Accueil > Sport santé et préparation physique > Newsletters > mis à jour le 16/02/2022
Les dysfonctionnements cardiaques sont assez mal connus et souvent négligés par les sportifs mais aussi par de nombreux entraîneurs.
Pourtant, les messages d’alertes diffusés par la Société Française de Cardiologie (FFC) sur internet sont fréquents et clairs.
Tout se passe comme si chacun était, par sa pratique sportive, ses précautions (progressivité) ou encore ses équipements (cardiofréquencemètre), à l’abri d’un accident cardiaque.
Pourtant, les cas de morts subites de sportifs, révélés au grand public, sont croissants.
Qu’est-ce qu’une tachycardie ?
Également appelée palpitations, il s’agit, en l’absence d’effort physique, d’une « accélération du rythme des battements cardiaques » dépassant une fréquence de 100 par minute.
En effet, « Le cœur est un muscle […] parcouru par un réseau électrique [voir schéma].
Lorsque ce réseau électrique présente des anomalies, ceci peut provoquer des arythmies » (Villejoubert, 2021) parmi lesquelles les tachycardies.
« Le nœud sinusal, situé dans l’oreillette droite […] régule les battements du cœur. De là, l’influx électrique chemine jusqu’aux ventricules par [le] tissu nodal » Mansouri & col. (Op. cit.).
Les différents types de tachycardie
Caractéristiques, degrés de gravité et conduites à tenir.
Elles sont classées en fonction de leurs caractéristiques permettant à l’entraîneur de les reconnaitre, mais aussi de degrés de gravité impliquant des conduites à tenir différentes :
- Les tachycardies sinusales, bénignes, se caractérisent par « une simple accélération inappropriée du rythme cardiaque normal, en réponse à une émotion chez des sujets anxieux.
L’accélération peut être brutale mais la décélération est toujours progressive » Mansourati & col. (2021).
Elles ne nécessitent en général aucun traitement, sinon celui de leur cause : stress, effort trop intense, substances stimulantes (café, tabac, drogues, alcool, etc.), déshydratation, fièvre, maladie… (Galinier-Warrain, 2019).
- Les tachycardies atriales (ou flutter atrial), c’est-à-dire situées au niveau des oreillettes, se caractérisent par « un circuit électrique anormal » (Ibid), les oreillettes se contractent deux ou trois fois plus que les ventricules, « des contractions extrêmement rapides mais régulières et d’amplitude uniforme » (FFC, 2021).
Ce type de tachycardie est « souvent responsable d’essoufflement ou d’insuffisance cardiaque » (Ibid).
- Les tachycardies jonctionnelles paroxystiques (ou syndrome de Bouveret), provenant de la jonction des oreillettes et des ventricules, se caractérisent par « un circuit électrique anormal entre oreillettes et ventricules dès la naissance […] palpitations à début et fin brusques [mais] mais régulières et très rapides, jusqu’à 200 [bt/min] voire plus » (Ibid).
Ce type de tachycardie peut « s’accompagner d’étourdissement ou d’évanouissement, et de douleurs dans la poitrine » (Ibid).
- Les tachycardies ventriculaires sont des cas d’urgence absolue nécessitant d’appeler le SAMU (15) sans hésiter.
Elles sont « toujours symptomatiques avec leurs signes qui peuvent être sévères (insuffisance cardiaque aigüe, perte de connaissance, voire arrêt cardiaque) s’il existe une maladie cardiaque sous-jacente » (Ibid).
« [Elles] ont un démarrage brusque [et s’expliquent par] L’apparition d’un trouble du rythme dans les ventricules […] principalement […] liée à la présence d’une [cicatrice, souvent] conséquence d’un infarctus […]
Ponctuellement, des courts-circuits électriques peuvent survenir dans la zone de la cicatrice ou autour ».
Les tachycardies jonctionnelles paroxystiques et les tachycardies atriales nécessitent un suivi régulier par un cardiologue qui décidera du traitement.
Les tachycardies sinusales, sont, le plus souvent dues à l’anxiété ou à l’émotion et sans gravité ni conséquence.
Quels sont les traitements ?
La récupération post-effort, la respiration abdominale ou même des exercices de cohérence cardiaque peuvent permettre de traiter ponctuellement une tachycardie consécutive à une émotion forte (tachycardies sinusales).
Mais, cette solution ne peut être que transitoire, surtout si le problème est récurrent.
Dans ce cas, l’entraîneur doit inciter à consulter le médecin traitant.
Concernant les tachycardies jonctionnelles paroxystiques : Bien que bénignes dans la plupart des cas, « la fréquence très élevée des battements peut notamment entraîner des malaises et, dans des circonstances particulières (sports de l’extrême, métiers à risque…), créer de sérieux inconvénients » (Lacotte & Maltret, 2021).
Pour cette raison, elles relèvent d’un « traitement médicamenteux ou radical par ablation (1) » (Mansourati, Op. cit.).
Les tachycardies atriales représentent aussi une « Bonne indication d’un traitement radical par ablation […] » Mansourati & col. (Op. Cit).
Parce qu’elles peuvent se produire à l’entraînement et constituent toujours un cas d’urgence absolue, les tachycardies ventriculaires impliquent : « En cas d’arrêt cardiaque, 3 gestes à faire : appeler le 15 [SAMU], masser le cœur en attendant et utiliser un défibrillateur si possible » (Ibid).
Le traitement médical (Brent Mitchell, 2021a) qui suivra la prise en charge est constitué, soit de médicaments antiarythmiques ou d’une cardioversion (2) et éventuellement de l’implantation d’un défibrillateur automatique.
- Comme l’explique le docteur Villejoubert (2021) « Ce terme [ablation] sous-entend en fait “ablation d’arythmie”.
On ne retire rien dans le cœur, mais on modifie les circuits électriques du cœur […] ».
L’ablation de l’arythmie consiste alors et plus précisément à réaliser de minuscules points de cautérisation par radiofréquence qui bloquent alors les circuits responsables d’arythmie. Cliquez ici pour une vidéo.
(2) Cardioversion : technique qui repose sur le même principe que la défibrillation mais appliquée à l’hôpital par un spécialiste.
Quelle compatibilité avec la pratique d’activités physiques ?
Tous les types de tachycardie ne sont pas incompatibles avec la pratique d’une activité physique.
En effet, le principe général est rappelé par l’Union Nationale des Associations de Malades Cardiovasculaires et Opérés du Cœur (2006 & 2013) : contrairement aux idées reçues, il est recommandé à la plupart des personnes atteintes d’une maladie cardiaque ou ayant été victimes d’un accident cardiaque de pratiquer un sport, mais, d’intensité faible à modérée.
Cependant, l’apparition d’un trouble du rythme cardiaque doit conduire à l’arrêt immédiat de l’effort sans reprise de l’entraînement avant d’avoir consulté un spécialiste.
Dans la plupart des cas, les médicaments ou l’ablation de la tachycardie permettent la reprise de la pratique d’une activité physique voire sportive.
Cependant, « la plupart » ne signifie pas « toutes » : Chaque cas étant particulier, c’est au médecin voire au cardiologue d’en décider au cas par cas, ce qui implique une visite médicale, en amont de la reprise, assortie d’un suivi médical régulier.
Conclusion
Comme le rappelle Mansourati & col. (2021) : « Les troubles du rythme [cardiaque] sont loin d’être toujours graves ».
Cependant, certains types de tachycardies sont des cas d’urgence absolue.
Aussi et dans le doute, en cas de symptômes, tel que l’apparition d’un trouble du rythme, qui peut être révélé par un cardiofréquencemètre, l’arrêt de la pratique s’impose et le recours à un avis médical impératif.
Si un cardiofréquencemètre d’entraînement doit être réservé à un usage sportif, sans glissement vers un usage pseudo-médical, il n’en demeure pas moins un outil de contrôle de l’intensité de l’effort et d’alerte sur une éventuelle anomalie du rythme cardiaque : des palpitations.
Il ne faudra pour autant pas compter sur les seules informations qu’il délivre pour prendre la décision d’interrompre la pratique en cas de malaise.
Dans ce cas et sans hésiter, il faudra appeler le SAMU (15).
Rappelons, qu’il vaut mieux, dans le doute, appeler le SAMU pour rien plutôt que de ne pas déranger et laisser le malaise conduire à un décès.
Rachid ZIANE
Références :
- Brent Mitchell, L. (2021a). Tachycardie ventriculaire (TV). Le manuel MSD.
- Brent Mitchell, L. (2021b). Extrasystoles ventriculaires (EV). Le manuel MSD.
- Fédération Française de Cardiologie (FFC). (2021). Les troubles du rythme cardiaque.
- Galinier-Warrain, A. (2019). Tachycardie (ventriculaire / supraventriculaire) : définition, causes, traitements. Medisite.