Actualités – publiée le 4/10/2019 par Équipe de rédaction Santélog

Neuron

Le « sommeil court naturel » est un sommeil nocturne qui ne dure que 4 à 6 heures, mais apporte une profonde et totale récupération

Après 10 années de recherches, ces scientifiques de l’Université de San Francisco identifient un second gène clé du sommeil : le seul gène humain qui favorise un « sommeil court naturel », c’est-à-dire un sommeil nocturne qui ne dure que 4 à 6 heures, mais apporte une profonde et totale récupération. Cette découverte, documentée dans la revue Neuron, représente une étape importante dans la compréhension du lien qui existe entre un sommeil réparateur et la santé, et suggère la voie des thérapies géniques pour lutter contre certains troubles du sommeil.

« Avant l’identification de ces gènes « du sommeil court », on ne pensait pas à la durée du sommeil en termes génétiques », relève l’auteur principal, le Dr Ying-Hui Fu, professeur de neurologie et membre de l’UCSF Weill Institute for Neurosciences. Fu a dirigé les équipes de recherche qui ont découvert les 2 gènes du sommeil court ! « Il peut être difficile d’étudier le sommeil en utilisant les outils de la génétique humaine, car les gens utilisent différents artifices pour réguler -ou perturber- leur sommeil (alarmes, café, pilules…). Ces perturbations artificielles du sommeil rendent complexe la distinction entre un sommeil naturel ou programmé de moins de 6 heures.

Les petits dormeurs naturels vont mieux !

  • Une première composante génétique d’un sommeil court et récupérateur : ce groupe spécifique de sujets qui dorment sur une petite durée mais avec un sommeil totalement réparateur est longtemps resté un mystère biologique et génétique jusqu’à ce que l’équipe de Fu découvre une première mutation particulière (du gène DEC2). Alors qu’un sommeil naturel moyen est estimé à 8,06 heures, les porteurs de ce variant ne dorment en moyenne que 6,25 heures de sommeil par nuit. C’est donc une première preuve d’une composant génétique du sommeil naturel court.
  • Une seconde composante génétique : les chercheurs ont alors fait l’hypothèse qu’il n’y avait pas qu’un gène ou une zone du cerveau qui dictait la durée de sommeil. Au cours de ses recherches, l’équipe a découvert une famille comprenant 3 générations successives de « dormeurs courts naturels », dont aucune ne portait la mutation DEC2. En utilisant le séquençage de gènes et l’analyse de liaison, ils ont alors découvert une seconde mutation associée au sommeil court naturel, du gène ADRB1.

Un cerveau plus facile à réveiller et qui reste éveillé plus longtemps : Une série d’expériences in vitro et in vivo menées sur des cellules de laboratoire et sur des souris génétiquement modifiées pour héberger une mutation identique de ADRB1, révèle que la protéine codée par le gène muté ADRB1, qui joue un rôle dans de nombreux processus biologiques essentiels, se dégrade plus rapidement qu’avec la version non mutée. Avec cette version mutée de ADRB1, les neurones favorisant l’éveil sont plus facilement activés. De plus, le rapport neurones favorisant l’éveil sur le sommeil est augmenté chez les souris porteuses de la mutation ADRB1. Ces expériences suggèrent que la forme mutée de ADRB1 favorise le sommeil court et naturel, car elle contribue à la formation d’un cerveau plus facile à réveiller et qui reste éveillé plus longtemps.

Bien qu’ils dorment moins, les petits dormeurs naturels récupèrent bien : en bref, ils ne subissent aucun des effets néfastes sur la santé, associés à la privation de sommeil. « Aujourd’hui, la plupart des personnes souffrent de privation chronique de sommeil. Si vous avez besoin de 8 à 9 heures de sommeil, mais ne dormez que 7 heures, vous êtes en manque de sommeil. Cette privation de sommeil a des conséquences bien connues à long terme sur la santé, comme un risque accru de maladies cardiovasculaires, de cancer, de démence, de troubles métaboliques et d’immunodéficience ».

Mais les petits dormeurs naturels eux, semblent bénéficier de cette « bizarrerie de leur biologie ». Ils sont plus optimistes, plus énergiques et à même d’effectuer plusieurs tâches en même temps, présentent un seuil de douleur plus élevé, souffrent moins du décalage horaire (ou de l’horloge interne) et pourraient même, selon certaines études vivre plus longtemps.

Les dormeurs courts naturels bénéficient d’une meilleure qualité de sommeil et d’une meilleure efficacité de leur sommeil. Connaître leur secret va peut-être permettre d’identifier ce qui permettra à tout un chacun de passer une bonne nuit de sommeil.

Source : Neuron August 28, 2019 DOI : 10.1016/j.neuron.2019.07.026 A Rare Mutation of β1-Adrenergic Receptor Affects Sleep/Wake Behaviors

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