La première présentation publique du nouveau trimaran Sodebo a eu lieu samedi 2 mars à Vannes. | LOÏC MADELINE
Loïc MADELINE. Publié le 06/03/2019
Au sein du design team de haut vol réuni par Thomas Coville, Renaud Banuls a été l’un des tout premiers à travailler sur le projet. A la demande du skipper, l’architecte s’est penché dès début 2015, et pendant un an et demi, sur ce projet très novateur. Il nous explique les choix retenus.
Voiles et Voiliers : Quelle était l’idée qui a guidé votre travail, d’autres bateaux vous ont-ils inspirés ?
Renaud Banuls : L’idée de Thomas (Coville), c’était de partir d’une feuille blanche et essayer d’être le plus créatif possible. Nous ne cherchions pas à innover pour innover mais nous nous sommes dits : qu’est-ce qu’on ferait si on voulait faire quelque chose de vraiment performant même s’il fallait être foncièrement différent?
Et la base de la réflexion c’est de chercher à avoir le plan de voilure le plus efficace possible et ensuite dessiner la plate-forme pour garder ce plan de voilure super efficace. C’est ce qui nous a conduits à dessiner cette plate-forme un petit peu différente.
Renaud Banuls, ici sous la coque centrale du nouveau Sodebo Ultim 3, le jour de la présentation du bateau. | LOÏC MADELINE/VOILES ET VOILIERS
Voiles et Voiliers : Donc ce cockpit en avant du mât, c’est d’abord pour disposer d’une grand-voile plus efficace ?
Renaud Banuls : Oui cela permet d’avoir une grand-voile qui vient au ras du pont. Nous avons essayé d’augmenter l’efficacité de la grand-voile et de tout le pan de voilure mais aussi de diminuer la traînée de la plateforme drastiquement.
Voiles et Voiliers : Cela peut se chiffrer en pourcentage, ce gain de traînée ?
Renaud Banuls : Oui, nous sommes plutôt contents, On espère 3 % de gain ce qui est énorme pour une plateforme mais il ne faut pas oublier qu’il y a d’autres facteurs qui sont fondamentaux, là où on gagne quelques points sur une plate-forme, avec une nouvelle génération de foils il y a des allures ou vous allez gagner 20 à 25 % d’efficacité! La performance va aller vers la capacité du marin à mener le bateau à 100 % de son potentiel.
Le cockpit très protégé est solidaire de la poutre avant, une architecture radicale qui place le barreur en avant du mât. | LOÏC MADELINE
Voiles et Voiliers : Est-ce que ces foils pourront être asservis ?
Renaud Banuls : Aujourd’hui la classe Ultim est sans asservissement et les foils ont été conçus et dessinés pour fonctionner sans asservissement. Si la classe change et que les règlements évoluent, nous serons prêts.
Il fallait déjà mettre dans le châssis le maximum de performance
Comment définir Sodebo par rapport aux autres bateaux existants ?
Renaud Banuls : La différence est dans le châssis. Nous travaillons sur les mêmes objectifs, appendices, vol… Là on s’est dit que si nous partions d’une page blanche, il fallait déjà mettre dans le châssis le maximum de performance. On parle de vitesse passive et de vitesse active. La vitesse passive c’est tout ce qui va donner de la performance au bateau sans demander d’action du marin. La vitesse active c’est ce qui va demander de l’action au marin. Les foils par exemple, ça demande de l’action du marin, parce qu’il faut les monter, parce qu’il faut les régler et cela demande des efforts énormes vu la taille des foils. Nous avons travaillé sur la vitesse active mais nous avons essayé d’aller beaucoup plus loin sur la vitesse passive, pas seulement de descendre les winchs de quelques centimètres pour gagner en centre de gravité.
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