Actualités  –   publiée le 31/01/2022 par Équipe de rédaction Santélog

European Journal of Cardiovascular Nursing

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Près d’un patient sur 5 souffrant de maladie cardiaque utilise des médicaments pour la santé mentale, révèle cette étude d’une équipe de l’Université de Copenhague.

Les antidépresseurs et autres médicaments psychiatriques sont ainsi associés à un risque presque multiplié par 2 de décès prématuré chez les patients cardiaques, selon ces données présentées dans l’European Journal of Cardiovascular Nursing.

Des conclusions qui appellent à évaluer les patients cardiaques pour les troubles mentaux et leur demander s’ils utilisent des psychotropes et pour quelle raison.

 « Notre étude montre que l’utilisation de médicaments psychotropes est courante chez les personnes souffrant de maladies cardiaques.

De plus, près d’un patient sur 3 présente des symptômes d’anxiété » commente l’auteur principal, le Dr Pernille Fevejle Cromhout, clinicienne à l’hôpital universitaire de Copenhague.

« Il est important de se rappeler que la prescription d’un médicament psychotrope est un signe de trouble mental, qui pourrait en soi contribuer à un risque accru de décès.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer si la mortalité plus élevée est due à l’utilisation de médicaments psychotropes ou à la maladie mentale sous-jacente ».

Anxiété, psychotropes et plus mauvais résultats de santé

De précédentes études ont identifié une association entre les symptômes d’anxiété et de mauvais résultats de santé, dont un risque accru de décès, chez les patients atteints de maladie cardiaque.

L’étude a regardé si ce lien pouvait s’expliquer par l’utilisation de médicaments psychotropes.

Menée auprès de 12.913 patients hospitalisés pour une maladie cardiaque (cardiopathie ischémique, arythmie, insuffisance cardiaque ou cardiopathie valvulaire, évalués pour les symptômes d’anxiété (échelle Hospital Anxiety and Depression Scale -HADS-A), et suivis pendant un an après leur sortie de l’hôpital, l’étude montre que :

  • 18% des participants (n=2 335) ont reçu au moins une prescription de médicaments psychotropes au cours des 6 mois précédant leur admission à l’hôpital ;
  • Les médicaments les plus couramment utilisés étaient les benzodiazépines (68 %) et les antidépresseurs (55 %) ;
  • L’utilisation de médicaments psychotropes s’avère plus élevée chez les femmes, les patients plus âgés, les fumeurs, les personnes seules, à plus faible niveau d’études et les patients présentant un plus grand nombre de problèmes de santé.
  • 32 % des patients cardiaques ont été diagnostiqués comme souffrant d’anxiété ;
  • La consommation de psychotropes est 2 fois plus élevée chez les patients anxieux (28 %) que chez ceux exempts de troubles anxieux (14 %) ;
  • 3 % des participants ( n=362) sont décédés au cours du suivi ;
  • Le taux de mortalité à 1 an (durée du suivi) est significativement plus élevé chez les utilisateurs de médicaments psychotropes (6 %) que chez les non-utilisateurs (2 %) ;
  • Une prescription de médicaments psychotropes dans les 6 mois précédant l’hospitalisation est associée à une probabilité plus élevée (augmentation de 90 %) de décès toutes causes confondues au cours de l’année suivant la sortie de l’hôpital, et après prise en compte de facteurs de confusion possibles dont l’âge, le sexe, le diagnostic cardiaque, les conditions préexistantes, le tabagisme, l’IMC, le niveau d’études et le statut matrimonial ;
  • L’anxiété est associée à un risque accru de 81% de décès toutes causes confondues.

Maladie cardiaque, anxiété et psychotropes, 3 facteurs étroitement liés : après ajustement avec l’utilisation de médicaments psychotropes avant l’hospitalisation et la présence d’anxiété, ces associations deviennent plus faibles mais subsistent : l’utilisation de médicaments psychotropes est associée à un risque de décès accru de 73 % et l’anxiété avec un risque de décès accru de 67 %.

Cet affaiblissement même léger des relations suggère que le lien entre les médicaments psychotropes et le décès est influencé par la présence d’anxiété.

De la même manière, le lien entre l’anxiété et le décès semble influencé par l’utilisation de psychotropes.

Sur le plan clinique, la conclusion est claire.

Il existe un lien fort entre la maladie cardiaque et l’anxiété.

Les patients cardiaques qui souffrent d’anxiété doivent en informer leur médecin, « comme ils le feraient avec toute autre affection ».

« L’anxiété devrait être reconnue et traitée au même niveau que la maladie cardiaque ».

Source: European Journal of Cardiovascular Nursing Jan, 2022 DOI : 10.1093/eurjcn/zvab111 Exploring the use of psychotropic medication in cardiac patients with and without anxiety and its association with 1-year mortality.