Actualités – publiée le 28/10/2019 par Équipe de rédaction Santélog

Environmental Health Perspectives

Les xénoestrogènes de l'environnement, en particulier par voie d’exposition alimentaire peuvent avoir un effet profond sur l'équilibre hormonal du corps du bébé

Cette recherche des Swiss Federal Laboratories for Materials Science and Technology (EMPA) révèle à quel point les xénoestrogènes de l’environnement, en particulier par voie d’exposition alimentaire peuvent avoir un effet profond sur l’équilibre hormonal du corps du bébé. Ils migrent à travers le placenta et franchissent sans difficulté la barrière placentaire. Ces travaux, présentés dans la revue Environmental Health Perspectives, décrivent le fœtus exposé comme sans défense face à certains perturbateurs, avec à la clé de cette exposition, et même à de faibles concentrations, un effet plus dramatique que celui estimé jusqu’à présent.

L’étude porte principalement sur les xénoœstrogènes de l’environnement, absorbés en particulier via les aliments. En tant que substances mimant l’action des œstrogènes, ces perturbateurs peuvent avoir un effet profond sur l’équilibre hormonal du corps. Ainsi, la zéaralénone, l’œstrogène alimentaire le plus répandu est une mycotoxine : elle est produite par des champignons du genre. Fusarium et pénètre dans notre corps principalement par l’intermédiaire de certains aliments comme le pain ou le muesli.

Le placenta forme un nouveau produit métabolique à partir de la zéaralénone qui présente une activité œstrogénique environ 70 fois supérieure.

La barrière placentaire est submergée : si le placenta offre au fœtus une certaine protection contre les bactéries, les virus et certaines substances telles que certains médicaments ou certaines toxines environnementales, dont la zéaralénone, peuvent migrer sans difficulté à travers le placenta, explique le co-auteur, Benedikt Warth de l’Institut de chimie alimentaire et de toxicologie de l’Université de Vienne. Il est donc essentiel de mieux comprendre ce « trajet » de la zéaralénone à travers l’utérus par des analyses portant sur des placentas de césariennes planifiées, par exemple, explique l’auteur principal, Tina Bürki, chercheuse à l’Empa.

Des concentrations élevées de zéaralénone dans les tissus placentaires : À l’aide d’une solution nutritive, les chercheurs ont pu estimer la concentration à laquelle le fœtus est exposé et étudier les différents produits métaboliques produits par les enzymes du placenta. Normalement, lorsque nous ingérons des substances de l’environnement, celles-ci sont détoxifiées et excrétées par le métabolisme. Mais, dans ce cas, des enzymes semblent activer ces substances encore plus fortement. La méthode ici utilisée permet la détection simultanée de plus de 50 différents œstrogènes étrangers dans des échantillons biologiques ainsi que de nombreuses autres substances qui font actuellement l’objet de nombreuses discussions, telles que le bisphénol A ou les pesticides.

Même de faibles concentrations pourraient avoir un effet plus important sur le fœtus que prévu précédemment. Cet effet multiplicateur devrait être pris en compte dans les futures évaluations des risques, et dans l’établissement des limites applicables aux aliments et aux préparations pour bébés (doses journalières admissibles : DJA).

L’équilibre hormonal du corps est très sensible, rappellent ces biologistes. Une exposition précoce à ces œstrogènes étrangers peut avoir un effet sur l’incidence de nombreuses maladies dont le cancer du sein ou du col de l’utérus, les troubles de la puberté ou l’infertilité.

« Jusqu’à ce que d’autres résultats de recherche soient disponibles, on ne peut que recommander une alimentation équilibrée afin de réduire au maximum cette exposition aux toxines ».

Source: Environmental Health Perspectives 9 October 2019 DOI : 10.1289/EHP4860 Transfer and Metabolism of the Xenoestrogen Zearalenone in Human Perfused Placenta

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