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Description générée automatiquement Publié le 25/11/2021

Les traumatismes crâniens (TC) touchent 70 millions de personnes par an dans le monde (1,7 million de consultations aux urgences, chez les adultes aux États-Unis).

Les céphalées post-traumatiques (CPT) sont une séquelle fréquente pouvant mener à une morbidité et une incapacité majeures, telles que la difficulté à retourner au travail et à reprendre des activités sociales.

Des études récentes ont démontré l’efficacité potentielle du traitement médical des CPT, bien que le niveau de preuve soit faible en raison de la rareté des études randomisées.

Nous savons peu de choses sur l’origine des CPT persistantes…

Les caractéristiques cliniques, facteurs psychologiques et sociodémographiques associés à la rechute après un traitement aigu réussi sont mal connus.

D’où l’intérêt de cette étude qui tente de déterminer les facteurs de risque cliniques qui prédisent une récurrence ou une persistance des céphalées à 30 jours chez les patients admis aux urgences pour des CPT.

Il s’agit d’une analyse des données d’une étude randomisée, contrôlée par placebo, portant sur l’utilisation du métoclopramide IV + diphénhydramine chez des patients recrutés lors de leur passage aux Urgences du centre médical Montefiore dans le Bronx à New-York (180 000 passages annuels) et qui ont bénéficié d’un suivi téléphonique 30 jours plus tard.

Le principal élément recueilli était la fréquence des maux de tête 30 jours après la sortie du service des Urgences.

Des modèles de régression logistique multivariable ont permis de déterminer quelles variables cliniques étaient associées à la fréquence des maux de tête à 30 jours.

Ont été inclus les adultes qui répondaient aux critères de la classification internationale des CPT :

a) traumatisme à la tête ;

b) céphalées apparues dans les 7 jours suivant le traumatisme et

c) céphalées non expliquées par un autre diagnostic.

Pour être inclus, les patients devaient signaler une céphalée d’intensité modérée ou sévère lors de l’évaluation initiale.

Les patients qui avaient consulté plus de 10 jours après le traumatisme crânien et ceux présentant des contre-indications au métoclopramide et à la diphénhydramine n’ont pas été retenus.

La faute à personne

Au total, 160 patients ont été inclus parmi lesquels 134 (84 %) ont rempli le questionnaire à 30 jours et ont été finalement inclus dans l’analyse, dont 90 femmes et 44 hommes, âgés en moyenne de 46 ans.

Trente d’entre eux (22 %, intervalle de confiance à 95 % IC 95 % = 0,16 à 0,30) ont signalé des céphalées fréquentes lors du suivi à 30 jours.

Dans l’analyse multivariable, le sexe féminin (Odds Ratio OR = 4,03, IC 95 % = 1,23 ± 13,13) ainsi que l’incertitude exprimée quant à une perte de connaissance pendant l’incident traumatique (OR = 5,63, IC 95 % = 1,89 ± 16,78) étaient associés à l’existence de CPT à 30 jours.

La notion de « faute » comme facteur de risque potentiel de mauvais résultats, a été explorée, car des données antérieures ont suggéré que la recherche de litiges et de compensations pourrait augmenter l’expression des symptômes.

Bien au contraire, les patients ayant déclaré que le traumatisme crânien était de leur propre faute (OR = 0,15, IC 95 % = 0,05-0,48) ou de la faute de quelqu’un d’autre (OR = 0,29, IC 95 % = 0,11-0,79) étaient moins susceptibles de présenter des CPT à 30 jours que ceux qui avaient déclaré que le traumatisme n’était de la faute de personne.

Enfin, les médicaments reçus aux urgences, l’âge et l’origine ethnique n’ont pas été associés à la persistance de la CPT.

Cette étude, outre qu’elle ne porte que sur un petit nombre de patients, comporte plusieurs limitations : elle est urbaine, monocentrique et doit tenir compte de la subjectivité de la perception des céphalées par les patients.

Néanmoins, plus d’un patient sur cinq ressentait encore des maux de tête fréquents 30 jours après le traumatisme crânien.

Dr Bernard-Alex Gaüzère

RÉFÉRENCE: Wang AR et coll. : Clinical predictors of poor 30-day headache outcomes after an emergency department visit for acute post-traumatic headache. Am J Emerg Med., 2021, 49 : 158-162, ISSN 0735-6757, doi.org/10.1016/j.ajem.2021.05.075.

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Le casse-tête des migraines post-traumatiques