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Les compléments alimentaires pour sportifs dans le collimateur
Paris, le mardi 20 décembre 2016 – Dans des recommandations publiées il y a quelques années, la Société française de nutrition du sport (SFNS) considérait que « Par principe et de façon générale, pour les pratiquants d’activités physiques et pour la majorité des sportifs, quel que soit leur niveau de performance, y compris ceux de haut niveau (SHN), une alimentation équilibrée et diversifiée par les produits courants, privilégiant les aliments de bonne à haute densité nutritionnelle, suffit pour satisfaire leurs besoins spécifiques démontrés. Aucun complément ou supplément n’est justifié dans le cadre de leur pratique ». Ces préconisations sont loin d’être majoritairement respectées aujourd’hui. A l’instar de la tendance qui s’observe globalement, le marché des compléments alimentaires destiné aux sportifs n’a en effet cessé de progresser ces dernières années et une promenade rapide sur les forums confirme que la question est devenue centrale, tant la recherche de la performance surpasse aujourd’hui le plaisir de l’activité physique. Certaines enquêtes outre-Atlantique, notamment au Canada, estiment que jusqu’à neuf athlètes sur dix consomment au moins ponctuellement des compléments alimentaires.
Des substances interdites
Trop souvent considérés comme sans danger, notamment quand ils sont estampillés « naturels » ou « bios », les compléments alimentaires, qui ne sont pas l’objet de contrôles aussi stricts que les médicaments représenteraient en réalité des risques non négligeables. Pour mieux les identifier, l’Agence nationale de sécurité de l’alimentation (ANSES) a mis en place en 2009 un dispositif de surveillance spécialement dédié aux compléments alimentaires. Si les signalements concernant les produits dédiés aux sportifs n’ont pas connu d’augmentation démesurée, ils demeurent néanmoins préoccupants. Entre 2009 et début 2016, quarante-neuf signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de ce type de produits ont été collectés. Sur ces quarante neuf déclarations, l’imputabilité était avérée dans au moins dix-sept cas. Si les données de l’ANSES suggèrent un phénomène rare, la sous déclaration vraisemblable suggère une plus grande fréquence de ces complications. Par ailleurs, l’analyse des compléments alimentaires réalisée dans le cadre de ces investigations est édifiante. Il apparaît en effet que parallèlement à différentes substances autorisées, l’ANSES a pu identifier de très nombreux produits interdits, parmi lesquels des stéroïdes anabolisants androgènes et de l’éphédrine. L’achat de plus en plus fréquent via internet explique la présence de ces éléments pourtant bannis par la réglementation. « Les effets constatés étaient principalement d’ordre cardiovasculaire (tachycardie, arythmie et accident vasculaire cérébral) et psychiques (troubles anxieux et troubles de l’humeur) » rapporte l’ANSES.
Ces constatations incitent aujourd’hui l’ANSES à rappeler tout d’abord que l’utilité de ces compléments alimentaires est très discutée. « De façon générale, l’absence de données d’efficacité scientifiquement démontrée rend les bénéfices escomptés de ces compléments alimentaires très fortement hypothétiques, rendant ainsi l’intérêt des produits les contenant largement discutable au regard des risques encourus ». Sachant qu’à l’instar des préconisations de la SFNS, une telle mise en garde ne sera pas suffisante pour freiner des pratiques de plus en plus fréquentes, l’ANSES formule plusieurs autres recommandations précises. Elle déconseille ainsi « fortement » la consommation de compléments alimentaires visant le développement musculaire ou la diminution de la masse grasse « aux personnes présentant des facteurs de risque cardiovasculaire ou souffrant d’une cardiopathie ou d’une altération de la fonction rénale ou hépatique ou encore de troubles neuropsychiatriques », ainsi qu’aux enfants, adolescents et femmes enceintes ou allaitantes. Elle dissuade encore d’associer plusieurs compléments alimentaires ou de leur ajouter de la caféine.
Les pouvoirs publics priés d’intervenir
L’ANSES considère par ailleurs qu’un meilleur encadrement de l’utilisation des compléments alimentaires devrait être mis en place. Les professionnels de santé sont ainsi appelés à s’impliquer davantage sur ces questions, à travers notamment la formation continue ou encore la déclaration des effets secondaires suspects. Par ailleurs, l’information des sportifs nécessite d’être renforcée et ces derniers devraient notamment être incités à privilégier les compléments alimentaires conformes à la norme AFNOR NF V 94-001 (une liste des compléments alimentaires répondant à ce critère a été élaborée par la SFNS). Enfin, les pouvoirs publics sont invités à agir sur ce sujet, trop largement négligés. « Considérant la banalisation de la consommation de ces compléments alimentaires, l’Agence recommande aux pouvoirs publics de mener une réflexion sur la pertinence de la distribution de ces produits sur les sites de pratique sportive » conclue ainsi l’ANSES.
Aurélie Haroche
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L’ANSES prône la prudence face aux compléments alimentaires destinés aux sportifs
Damien Coulomb | 21.12.2016 Crédit Photo : PHANIE Zoom
ANSES Complément alimentaire Activité physique Consommation des Français Nutrition Sport
L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a remis lundi 19 décembre un « rapport » assorti de recommandations concernant la prise de compléments alimentaires par les sportifs.
L’agence s’est auto saisie suite au recueil de 49 signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires. Parmi ces signalements, seuls 17 sont suffisamment complets pour pouvoir faire l’objet d’une analyse d’imputabilité. L’agence a en outre constaté « la consommation répandue dans plusieurs disciplines sportives de ce type de produits visant le développement musculaire ou la diminution de la masse grasse ».
La majorité des effets constatés sont d’ordre cardiovasculaire : tachycardie, arythmie et accident vasculaire cérébral. L’agence reporte en outre des troubles anxieux et troubles de l’humeur.
Traquer les facteurs de risque
L’agence déconseille donc l’usage de ces compléments alimentaires aux personnes présentant des facteurs de risque cardiovasculaire, souffrant d’une cardiopathie ou d’une altération de la fonction rénale, hépatique ou encore de troubles neuropsychiatriques. Il est également demandé aux enfants, adolescents et femmes enceintes ou allaitantes, de ne pas prendre ce genre de complément alimentaire.
L’agence déconseille également la consommation de compléments contenant de la caféine avant et pendant une activité sportive, ainsi que la consommation concomitante de plusieurs compléments alimentaires ou leur association avec des médicaments.
Un repère important de sécurité des compléments alimentaires est la présence de la norme AFNOR NF V 94-001. Il est en outre préconisé de recourir aux circuits d’approvisionnement les mieux contrôlés par les pouvoirs publics, ce qui exclut bon nombre de sites Internet auxquels les sportifs ont de plus en plus massivement recours. L’agence propose également aux pouvoirs publics de mener une réflexion sur la pertinence de la distribution de ces produits sur les sites de pratique sportive.
Associer le médecin et l’entraîneur
Enfin, les experts de l’ANSES rappellent qu’un conseil personnalisé par un professionnel de santé, si possible en lien avec l’entraîneur ou le préparateur physique, est indispensable. « Afin d’assurer un dialogue interdisciplinaire efficace, il est important que les professionnels de santé bénéficient d’une solide formation initiale et continue en matière de nutrition, et en particulier de nutrition du sportif », concluent-ils.
Dans le cas plus spécifique de la recherche de diminution de la masse grasse ou d’augmentation de la masse musculaire, l’absence de données d’efficacité scientifiquement démontrée rend les bénéfices escomptés de ces compléments alimentaires « très fortement hypothétiques ». En conséquence, les pratiquants doivent être informés des risques liés à la consommation de produits présentant une activité pharmacologique et des risques sanitaires liés à la pratique de régimes amaigrissants sans accompagnement médical.
Source : Lequotidiendumedecin.fr