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Marine Cygler – AUTEURS ET DÉCLARATIONS – 12 octobre 2021
Virtuel — Les nouvelles recommandations européennes sur la pratique d’une activité sportive chez les patients atteints de pathologies cardiovasculaires ont été présentées lors du congrès virtuel de la Société européenne de cardiologie (ESC) 2020 .
Nous continuons d’en décortiquer le contenu pour le rendre plus facilement accessible à tous.
Après des articles consacrés aux sujets sains, avec ou sans facteurs de risque, à l’insuffisance cardiaque, aux arythmies, et enfin aux valvulopathies, les dernier est consacré aux principales directives chez les patients avec un syndrome coronarien chronique.
Ceux à risque de maladie coronaire, asymptomatiques
Pour les patients à risque de maladie coronaire, l’évaluation nécessite doit inclure :
- L’évaluation du risque de maladie cardiovasculaire ;
- La prise en compte de l’intensité du sport choisi ;
- Un examen clinique ;
- Des examens diagnostiques plus précis selon le profil du patient.
Pour ceux présentant un risque faible de MCV et qui sont physiquement actifs, il n’y a pas d’investigation supplémentaire nécessaire.
Ces patients sont autorisés à pratiquer tous les sports, même en compétition.
Pour ceux présentant un risque de MCV (+ facteurs de risque additionnels + /- sédentaires), il faut se poser la question de l’intensité du sport :
- Pour une activité physique d’ intensité faible à modérée, il n’y a pas nécessité d’investigation supplémentaire.
- En revanche, pour une activité physique d’intensité élevée à très élevée, les experts recommandent une épreuve d’effort maximale, un test d’imagerie fonctionnelle ou une angiographie coronarienne par tomodensitométrie (CTCA). Si tout est normal, il n’y a ni nécessité d’investigation supplémentaire, ni de restriction à l’activité physique.
Ceux avec un syndrome coronarien chronique établi
Le groupe de travail de l’ESC souligne l’importance de l’activité physique chez les patients avec un syndrome coronarien chronique à la fois pour la santé cardiovasculaire mais aussi pour la santé globale.
Ceci s’applique aux patients avec un angor stable, aux patients symptomatiques ou asymptomatiques qui sont stabilisés après avoir eu un syndrome coronarien aigu (SCA) dans l’année, ou encore aux patients symptomatiques ou asymptomatiques à au moins un an d’une revascularisation.
Les patients avec un syndrome coronarien chronique dont l’épreuve d’effort maximale ou l’imagerie fonctionnelle ne sont pas inquiétantes, ou qui ont une fonction VG normale, doivent être considérés à risque faible d’événements causés par la pratique sportive.
Ils peuvent, s’ils le souhaitent, s’engager dans une pratique sportive intensive et notamment la compétition.
Des précautions doivent être prises avec les patients âgés de plus de 60 ans pour les sports à haute intensité et d’endurance, de puissance ou mixte.
L’âge est en effet prédictif des événements graves pendant la pratique sportive.
Il faut également d’évaluer le risque de survenue d’événements indésirables au cours de l’exercice physique (voir encadré).
Pour les patients avec une ischémie inductible malgré un traitement adéquat, une angiographie des coronaires doit être prescrite.
En cas de lésions, une revascularisation doit être réalisée avant d’envisager des exercices à haute intensité ou du sport en compétition.
Il est possible de reprendre graduellement le sport 3 à 6 mois après la revascularisation.
Si l’ischémie est persistante et ne peut pas être traitée, pas même par revascularisation, les patients ne doivent pas s’engager dans la compétition, à l’exception des sports d’adresse à intensité modérée, mais les experts leur recommandent la pratique du sport de loisir deux à trois fois par semaine avec une bonne maîtrise des facteurs de risque et sous surveillance médicale régulière.
« En 2005, nos recommandations étaient du golf pour un coronarien de 55-60 ans.
Elles ont beaucoup évolué et le message-clef est : avec un syndrome coronarien chronique, vous pouvez faire tout ce que vous voulez, y compris de la compétition, tant que les facteurs de risque sont bien équilibrés et que vous prenez vos médicaments » commente le Pr François Carré, cardiologue du sport au CHU de Rennes.
« Les cardiologues ont pris conscience de la perte de chance à ne pas pouvoir faire du sport » ajoute-t-il, interrogé par Medscape édition française.
Situations à risque pendant la pratique sportive
La task-force a listé les différentes situations représentant un risque d’événements indésirables liés à la pratique du sport :
- Une sténose coronaire critique, >70 % au niveau d’une artère coronaire principale, >50% au niveau du tronc commun de la coronaire gauche sur l’angiographie coronaire et/ou la FFR <0,8 et/ou l’iFR<0,9 ;
- FEVG < à 50 % et des anomalies de la paroi ;
- Une ischémie inductible par l’épreuve d’effort maximal ;
- Une tachycardie ventriculaire non-soutenue, des ESV au repos et pendant l’épreuve d’effort ;
- Un syndrome coronarien aigu récent avec ou sans intervention percutanée ou une revascularisation (<12 mois).
Cas des anomalies de naissance des coronaires
Les anomalies de naissance des coronaires concernent 0,44% de la population adolescente.
Deux tiers des patients sont asymptomatiques.
Les experts recommandent d’évaluer l’ischémie par une épreuve d’effort.
Chez les patients asymptomatiques avec une anatomie favorable et sans ischémie induite, il n’y a pas de limitation à la pratique du sport, y compris en compétition.
Pour les patients ayant une anatomie défavorable, la plupart des sports de contrainte modérée à élevée dans un contexte de compétition ne sont pas recommandés.
En cas d’intervention chirurgicale, un délai d’au moins trois mois doit être respecté avant la pratique de tout sport, à la condition que le patient soit symptomatique, sans ischémie inductible ni arythmies complexes pendant l’épreuve d’effort maximale.
Cas du pont myocardique
Le pont myocardique n’empêche pas de pratiquer du sport de loisir ou en compétition à la condition que le patient soit asymptomatique, sans ischémie inductible ni arythmie ventriculaire pendant l’épreuve d’effort maximale.
Les sports de compétition sont déconseillés aux patients symptomatiques.
LIENS
- Recommandations « cardiologie et sport » (partie 2) : le sport n’est plus interdit aux insuffisants cardiaques
- Nouvelles recommandations européennes en cardiologie du sport: focus sur les valvulopathies
- Nouvelles recommandations européennes en cardiologie du sport: focus sur les arythmies
- Nouvelles recommandations « cardiologie et sport » : focus sur les sujets sains avec ou sans facteurs de risque CV (Partie 1)
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Citer cet article: Recommandations ESC « cardiologie et sport » : le sport est possible, et même souhaitable, dans le syndrome coronarien chronique – Medscape – 12 oct 2021.