Publié le 08/02/2022
L’hypertension artérielle (HTA) touche près de la moitié des adultes américains, et près de 75 % de ces cas restent au-dessus des niveaux de pression artérielle (PA) recommandés malgré les traitements prescrits.
Des augmentations, même faibles de la PA, accroissent le risque d’accident vasculaire cérébral et des maladies cardiovasculaires en général [1].
De plus, L’HTA est un facteur de risque (comorbidité) dans la Covid-19. Aussi, le contrôle de PA est une priorité nationale de santé publique aux USA.
La pandémie de Covid-19 a perturbé la vie quotidienne des populations avec en particulier une aggravation des facteurs favorisant l’HTA (changement des habitudes alimentaires, augmentation de la consommation d’alcool, diminution de l’activité physique, diminution de l’observance des traitements, augmentation du stress émotionnel, mauvaise qualité de sommeil, adoption d’un mode de vie plus sédentaire…) ; mais les modifications de prise en charge et de suivi sont aussi très probablement en cause avec des conséquences considérables en Santé publique (déprogrammation et/ou au report de soins, réduction de l’accès aux services de santé) [2].
Augmentations de la pression artérielle entre avril et décembre 2020 (par rapport à 2019)
Un programme de recherche du « Center for Blood Pressure Disorders » de la Cleveland Clinic (Ohio) a évalué les niveaux de pression artérielle dans la population durant la pandémie de la Covid 19 touchant les USA [3].
Cette étude longitudinale a inclus près d’un demi-million d’adultes volontaires (des employés et leurs conjoints/partenaires, de 50 états et du district de Columbia, participant à un programme annuel de bien-être et de santé au travail). Les données de santé étaient anonymisées.
Les modifications dans les niveaux de PA ont été observées entre l’année 2019, les périodes pré pandémique (janvier 2019-mars 2020) et pandémique (avril-décembre 2020).
Les sujets étaient répartis en 4 groupes : pression normale, pression élevée, hypertension de stade 1 et hypertension de stade 2 (*) [4].
Les résultats suivants ont été obtenus :
Les variations de la PA systolique et diastolique n’ont montré aucune différence entre 2019 et la période pré pandémique de janvier à mars 2020 (P=0,8 pour la PA systolique et P=0,3 pour la PA diastolique).
En revanche, l’augmentation annuelle de la PA était significativement plus importante entre avril et décembre 2020 (période pandémique) qu’en 2019 (P < 0,0001 pour la PA systolique et diastolique.
Plus précisément pendant la pandémie (d’avril à décembre 2020), les augmentations mensuelles moyennes de la PA étaient, par rapport à la même période en 2019 :
- Pour la pression artérielle systolique : comprises entre 1,10 et 2,50 mm Hg ;
- Pour la pression artérielle diastolique : comprises entre 0,14 à 0,53 mm Hg.
Des élévations plus marquées ont été observées chez les femmes pour la pression artérielle systolique et diastolique, chez les participantes plus âgées pour la pression artérielle systolique et chez les jeunes participantes pour la pression artérielle diastolique.
Pendant la pandémie d’avril à décembre 2020, par rapport à la période pré pandémique, 26,8 % des participants ont eu une augmentation de la PA, alors que 22 % ont eu une diminution de leur PA.
Permettre l’accès aux soins est aussi important que les mesures barrière
Les auteurs concluent que « Malheureusement, cette recherche confirme ce que l’on voit à travers le pays – la pandémie de Covid-19 a eu et continuera d’avoir des impacts à long terme sur la santé et tout particulièrement sur la prévalence croissante de l’hypertension incontrôlée ».
Et qu’en conséquence « surveiller sa pression artérielle, pratiquer un exercice physique régulièrement, manger sainement, mais aussi pouvoir consulter régulièrement son médecin pour le suivi des facteurs de risque et la poursuite du traitement en cas d’HTA est tout aussi important que le respect des mesures barrière ».
Les auteurs alerte sur le risque de survenue dans les prochains mois, du fait de ce relâchement dans le contrôle de l’HTA, d’une vague d’accidents vasculaires cérébraux et de crises cardiaques.
Plus généralement, les mesures de protection d’urgence ne devraient pas nuire à la poursuite d’un suivi complet et rigoureux des maladies chroniques ; il sera nécessaire dans le futur d’évaluer l’impact des mesures mises en place par les États entrainant des restrictions dans l’accès aux services de santé, en particulier sur les maladies chroniques.
Professeur Dominique Baudon, Professeur du Val-De-Grâce
RÉFÉRENCES :
[1] Lewington S, Clarke R, Qizilbash N, Peto R, Collins R; Prospective Studies Collaboration. : Age-specific relevance of usual blood pressure to vascular mortality: a meta-analysis of individual data for one million adults in 61 prospective studies. Lancet. 2002;360:1903–1913. doi: 10.1016/s0140-6736(02)11911-8)
[2] Czeisler MÉ, Marynak K, Clarke KEN, Salah Z, Shakya I, Thierry JM, Ali N, McMillan H, Wiley JF, Weaver MD, et al. Delay or avoidance of medical care because of COVID-19-related concerns – United States, June 2020. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2020;69:1250–1257. doi: 10.15585/ mmwr.mm6936a4
[3] Luke J. Laffin et coll. : Rise in Blood Pressure Observed Among US Adults During the COVID-19 Pandemic. Circulation: 2022;145:235–237. DOI: 10.1161/CIRCULATIONAHA.121.057075
Copyright © http://www.jim.fr
Le point (provisoire) sur les complications cardiovasculaires de la Covid-19