Les travailleurs pourraient être les prochaines victimes des vagues de chaleur, selon une étude de l’INSPQ qui montre que lorsque la température grimpe, ils sont plus nombreux à déclarer des blessures et des problèmes de santé liés à la chaleur.

Par Catherine Crépeau – 14/07/2021

un soleil ardent réchauffe une ville Profession Santé logo

L’étude portant sur la relation entre la température estivale et la santé des travailleurs s’appuie sur les données d’indemnisation des lésions professionnelles du Québec, de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta.

Elle révèle qu’entre 2001 et 2016, chaque hausse de 1 degré Celsius de la température maximale quotidienne en été correspondait à une augmentation de 28 à 51% du nombre journalier de réclamations pour un problème de santé lié à la chaleur (œdème, syncope, épuisement, insolation/coup de chaleur).

Dans le cas des blessures traumatiques (fractures, brûlures, etc.), l’augmentation varie de 0,2% à 0,6%, selon la province.

Au Québec, la hausse de 34% des réclamations pour des problèmes de santé représente sept dossiers additionnels acceptés par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) durant les cinq mois chauds de chaque année.

Pour les blessures, l’augmentation de 0,2% représente environ 64 réclamations supplémentaires.

L’étude montre également que le risque de blessure traumatique par degré supplémentaire par jour était plus important chez les hommes et pour la main-d’œuvre plus jeune (15-24 ans).

Au Québec, ce risque de blessure était plus important chez les personnes œuvrant dans les industries dont les activités se déroulent principalement à l’extérieur comme l’agriculture, la foresterie, l’extraction minière ou la construction.

Selon les auteurs, ces résultats soulignent la vulnérabilité des travailleurs à la chaleur et le besoin d’améliorer les efforts de prévention. Par exemple, en appliquant de façon appropriée l’alternance travail-repos et les règles entourant la consommation d’eau pour les travailleurs exposés à la chaleur.

Horizon 2050

S’appuyant sur le réchauffement climatique projeté, les auteurs estiment que le nombre quotidien de problèmes de santé liés à la chaleur chez les travailleurs pourrait augmenter de 73% à 113% selon un scénario optimiste d’émission de gaz à effet de serre et de 110% à 165% d’après un scénario pessimiste.

Pour le Québec, ces projections signifient que le nombre de problèmes de santé liés à la chaleur par année durant la période estivale passerait à 39 à l’horizon 2050 sous un scénario optimiste et à 47 sous un scénario pessimiste.

Outre la mortalité et la morbidité liées à la chaleur, les auteurs indiquent que d’autres répercussions sur la santé et la sécurité des travailleurs seraient à anticiper.

Ils évoquent notamment l’augmentation du risque de certaines zoonoses et maladies, dont les vecteurs pourraient migrer vers le nord – on n’a qu’à penser à l’évolution de la maladie de Lyme –, aux effets sur la santé mentale des producteurs agricoles confrontés aux sécheresses et aux impacts psychologiques sur les intervenants impliqués lors de sinistres plus fréquents comme les feux de forêt et les inondations.