Revue de presse Mediscoop du 04-11-2021
Date de publication : 4 novembre 2021
Le Parisien observe que « l’annonce par l’ancien rugbyman des All Blacks Carl Hayman […] de ses troubles de démence précoce, relance le débat sur les risques que font peser plusieurs disciplines sur la santé mentale des sportifs ».
Le journal publie un entretien avec le neurologue Jean-François Chermann, qui « aborde la question de l’apparition de cette maladie neurodégénérative chez certains sportifs ».
Le médecin indique notamment : « Je ne suis pas au courant du cas de Hayman en particulier, mais il s’inscrit effectivement dans une question actuelle sur l’apparition de maladie neurodégénérative chez d’anciens sportifs de haut niveau.
Ce n’est pas nouveau : dans un premier temps, on parlait de la «démence du boxeur», puis dans les années 1990 on s’est rendu compte que cela pouvait aussi toucher les joueurs de football américain ou de hockey ».
« Ce qui nous amène à un questionnement, auquel nous sommes toujours incapables de répondre aujourd’hui : ces pathologies sont-elles causées par les commotions, ou par les sub-commotions, à savoir des impacts répétés au niveau du cerveau, comme les têtes au football ? », note le Dr Chermann.
Il ajoute qu’« on n’a pas assez de recul pour savoir ce qu’il en est.
Pour en être sûr, il faudrait pratiquer des examens neuropathologiques, examiner les cerveaux, ce qui n’est pas possible avant le décès du joueur.
On peut seulement identifier certains symptômes consécutifs aux impacts répétés sur le cerveau : maux de tête, fatigue, troubles de l’attention ou du caractère qui peuvent être les premiers symptômes d’une maladie neurodégénérative ».
Le Parisien interroge : « Le rugby, avec la violence des coups qui peuvent être reçus, est-il plus « dangereux » à ce niveau-là que d’autres sports ? ».
Le neurologue répond qu’« on n’est qu’au début de nos recherches sur ce sujet.
Dans toutes les études qui ont été faites, on n’a pas l’impression qu’il y a une recrudescence des maladies neurodégénératives dans le rugby.
Aujourd’hui, on suit les joueurs, on fait beaucoup de tests, ce sera intéressant de voir ce qu’il en est dans les 20 ans qui viennent ».
« Je suis également persuadé qu’il y a une vraie inégalité en ce qui concerne la sensibilité du cerveau aux impacts.
J’ai suivi plus de 1500 commotionnés du sport, et dans le rugby 50% des joueurs professionnels ont déjà fait une commotion.
Mais 50% n’en ont jamais fait, ce qui est très étonnant vu la répétition des impacts.
Ont-ils un cerveau qui les protège par rapport aux autres ? », continue le médecin.
Il ajoute : « On n’est pas là pour dire qu’il ne faut plus jouer au foot, ou au rugby.
Des études ont par exemple montré que les footballeurs pros avaient une espérance de vie plus longue que la moyenne, moins de pathologies cardiovasculaires, moins de cancers, malgré le risque accru de maladies neurodégénératives (multiplié par 3 pour l’Alzheimer). […]
Il faut faire en sorte que les pratiquants récupèrent complètement, et faire attention aux « drapeaux rouges » : s’il y a des symptômes persistants, il ne faut jamais reprendre un sport dans lequel il y a des risques d’impact ».
Le Monde note également que « Carl Hayman, ancien pilier des All Blacks, atteint de démence précoce, relance le débat sur les commotions des joueurs de rugby ».
Le journal explique que le rugbyman néo-zélandais « s’est joint à une procédure judiciaire contre les autorités du rugby, lancée par de nombreux anciens joueurs victimes de troubles neurologiques, après avoir lui-même révélé qu’il souffrait à 41 ans de démence précoce.
Sélectionné à 45 reprises avec la Nouvelle-Zélande, le sportif a expliqué avoir consulté après avoir ressenti pertes de mémoire, sentiment de confusion et pensées suicidaires ».
Carl Hayman précise : « J’ai passé plusieurs années à penser que je devenais fou, et à un certain point c’est vraiment ce que je pensais. […]
C’étaient des migraines constantes et toutes ces choses qui arrivaient et que je ne parvenais pas à comprendre. […] Les plus jeunes espoirs doivent savoir vers quoi ils se dirigent.
Il doit y avoir plus de soutien et une meilleure surveillance au sujet des blessures à la tête et des charges de travail ».
Le Monde indique que « les examens ont montré qu’il souffrait de démence précoce et d’une probable encéphalopathie chronique, une maladie neurodégénérative ».