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https://www.egora.fr/sites/egora.fr/files/styles/330x220/public/conseil-patients/visuels/voixxx.jpg?itok=b_W6wLxA egora.fr L’essentiel – le 29-06-2018

Omniprésente, on oublie qu’elle puisse nous faire défaut. La voix est un organe précieux, et s’en trouver privé devient le cas échéant un handicap majeur au point d’être incapable d’exercer son métier.  Un enseignant, un avocat ou un formateur sans voix se retrouve quasiment comme un musicien privé de son instrument, dans l’impossibilité de communiquer avec son auditoire.

Certes, les troubles de la voix ne sont pas tous sérieux au point de créer une extinction complète, autrement dit une aphonie. Quand la voix est altérée, on parle de dysphonie (voix enrouée ou voix nasillarde) alors que l’aphonie traduit une impossibilité mécanique de parler. Il faut bien sûr la distinguer de l’aphasie qui résulte d’une atteinte des zones cérébrales qui commandent le langage.

Un trouble persistant de la voix impose une consultation médicale 

La voix résulte d’une savante équation dans laquelle interviennent la longueur et la forme des cordes vocales, le volume de la cage thoracique qui conditionne la résonance de la voix, la forme de la gorge et de la cavité buccale, la perméabilité des voies nasales. Les troubles de la voix sont très divers. Ils peuvent résulter d’une maladie neurologique (myasthénie ou maladie de Parkinson par exemple), mais aussi d’une lésion organique située sur les cordes vocales (par exemple une tumeur, en particulier chez un fumeur mais attention, toute tumeur n’est pas maligne !), ou d’une malformation congénitale du larynx. Mais, c’est sans doute le cas le plus fréquent chez ceux qui utilisent largement leur voix dans leur vie professionnelle, ils peuvent être la conséquence d’un simple surmenage ; ce qu’on appelle dans le jargon des spécialistes, le forçage vocal.

Les cordes vocales sont en effet sensibles au surmenage ; tous les supporters sportifs qui ont pu bruyamment encourager leurs équipes préférées durant le temps d’un match ont en fait l’expérience : au lendemain, au mieux c’est l’enrouement, au pire c’est l’aphonie. Ces troubles bénins résultent d’un état inflammatoire (rougeur et œdème) des cordes vocales, favorisé le cas échéant par des facteurs environnementaux : un air sec et/ou poussiéreux, un tabagisme actif ou passif, un excès de boissons alcoolisées. Le trouble est alors passager et tout rentre rapidement dans l’ordre, spontanément ou après un court traitement anti-inflammatoire. Parfois, le trouble de la voix dure davantage ; celle-ci devient alors plus rauque, enrouée, voire bitonale, comme dédoublée. Si le trouble persiste au-delà de quelques jours, la consultation médicale s’impose.

Les enseignantes davantage exposées

Un travail mené par l’Inserm, a montré que ces troubles de la voix sont fréquents chez les enseignants, compte tenu de la sollicitation exagérée de leurs cordes vocales alors qu’ils doivent chroniquement élever la voix afin de transmettre un savoir à des élèves parfois indisciplinés. Parmi les diverses professions, les enseignants sont les plus exposés à ces désordres vocaux   12% chez les enseignants contre 6% en moyenne, sur l’ensemble des autres professions étudiées, et une importante cause d’absentéisme professionnel.

Ils sont également plus fréquents chez les enseignants dont la voix est la plus sollicitée (instituteurs de classe maternelle ou des professeurs d’éducation physique ou musicale) enfin, les femmes sont plus exposées que les hommes, et ces troubles augmentent avec l’âge.Évidemment, perdre régulièrement la voix pour ceux qui ont besoin de s’exprimer oralement dans leur métier est un handicap professionnel qui peut rapidement se transformer en handicap social.

Une prévention à deux niveaux

Les spécialistes de la voix, en particulier les médecins ORL dont certains ont acquis une compétence particulière en phoniatrie, propose une prévention des troubles de la voix à deux niveaux

Tout d’abord à travers une sensibilisation à l’importance de l’hygiène vocale. Cela passe par une bonne maîtrise de la respiration abdominale, beaucoup plus puissante que la respiration purement thoracique, et donnant par conséquent une meilleure résonance à la voix. Une plus grande attention sera portée à l’environnement dans lequel on évolue, avec par exemple l’humidification de la chambre à coucher, en excluant les atmosphères polluées et tabagiques. Il s’agit aussi d’éviter les mauvaises sollicitations des cordes vocales, par les cris, les toux chroniques, les raclements de gorge répétés.

Une voix, cela s’entraine comme le font les chanteurs, cela se rééduque aussi. Des programmes sont disponibles, comme le TTTT (Test, Theory, Training, Transfer) qui consiste à tester sa voix et à en identifier les caractéristiques, à apprendre l’hygiène vocale, mais aussi à pratiquer des exercices vocaux (vocalises) et enfin à appliquer les techniques vocales dans la vie quotidienne. Les professeurs de chant savent parfaitement gérer ces exercices qui ne sont pas réservés aux chanteurs professionnels.

Enfin, l’environnement sonore ne doit pas être oublié : son niveau acoustique doit être propice, c’est-à-dire éliminant tous les bruits parasites qui imposent à l’orateur de forcer sa voix.

Bref, pour garder la voix, il faut avant tout éviter de donner de la voix !