Par Jean-Benoit Legault, la Presse canadienne

Enfant souriant dans un lit d'hôpital Profession Santé logo   25/10/2021

Des chercheurs de l’Hôpital de Montréal pour enfants approfondiront au cours des prochaines années les connaissances médicales et scientifiques concernant l’utilisation chez les enfants des thérapies biologiques, des médicaments puissants utilisés pour traiter les troubles inflammatoires et certains cancers.

Cette recherche, qui serait la première en son genre au Canada, s’intéressera aux bienfaits des thérapies biologiques pour les enfants atteints de ces problèmes de santé, mais aussi à leurs dangers, afin de «de créer une nouvelle norme de soins qui assure la sécurité des patients et optimise l’efficacité du traitement », a-t-on expliqué par voie de communiqué.

« Ça fonctionne très bien pour combattre le problème connu (…) et les effets secondaires peuvent parfois être moindres que ceux des traitements standardisés.

Mais on ne connaît pas les effets à long terme de leur utilisation », a résumé la docteure Christine McCusker, qui dirige une équipe de chercheurs à l’Hôpital de Montréal pour enfants et au sein du Programme de santé infantile et de développement humain de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.

Les chercheurs s’affaireront à créer une biobanque pour recueillir et conserver des échantillons de sang et de tissus d’enfants et d’adultes recevant des thérapies biologiques; à recueillir des informations sur les patients grâce à une application d’autosurveillance interactive; et à développer de nouveaux protocoles de suivi et de traitement des patients soumis à des thérapies biologiques.

Urgence de savoir

Les médicaments biologiques ont été introduits dans les années 1990.

Ils peuvent calmer la réponse immunitaire du corps et ainsi réduire des symptômes comme la douleur et la raideur. Ils peuvent aussi souvent entraîner une rémission durable.

Les médicaments biologiques se sont révélés si efficaces que les experts prédisent que d’ici cinq ans, la moitié des enfants atteints de troubles inflammatoires et de cancers seront traités avec ces formes de médicaments personnalisés.

« C’est pour ça qu’il y a urgence de savoir dès maintenant quels sont les effets secondaires, mais aussi quels sont les avantages.

Ces produits ont plusieurs avantages, mais il faut ouvrir les yeux », a dit la docteure McCusker.

Toutefois, ces médicaments ont tout d’abord été développés pour des adultes et leur usage s’est ensuite peu à peu répandu chez les enfants.

Il importe donc d’étudier leurs effets secondaires à long terme sur les jeunes, croit la docteure McCusker, puisqu’ils agissent sur des systèmes immunitaires encore en développement et en évolution dont dépendront les défenses de l’organisme pour la vie.

« Les effets de ces médicaments sur un système qui reste en développement sont différents des effets chez l’adulte », a-t-elle dit.

Le système immunitaire est la première ligne de défense de l’organisme face aux virus, aux bactéries, aux parasites et aux autres envahisseurs.

Mais s’il se détraque et attaque par erreur des cellules saines, on pourra constater l’émergence de problèmes de santé comme le diabète de type 1, la sclérose en plaques, le lupus, les maladies rénales ou la polyarthrite rhumatoïde juvénile.

Certaines cellules cancéreuses peuvent également échapper aux défenses du système immunitaire ou même exploiter des cellules immunitaires pour faciliter leur attaque contre l’organisme.

Populaires, mais mal compris

Les thérapies biologiques sont de plus en plus populaires auprès des médecins et sont utilisées par de multiples spécialistes, mais elles restent aussi souvent mal comprises.

La docteure McCusker, la directrice médicale de la Division d’allergie et d’immunologie pédiatrique de l’Hôpital de Montréal pour enfants, reçoit souvent des demandes de consultations de collègues qui utilisent une thérapie biologique et qui constatent ensuite l’apparition de problèmes qu’ils ne sont pas capables d’expliquer.

Dans certains cas, une analyse du système immunitaire de l’enfant pourra révéler que le petit patient « a un déficit immunitaire causé par le médicament », a-t-elle dit, ce qui expliquera cette infection mystérieuse qui vient d’apparaître.

Le nouveau programme de recherche devrait donc permettre de comprendre un peu mieux les effets des thérapies biologiques chez les enfants, ce à quoi on doit s’attendre en les utilisant, et comment ensuite prendre en charge correctement les petits patients.

Au cours de la première année du programme, environ 250 patients seront recrutés et suivis pendant dix ans.

Après la première année, l’équipe prévoit d’ajouter 50 à 100 patients supplémentaires par année.

La recherche profite d’un financement de La Fondation de l’hôpital de Montréal pour enfants.