Publié le 25/02/2020

La décision de réanimer les prématurés dépend de plusieurs facteurs dont l’âge gestationnel. Avant 24 semaines (SA), l’attitude n’est pas uniforme en raison avancée de l’inutilité de la réanimation active et des séquelles. Les traitements comme les corticoïdes anténatals sont souvent réservés aux plus de 24 SA.

Cependant, plusieurs études à l’échelon d’un hôpital ont montré qu’une approche active pourrait avoir un impact positif sur l’évolution et que l’administration de corticoïdes à partir de 22 SA serait efficace.

Les différences de pronostic pour les enfants de 22-23 SA d’un centre à l’autre pourraient s’expliquer par des prises en charge plus ou moins actives.

Les pédiatres néonatologistes de l’Université de l’Iowa ont fait une étude rétrospective du taux de survie et du neuro-développement à 18-22 mois des enfants nés à 22-23 SA, de 2006 à 2015, en comparaison des 24-25 SA. Dans l’hôpital, des stéroïdes et une réanimation active ont été pratiqués pour les 22-23 semaines quand les parents le désiraient ; ceux nés à 24-25 SA ont tous été réanimés.

Les enfants porteurs d’une anomalie congénitale, décédés en salle de naissance ou traités par soins palliatifs à la demande des parents (n = 7) ont été exclus. La réanimation n’a pas été limitée par le poids ou la taille de naissance.

Entre 2006-2015, 255 enfants sont nés déclarés vivants, en présence de toute activité cardiaque, entre 22 et 25 semaines. En tout, 70 enfants sont nés à 22-23 SA (22 SA = 20, 23 SA= 50) et 178 à 24-25 SA (24 SA= 79, 25 SA = 99). Le neuro-développement a pu être analysé pour 169/214 survivants (78,9 %) à 18-22 mois d’âge corrigé, par l’interrogatoire des parents, l’examen neurologique et l’échelle cognitive de Bayley Scale of Infant-Toddler Developmment.

Le handicap a été défini comme absent ou léger pour un score de 85 ou plus (M- 1 DS) et l’absence d’atteinte auditive, visuelle et d’infirmité motrice. Une atteinte a été classée modérée en cas d’infirmité motrice légère (niveau 2-3) ou de score cognitif inférieur à 70-84 (1-2 DS < moyenne) et sévère en cas de surdité, cécité, d’infirmité motrice grave ou de score cognitif < 70.

Évolution favorable dans la majorité des cas

Le taux de survie à la sortie de l’hôpital était de 78 % (55/70 intervalle de confiance à 95 % IC 69 %-88 %) à 22-23 SA et 89 % (159/178, IC 84 %-93 %) à 24-25 SA (P = 0,02). Un handicap du neuro-développement a été évalué léger ou absent chez 64 % (29/45, IC 50 %-77 %) des 22-23 SA et 76 % (94/124, IC 68 %-83 %, P = 0,16) à 24-25 SA.

Ainsi, bien que le taux de survie des enfants nés à 22-23 semaines soit inférieur à celui des 24-25 semaines, la majorité des survivants a une évolution favorable dans les deux groupes avec des séquelles absentes ou légères. Une évaluation des performances scolaires est nécessaire.

Ces résultats sont nettement supérieurs à ceux des études multicentriques type EPIPAGE 2 qui concernent des très grands prématurés n’ayant pas fait l’objet d’une réanimation active avant 24 ou 25 semaines et pas tous nés dans une maternité de niveau III.

Pr Jean-Jacques Baudon

RÉFÉRENCE: Watkins PL et coll. : Outcomes at 18 to 22 months of corrected age for infants born at 22 to 25 weeks of gestation in a center practicing active management. J Pediatr., 2020;217:52-58

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