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mis à jour le 14/03/2023
Prévenir le cancer du sein et son risque de récidive grâce à l’activité physique | valdemarne.fr
Après avoir fait un rapide état des lieux sur le cancer du sein en France, cet article a pour objectif de définir les différents types de cancer du sein et ses traitements.
Il vise également à comprendre pourquoi et comment une hygiène de vie saine couplée à une activité physique raisonnée, peuvent prévenir des risques de cancer du sein et de ses récidives.
Précisons qu’il n’y a pas vraiment de différence entre les facteurs de risque de survenue du cancer du sein et les facteurs de risque de récidive.
Incidence et mortalité
Parmi les cancers féminins les plus fréquents, on trouve tout en haut du classement les cancers du sein.
En moyenne 1 femme sur 8 développe un cancer du sein en France.
Selon l’agence « Santé publique France », 58 459 nouveaux cancers du sein ont été détectés en 2018, et 12 146 décès ont été comptabilisés la même année.
Si les cancers sont la première cause de mortalité en France, celui du sein peut être guéri, s’il est détecté suffisamment tôt.
Entre 2010 et 2015, on observe 90% de survie à 5 ans pour un cancer détecté à un stade précoce et seulement 26 % pour un cancer diagnostiqué à un stade tardif.
C’est l’accumulation de nombreux facteurs de risque (tabac, alcool, stress, sédentarité, obésité…), parfois associés à des antécédents familiaux et à des facteurs génétiques, qui finissent par augmenter le risque de développement d’un cancer du sein.
Le programme national des cancers du sein préconise un dépistage tous les 2 ans de 50 à 74 ans.
Une consultation médicale, associée à des mammographies de dépistage et des examens cliniques, est donc recommandée à partir de 50 ans même en l’absence de tout symptôme.
Les différents types de cancer du sein
Les seins sont deux glandes tenues par les pectoraux et dont la fonction est de produire du lait.
Ils sont constitués d’une dizaine de lobes, eux-mêmes redivisés en lobules reliés entre eux par des canaux galactophores qui conduisent le lait jusqu’au mamelon.
Les cancers du sein les plus fréquents (95 % des cas) sont des adénocarcinomes [1].
Selon leur stade d’évolution, on distingue globalement deux types de cancer.
Le cancer « In situ » ou encore appelé non infiltrant quand les cellules cancéreuses restent localisées à l’intérieur des tissus du compartiment où il est né, sans envahir le reste du sein.
Elles sont confinées aux canaux (cancer canalaire) ou aux lobules (cancer lobulaire) du sein.
Ce type de cancer est moins grave s’il est opéré tôt et avant qu’il ne se propage aux autres organes.
En revanche si les cellules cancéreuses se propagent au tissu mammaire voisin, aux ganglions lymphatiques ou partent plus loin par la circulation sanguine pour se propager aux autres organes du corps, le cancer devient alors infiltrant.
On parle de cancer invasif aussi appelé carcinome infiltrant qui va conduire à une chirurgie et nécessiter par la suite un traitement supplémentaire et plus lourd pour la patiente.
Chaque cancer nécessite donc une chirurgie appropriée.
Comment réduire le nombre de cas de cancer du sein ?
Adopter une bonne une hygiène de vie est essentiel pour limiter les risques de développement d’un cancer du sein ou sa récidive.
Supprimer le tabac, les perturbateurs endocriniens et limiter l’alcool apparaissent par exemple comme une évidence !
Retrouver un mode de vie actif, même pendant la radiothérapie, soigner son sommeil et diminuer toutes sources de stress est nécessaire.
Le stress est néfaste pour la santé quand il devient trop intense.
En effet face à une situation physiquement ou psychiquement stressante, le cortisol, connu sous le nom de « l’hormone du stress », est normalement sécrété, ce qui a pour conséquence une augmentation immédiate du taux de sucre dans le sang pour réagir à la situation.
L’excès de cortisol non utilisé est alors stocké sous forme de graisse dans les tissus de la peau et principalement au niveau du ventre favorisant un milieu inflammatoire et le risque de développer un cancer (étude américaine sur des souris, de Jamie Bernard, Professeur en pharmacologie et toxicologie [2]).
Adopter une alimentation équilibrée
Des études ont montré qu’au cours des 2 premières années après le diagnostic de cancer du sein, on observait une prise de poids de 2 à 3kg des patientes.
Moins de 10% de celles-ci retrouvent leur poids normal, alors que 90% s’exposent à un risque de récidive [3].
On sait aujourd’hui qu’outre les traitements médicamenteux, la pratique physique régulière et l’adoption d’un régime alimentaire faible en graisse et en alcool ainsi que le maintien d’un IMC correct, permettent de limiter le risque de récidive d’un cancer du sein.
C’est pourquoi il faut réussir à limiter la consommation de sucre et particulièrement des sucres transformés.
Le problème c’est que le sucre appelle le sucre !
On explique cela par l’effet gratifiant que le sucre produit, en enclenchant dans le cerveau des neuro-adaptations responsables de l’activation du système de récompense dopaminergique.
Le risque, en cédant à la tentation d’aliments et/ou de boissons sucrés, est de devenir addict au sucre.
Or ne plus contrôler sa consommation insatiable de sucre est nuisible à sa santé.
Le corps stocke, sous forme de graisse, le sucre qui n’est pas immédiatement utilisé pendant un effort physique.
L’excédent de sucre est alors transformé en matière grasse.
Le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) a démontré que l’excès de graisse corporelle est un facteur de risque majeur pour de nombreux cancers et notamment pour le cancer du sein.
En favorisant la dérégulation de l’insuline et du glucose, en provoquant un milieu organique inflammatoire propice au développement de certains types de tumeurs, il est reconnu que la consommation de sucre accroit le risque de cancer du sein et de nombreuses autres maladies chroniques comme le diabète.
Il y a donc une nécessité à lutter contre la prise de poids mais surtout contre l’accumulation de la graisse abdominale (graisse viscérale), responsable de la libération d’une protéine FGF2.
Elle serait stimulée par le tissu adipeux viscéral et appelée facteur de croissance fibroblaste-2, responsable de la croissance des cellules épithéliales qui peuvent devenir cancéreuses [4].
Les nouvelles recherches de traitement contre le cancer visent donc à stopper la production de FGF2.
Pratiquer régulièrement et intensément une activité physique (AP)
Le sport c’est la vie !
Il est primordial de sensibiliser les femmes sur les effets bénéfiques d’une activité physique à toutes les phases de la maladie.
On enregistre aujourd’hui 24% de moins de risque de récidive du cancer du sein grâce à l’AP.
Selon l’Institut National du Cancer, les effets positifs sont considérables si l’AP est pratiquée régulièrement (3 à 5 fois par semaine avec au minimum 30mn), à une intensité modérée à élevée (8 à 9MET*/h) (figure 1) et pérenne (pendant au moins 6 mois).
Figure 1 : Activité physique et équivalent métabolique
INTENSITÉ | ACTIVITÉ PHYSIQUE | VALEUR MET* |
Modérée | Faire le ménage
Marcher à 5km/h Faire du jardinage Montée d’escalier tranquille Faire du vélo électrique à du 23,4 km/h en mode assistance moteur élevée Nager tranquillement Faire du vélo électrique à du 21 km/h en mode assistance moteur réduite Faire du vélo à du 15 km/h |
3,2 MET
3,5 MET 4,0 MET 4,0 MET 5,2 MET 5,3 MET 5,7 MET 5,8 MET |
Élevée | Montée d’escalier rapide
Faire du vélo à 20km/h Course de 7 à 9 km/h |
6 à 8,9 MET |
Intense | Course de 10 à 16 km/h
Faire du vélo > à 25 km/h |
> 9MET |
Selon le Pr Rivière, l’AP doit respecter la règle des 3 R : Régulière, Raisonnée, Raisonnable
Cette AP doit être encadrée par des intervenants formés aux bonnes mises en œuvre de la prescription médicale, prenant en compte le stade de la maladie et proposant un travail sur mesure à la suite d’un entretien individuel.
*MET (Metabolic Equivalent of Task) : L’équivalent métabolique est une méthode permettant de mesurer l’intensité d’une activité physique et la dépense énergétique. Pour information, 1 MET est égal à l’énergie d’une personne assise sur une chaise au repos.
Se muscler pour activer ses myokines
Si depuis longtemps les bienfaits du sport sur la santé ne sont plus à prouver, il aura fallu attendre plusieurs années avant d’en comprendre les raisons scientifiques.
À partir de 2007 la chercheuse danoise B.K. PEDERSEN, directrice du centre de recherche musculaire à l’Université de Copenhague, a fait faire un bond en avant à la recherche en expliquant le rôle joué par l’AP dans l’amélioration de la santé.
Cette chercheuse est à l’origine de la découverte des myokines [5].
C’est grâce aux résultats de cette recherche et aux études qui en ont découlé partout dans le monde qu’on a la preuve aujourd’hui que se muscler, outre le fait d’augmenter sa masse musculaire parfois diminuée par la chimiothérapie (sarcopénie), protège de certains cancers et notamment du cancer du sein et cela quel que soit l’âge auquel on commence l’AP.
Quand les muscles fournissent un effort, ils agissent comme des glandes sécrétrices bienfaitrices.
En effet les cellules musculaires utilisent la sécrétion de myokines pour communiquer avec les organes vitaux (pancréas, foie, etc.) mais aussi les os, le cerveau et autres parties de l’organisme.
Il a été répertorié 400 types de myokines dans l’organisme.
Celle qui nous intéresse le plus dans l’exercice de résistance musculaire est l’interleukine 6 (IL-6).
C’est la première myokine observée dans le sang après un exercice musculaire.
Les études ont montré qu’elle augmentait jusqu’à 100 fois sa valeur initiale après un effort.
Elle est responsable d’une action anti-inflammatoire autrement dit anticancéreuse, rendant nos organes plus résistants au développement de certains types de tumeurs [6].
Travailler en résistance plutôt qu’en endurance
Plus qu’un travail moyen en endurance, il est préconisé aujourd’hui d’effectuer des exercices d’intensité élevée pour bruler plus de calories.
Pour cela il est préférable de fractionner des courses rapides et courtes, entrecoupées de phases de marche.
Il s’agit du travail intermittent. Les indicateurs de ce travail sont un essoufflement marqué où il est difficile de maintenir une discussion, une fréquence cardiaque entre 80 et 90% de FCmax (FCmax théorique = 207-0,7 x âge)
De plus pour s’entrainer en résistance, il est recommandé de faire du renforcement musculaire de haute intensité pour augmenter sa masse musculaire et par conséquent son métabolisme de base.
Il est préconisé de cibler particulièrement un travail du triceps brachial et de la sangle abdominale.
Le renforcement des triceps comme nouvelle approche thérapeutique dans le cancer du sein
Ce petit muscle situé à l’arrière du bras est doté de fibres de type II, des fibres dites « rapides » qui ont la particularité de consommer beaucoup de glucose.
Lors d’un exercice comme celui des « dips » par exemple, le muscle triceps sécrète un nombre important de myokines libérées dans le sang avec pour conséquence un effet anti-inflammatoire et une action directe et bénéfique sur le pancréas.
Cet organe joue un rôle prépondérant dans le bon fonctionnement du métabolisme des sucres et des graisses en produisant de l’insuline qui joue un rôle de régulateur en maintenant la glycémie à des valeurs normales.
En augmentant la consommation de glucose par les muscles, l’exercice a pour effet de diminuer la quantité d’insuline dans le sang et permet de diminuer les risques de récidive du cancer du sein [7].
A préciser également que les exercices de résistance des membres supérieurs n’ont pas d’effets négatifs sur un lymphœdème du bras, parfois causé par le curage des ganglions lymphatiques, voire ils le diminueraient potentiellement [8].
Un exemple d’activité physique en prévention du cancer du sein et de son risque de récidive
Le Macadam Rose [9] est une forme colorée des parcours santé en extérieur du Macadamtraining® (cf article « Un concept innovant de sport-santé : le Macadamtraining, le parcours santé urbain (newsletter SSPP avril 2021) ).
Ce programme est proposé aux femmes qui cherchent à se reconstruire après un cancer du sein.
Les notions d’individualisation et de progressivité sont au cœur de ces parcours.
Ce programme s’articule avec les soins thérapeutiques des patientes. Cela implique donc une collaboration avec les kinésithérapeutes.
Ainsi GWENAËLLE LANDRIEU, membre du réseau du cancer du sein (RKS) a encouragé et participé à l’élaboration des contenus de ces parcours santé par nécessité de mettre ses patientes dans une activité physique soutenue.
Son objectif est de pérenniser leur pratique physique dans un but de traitement et de prévention contre les récidives du cancer du sein.
Ces parcours de Macadam Rose, encadrés par des intervenants formés, ont pour objectifs d’accompagner les patientes dans la réappropriation de leur corps, de leur permettre de retrouver une souplesse des muscles pectoraux et une mobilité des épaules pour reprendre petit à petit confiance en elle.
Dans l’esprit du Macadamtraining ®, qui consiste à courir une boucle d’environ 1 kilomètre entrecoupée d’exercices où l’on n’utilise que son propre poids de corps, l’accent est mis sur le travail de résistance et de renforcement musculaire global du corps.
Sur un fond d’essoufflement, on propose un travail plus sensible sur les triceps et la sangle abdominale que l’on retrouve au cœur des parcours, puisqu’ils jouent un rôle majeur dans la lutte contre le cancer du sein.
Toutes les femmes, même celles au poids normal, sont concernées par les risques métaboliques causés par leur masse graisseuse abdominale.
Ce renforcement musculaire inclut également un travail de proprioception avec des exercices d’équilibre sur un pied et/ou les yeux fermés.
Une place importante est également donnée aux exercices d’assouplissement et de mobilité articulaire.
- Travail des postures d’auto-grandissement qui engage les muscles les plus profonds des abdominaux, comme le transverse ainsi que les muscles du dos.
En éloignant le sommet de la tête du bassin par des exercices de redressement de la colonne vertébrale, on cherche à libérer des espaces dans la poitrine et dans le buste, très souvent rétractés par les effets de la chirurgie. - Travail en douceur des ouvertures-fermetures bras en étant à l’écoute de son corps pour retrouver une aisance gestuelle et un allongement du muscle grand pectoral.
- Travail d’inclinaisons latérales du buste et des cicatrices pour limiter leurs adhérences mais aussi l’enraidissement de l’épaule et du dos lié aux effets secondaires de la ou des chirurgie(s).
Tout ce travail d’étirement permet également de réduire les tensions ressenties au niveau de la peau du sein opéré. Ce travail est associé à une respiration profonde et contrôlée qui conduit à un état de bien-être.
La plus -value de ces parcours santé, c’est le groupe : faire ensemble, pour être ensemble !
Même s’il faudrait réaliser d’autres études pour préciser les conditions optimales de types de pratiques physiques, il est reconnu une amélioration de l’estime de soi et de l’image corporelle dans une pratique qui se réalise en groupe. La proximité et le rôle de soutien de l’encadrant qui anime ces parcours santé y sont aussi pour beaucoup.
Conclusion
On retiendra qu’une pratique d’intensité élevée prévient des cancers du sein et qu’il est important d’encourager toutes les femmes à faire régulièrement de l’activité physique.
Pour celles qui développent un cancer du sein, une AP adaptée peut être proposée dès le diagnostic du cancer du sein posé, puis se poursuivre pendant et après les traitements.
L’AP doit durer au moins 30mn à raison de 3 à 5 fois par semaine réalisée à une intensité modérée (aérobie) à élevée (anaérobie) pendant au moins 6 mois.
On observe alors une réduction de l’IMC, une perte de graisse viscérale, une augmentation de la masse et de la force musculaire ainsi que des capacités cardiorespiratoires.
Ces modifications physiologiques ont un impact fondamental et positif sur la baisse du taux d’insuline (I = facteur de croissance tumorale).
Une AP appropriée apporte donc des bénéfices sur la santé en améliorant l’asthénie, le sommeil, les fonctions physiques, psychiques et sociales des femmes, et en limitant surtout les risques de récidive du cancer du sein.
C’est pourquoi depuis 2011, la Haute Autorité de Santé valide le développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses.
Hélène BOSSÉ UPEC
Références
- [1] Adénocarcinome : terme qui vient du grec « adeno » se rapportant à une glande (sein, prostate, thyroïde, …) et de « carcinome » qui désigne un cancer. Les cancers du sein sont des adénocarcinomes qui se développent à partir des cellules épithéliales (carcinome) de la glande mammaire (adeno).
- [2] L’ablation chirurgicale des coussinets graisseux paramétrial stimule l’apoptose et inhibe la cancérogenèse induite par les UVB chez les souris nourries avec un régime riche en graisses
- [3]) Prise de poids à la suite d’un diagnostic de cancer du sein : implications et mécanismes proposés
- [4] Le récepteur du facteur de croissance des fibroblastes est un lien mécaniste entre l’adiposité viscérale et le cancer
- [5] Les myokines : « Myo » dérivé du grec signifie muscle et « Kinesis » mouvement. Ces molécules endocriniennes sont formées dans les muscles squelettiques à la suite de leur contraction et se comportent comme des hormones qui communiquent par le flux sanguin avec les organes.
- [6] Le rôle des myokines dans la santé musculaire et la maladie
- [7] Insuline/facteurs de croissance analogues à l’insuline dans le cancer : nouveaux rôles pour le récepteur des hydrocarbures aryliques, mécanismes de résistance tumorale et nouvelles stratégies de blocage
- [8] Exercice de résistance et lymphœdème lié au cancer du sein – mise à jour de la revue systématique et méta-analyse
- [9] Macadam-rose.fr par Hélène Bossé