source: Pediatric Research 17 Dec, 2018 A randomized controlled laboratory study on the long-term effects of methylphenidate on cardiovascular function and structure in rhesus monkeys

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