SANTÉ PUBLIQUE  –  Par Marielle Ammouche le 21-06-2019

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Par principe de précaution l’Anses recommande de ne pas installer de nouvelles écoles à proximité des lignes à hautes tension. Une vigilance particulière doit être portée aux femmes enceintes exposées sur leur lieu de travail à des champs électromagnétiques élevés.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a jugé bon de publier une actualisation de ses recommandations concernant les conséquences sanitaires liées à l’exposition aux champs électromagnétiques basses fréquences, dont le dernier avis datait de 2010.

Les champs magnétiques basses fréquences sont tous ceux dont la fréquence est inférieure à environ 8,3 kilohertz, seuil au-delà duquel commencent les radiofréquences. Ils sont émis par les réseaux de transport d’électricité et les transformateurs électriques, mais aussi par les transports, les aimants, les appareils électroménagers ou encore l’ensemble des câbles électriques dans lequel un courant circule.

Toutefois, la plupart des études épidémiologiques disponibles portent sur les fréquences utilisées pour le transport d’électricité, 50 Hz ou 60 Hz, a expliqué à l’AFP Olivier Merckel, responsable de l’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques à l’Anses.

Les analyses effectuées montrent que les valeurs les plus élevées en milieu extérieur sont mesurées notamment sous des lignes électriques à très haute tension et à proximité immédiate des locaux des transformateurs ou des sous-stations électriques. Il existe aussi des niveaux élevés à l’intérieur des habitations : ces champs sont produits par des appareils domestiques. Mais dans ce cas, l’exposition à ces appareils est très brève et très localisée.

Au vu des nouvelles études, l’Anses confirme qu’il existe un lien entre la survenue de leucémie infantile et l’exposition aux champs magnétiques basses fréquences à des niveaux supérieurs à 0,2 µT ou 0,4 µT.

Or, selon une étude de l’Inserm et du CHU de Caen, 40 000 enfants de moins de 15 ans (0,35 % de la population) seraient exposés à leur domicile à une telle exposition. A savoir : à un champ magnétique supérieur à 0,4 µT ; auxquels il faut ajouter environ 8 000 enfants (0,18 %) qui sont scolarisés dans une école exposée à ce type de rayonnements élevés.

Ce risque est cependant tempéré par le niveau de preuve qui est « limité » concernant cet effet à long terme, et le fait que « les études publiées après 2010 retrouvent moins fréquemment cette association ».

L’Anses mentionne par ailleurs le cas des professionnels dont certains peuvent être exposés à des niveaux de champs très élevés, potentiellement supérieurs aux valeurs limites (1 000 µT à 50 Hz), dans des situations particulières comme lors de l’utilisation de certaines machines industrielles. Des études expérimentales ont, en effet, mis en avant la possibilité d’effets biologiques (stress oxydant, effets génotoxiques, effets sur la physiologie cellulaire).

Elles restent cependant « trop hétérogènes pour établir un lien entre l’exposition professionnelle et l’apparition de pathologies chroniques, en particulier maladies neurodégénératives et tumeurs du système nerveux » concède l’agence.

Le cas de la femme enceinte au travail pose aussi question car il a été montré que la densité de courant induite chez le fœtus peut être supérieure aux valeurs limites recommandées pour la population générale.

En conséquence, en application du principe de précaution, l’Anses réitère sa recommandation de limiter « le nombre de personnes sensibles exposées autour des lignes à hautes tension ainsi que les expositions ». Il s’agit, en particulier « de ne pas installer ou aménager de nouveaux établissements accueillant des personnes sensibles (hôpitaux, écoles…) à proximité immédiate des lignes à très haute tension, ni d’implanter de nouvelles lignes au-dessus de tels établissements ».

Elle conseille, par ailleurs, d’étendre la réglementation fixant une valeur limite d’exposition à l’ensemble des sources de champs électromagnétiques exposant la population générale, et non pas uniquement – comme c’est le cas actuellement – à proximité des lignes de transport et de distribution d’électricité.

Elle recommande, par ailleurs, d’améliorer la mesure et la surexposition aux champs électromagnétiques des professionnels. Une attention particulière doit être apportée aux femmes enceintes, dont le poste de travail doit être aménagé pour limiter l’exposition du fœtus.

Globalement, l’Anses recommande de nouvelles études et une réévaluation des valeurs limites d’exposition.

Sources :  Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses, 21 juin 2019). Avec AFP

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