Revue de presse Mediscoop du 03-11-2021 – Date de publication : 3 novembre 2021

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Description générée automatiquementLe Monde

Marina Julienne observe dans Le Monde que « pour la 7e Semaine de sensibilisation à l’infertilité […], le principal collectif de patients en France, BAMP, a choisi de s’adresser à toute la population. Virginie Rio, responsable de l’association, […] a le sentiment que le sujet est enfin pris au sérieux ».

La journaliste relève que « le Pr Samir Hamamah, responsable du département de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier, vient d’être chargé d’un « plan fertilité », avec Salomé Berlioux, qui témoigne dans La Peau des pêches (Stock, 288 pages, 20,90 euros) du véritable chemin de croix que peut représenter un parcours d’assistance médicale à la procréation ».

Marina Julienne s’interroge ainsi : « Sommes-nous de plus en plus infertiles ? Une méta-analyse publiée en 2017 par l’épidémiologiste Shanna Swan révèle que la concentration de spermatozoïdes a diminué de 50% en moins de 40 ans chez les hommes d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Australie ».

Le Pr Hamamah fait savoir qu’« il y a aussi une augmentation du nombre de cancers des testicules – + 2,5% par an en France − et des malformations congénitales des organes reproducteurs masculins, certainement liées aux perturbateurs endocriniens.

Il est temps de réagir et de lutter contre la perception que l’infertilité est une maladie honteuse.

C’est une maladie comme les autres, qui touche aussi bien les hommes que les femmes ».

Marina Julienne explique que « dans les couples, l’infertilité provient pour 30% des femmes, pour 30% des hommes, ou des deux (30%), 10% à 15% des infertilités restant « inexpliquées ».

Exposition aux polluants, mauvaise alimentation, tabagisme, obésité, sont des facteurs de risque connus ».

« Mais le facteur le mieux identifié pour expliquer la baisse de la fertilité, c’est l’âge.

L’âge moyen à la première maternité continue de croître dans tous les pays occidentaux.

En France, il était de 24 ans en 1974, contre 30,6 ans en 2017.

Désormais, 21% des femmes qui accouchent ont plus de 35 ans.

Or, après 30 ans, leur réserve ovarienne commence à diminuer et, après 35 ans, elle chute brutalement », rappelle la journaliste.

Le Pr Charles Coutton, du laboratoire de génétique chromosomique au CHU de Grenoble, souligne en outre que « l’appareil reproducteur des hommes vieillit plus lentement, mais il vieillit !

Avec l’âge, les mutations génétiques dans l’ADN des spermatozoïdes augmentent, ce qui aggrave le risque de fausse couche ou, chez l’enfant à naître, les risques de malformation et de maladie neurodéveloppementale ».

Marina Julienne note ainsi que « le recours à l’AMP est de plus en plus fréquent : 100.000 enfants sont nés par AMP en Europe en 2008, 200.000 en 2018.

En France, cela représente 3,4% des naissances, et déjà 6% en Espagne.

A ce rythme, on pourrait bientôt atteindre dans ce pays les 10% d’enfants nés dans le cadre d’une AMP ».
« Les techniques ne sont pourtant pas toutes-puissantes, contrairement à ce que disent les discours médiatique et/ou médical ambiants »,
 poursuit-elle.

Elise de la Rochebrochard, directrice de recherches à l’Institut national d’études démographiques, remarque que « certaines cliniques affichent notamment des taux de succès cumulés sur 4 fécondations in vitro (FIV) – le nombre de tentatives remboursées par la Sécurité sociale – et laissent miroiter à 40 ans des taux de réussite de 67%.

Or ces estimations ne correspondent pas à la réalité, car peu de couples vont jusqu’à 4 tentatives : en cas d’échec de la première FIV, 27% ne poursuivent pas avec une deuxième, ce taux monte à 54% après deux FIV sans succès, et 76% après trois FIV… ».

Marina Julienne continue : « Avec, en France, près d’une chance sur quatre (27%), en moyenne d’aboutir à une naissance grâce à une aide à la procréation, tous âges confondus, il faut en fait souvent plusieurs tentatives pour faire un enfant. Surtout que le recours à l’AMP est de plus en plus tardif ».

La journaliste s’interroge : « Comment lutter contre l’infertilité, et éviter un recours de plus en plus tardif à l’AMP ? […]

Aucune campagne d’information sur la reproduction n’a jamais été élaborée.

La santé publique s’intéresse de près à la contraception, à la prévention des maladies sexuellement transmissible, aux violences conjugales. Mais rien sur la santé reproductive… ».

« Pourtant, dans ce domaine, les couples sont parfaitement ignorants.

Iris Sanchez, sage-femme, l’a mesuré dans son mémoire de fin d’études, en interrogeant 117 jeunes femmes (90% ont au moins le bac) : plus de la moitié n’a jamais entendu parler de « réserve ovarienne » et la majorité a une vision trop optimiste de sa fertilité : 30% envisagent une grossesse jusqu’à 36-40 ans, 22% jusqu’à 41-45 ans et 16% jusqu’à plus de 46 ans », constate la journaliste.

Elle cite notamment la Dr Nathalie Massin, « qui a développé à l’hôpital de Créteil (Val-de-Marne) un « check-up fertilité », pour l’instant unique en France », qui déclare que « seule une information très personnalisée auprès des couples peut éventuellement modifier leur comportement ».

Marina Julienne continue : « Devrait-on proposer à toutes les femmes ce bilan, comme on propose aujourd’hui un dépistage du cancer du sein ou de la prostate ? ». 

Le Pr Hamamah répond : « Nous y réfléchissons sérieusement. Mais qui doit le faire ? A quel âge le proposer ?

La découverte d’un capital-temps réduit ne va-t-elle pas générer un sentiment d’urgence à concevoir ? Tout cela doit être discuté ».