Publié le 13/09/2021
Selon les uns, les suppléments nutritionnels sont indispensables au sportif, surtout si celui-ci souhaite atteindre un haut niveau de performance.
Selon les autres, ces produits sont non seulement inutiles, mais en plus, potentiellement dangereux pour la santé.
Sans compter, ajoutent volontiers ces derniers, qu’ils peuvent renfermer des substances interdites et donc rendre positive une analyse antidopage.
On estime que 30 à 50 % des sportifs adultes consommeraient des suppléments au moins une fois de temps en temps.
Une proportion plus élevée que dans la population générale, où elle serait d’environ 20 à 30 %.
Dans le sport de haut niveau, cette proportion atteindrait 60 à 85 %.
Les effets recherchés sont innombrables : diminution de la fatigue, réduction des graisses, accroissement musculaire, préservation des articulations, amélioration de la confiance en soi, sensation de bien-être, développement de la mémoire, récupération, valorisation de l’image corporelle, prévention du surentraînement, stimulation du système immunitaire, etc.
Si on en croit certaines sociétés savantes, les suppléments nutritionnels seraient dénués de tout intérêt chez les sportifs, même ceux de haut niveau, car aucun travail scientifique objectif ne démontre formellement leur efficacité.
Peu d’effets indésirables dans une étude rétrospective
Quant à leur dangerosité, on connaît les effets indésirables de substances qui s’y glissent parfois, comme les prohormones (androstérone, DHEA, etc.), la sibutramine, les extraits d’éphédra ou la synéphrine.
Mais on dispose de peu d’informations concernant la fréquence globale des effets indésirables.
Une récente étude américaine contribue à lever un coin de ce voile.
Elle porte sur 26 681 militaires, interrogés par questionnaire sur leur consommation de suppléments nutritionnels destinés aux sportifs, au cours des six derniers mois et quelle qu’en soit la présentation : boissons, barres ou gels.
Près de la moitié des répondants ont dit avoir utilisé au moins un supplément, principalement des hommes, plutôt jeunes (18-24 ans), célibataires, et sous la forme de boissons.
Ils pratiquaient de grands volumes hebdomadaires d’endurance (entre 3 et 5 h/sem.) et de renforcement musculaire (plus de 5 h/sem.).
Seuls 2 % ont rapporté avoir subi au moins un effet indésirable au cours des six derniers mois, surtout les usagers de gels.
Le plus souvent, il s’agissait de douleurs abdominales, de palpitations, de diarrhées ou des insomnies.
Certes, il s’agit d’une étude rétrospective, portant sur des données déclaratives et qui n’a pas recueilli la composition des substances.
Néanmoins, elle suggère que la consommation de suppléments nutritionnels destinés aux sportifs serait peu dangereuse pour la santé.
Reste à établir si elle ne pourrait pas faire le lit des conduites dopantes…
Dr Patrick Laure
RÉFÉRENCE: Knapik JJ, Trone DW et coll. : Prevalence, factors associated with use, and adverse effects of sport-related nutritional supplements (sport drinks, sport bars, sport gels): the US military dietary supplement use study. J Int Soc Sports Nutr. 2021;18(1):59.
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Les compléments alimentaires pour sportifs dans le collimateur