Accueil Cardiologie- PAR DR IRÈNE DROGOU –  PUBLIÉ LE 10/01/2020

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Boire du thé au moins 3 fois par semaine est associé à une vie plus longue et en meilleure santé, selon une étude chinoise publiée dans « European Journal of Preventive Cardiology », une revue de la Société européenne de cardiologie (ESC).

Avec 100 902 adultes issus de 15 provinces de Chine, la cohorte dite China-PAR project a mis en évidence, au cours d’un suivi médian de 7,3 ans, que la consommation régulière de thé est associée à des risques diminués de maladie cardiovasculaire et de mortalité toutes causes.

« Sur le long terme, les bénéfices pour la santé sont les plus robustes pour le thé vert et pour les buveurs réguliers de thé », souligne le Dr Xinyan Wang, de l’Académie chinoise de médecine à Pékin, et premier auteur.

Au moins 3 fois/semaine

Les participants ne présentaient aucun antécédent d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique ou de cancer à l’inclusion. Au cours du suivi, les auteurs ont recensé 3 683 événements cardiovasculaires, 1 477 décès liés à l’athérosclérose et 5 479 décès toutes causes.

Par rapport aux non-buveurs de thé et aux buveurs occasionnels (moins de 3 fois par semaine), les buveurs réguliers (≥3 fois/semaine) ont présenté une diminution de 20 % du risque de maladie cardiaque et d’AVC, de 22 % du risque de décès de cause cardiaque et d’AVC et de 15 % du risque de mortalité toutes causes.

Une habitude à maintenir sur le long terme

Selon l’analyse, un individu de 50 ans buveur régulier de thé développe une maladie cardiaque et un AVC 1,41 an plus tard et vit 1,26 an plus vieux que les autres. Ces associations inverses étaient d’autant plus fortes chez les participants ayant gardé leurs habitudes tout au long du suivi.

Pour le Dr Dongfeng Gu, de l’Académie chinoise de médecine et dernier auteur : « Les études sur le mécanisme d’action suggèrent que les principaux composés bioactifs dans le thé, à savoir les polyphénols, ne sont pas stockés sur le long terme. C’est pourquoi la prise fréquente de thé sur une période prolongée semble être nécessaire pour un effet cardioprotecteur ».

Thé vert plutôt que thé noir

L’effet particulier du thé vert ressort dans l’analyse par sous-groupes. Alors que la consommation de thé vert entraînait une diminution de 25 % du risque d’événement cardiaque et d’AVC, de décès cardiovasculaire et de décès toutes causes, l’association n’était pas significative avec le thé noir.

Comme les buveurs de thé réguliers consommaient plus fréquemment du thé vert (49,0 % par rapport à 8,0 % pour le thé noir et 43,0 % pour les thés parfumés), cela pourrait expliquer la difficulté à observer des résultats robustes pour le thé noir.

Des polyphénols sans nuage de lait

Néanmoins, des arguments plaident pour des bénéfices spécifiques au thé vert, notamment sa richesse en polyphénols (le thé noir perdant en grande partie ces composés protecteurs au cours de la fermentation) et le fait qu’il n’est pas consommé (contrairement au thé noir) avec du lait supposé contrebalancer les bénéfices cardiovasculaires du breuvage infusé.

Ces résultats pourraient avoir un impact en santé publique, est-il souligné, alors que les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de mortalité prématurée dans le monde, totalisant plus de 40,0 % des décès et que les coronaropathies et les AVC viennent en tête en Chine. Néanmoins, des essais randomisés sont néanmoins nécessaires pour confirmer ces observations avant de publier des recommandations grand public, rappellent les auteurs.

Dr Irène Drogou

CardiologieEtPathologiesVasculaires

Source : lequotidiendumedecin.fr

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Revue de presse Mediscoop du 09-01-2020

« Les consommateurs réguliers de thé vivraient plus longtemps »

Sciences et Avenir

Héloïse Chapuis note dans Sciences et Avenir que « boire du thé régulièrement, au moins 3 fois par semaine, réduirait les risques de développer une maladie cardiaque ou de faire un accident vasculaire cérébral [AVC]. A condition de garder cette habitude sur le long terme ».

La journaliste relate ainsi les conclusions d’une étude parue dans l’European Journal of Preventive Cardiology : « Les habitudes de consommation de thé de 100.902 Chinois de 15 provinces différentes ont été analysées pendant 7,3 ans. […] Les participants ont répondu à un questionnaire visant à les repartir en 2 groupes : les buveurs de thé habituels (3 fois ou plus par semaine) et les buveurs non habituels, occasionnels ou non buveurs (moins de 3 fois par semaine) ».

Héloïse Chapuis précise que « les buveurs habituels ont dû sélectionner les types de thé les plus fréquemment consommés, y compris le thé vert et le thé noir, parmi d’autres types. Aucun des volontaires n’avait d’antécédent de crise cardiaque, d’AVC ou de cancer ».

La journaliste observe que « 31,6% des participants buvaient régulièrement du thé, dont 48,2% du nombre total d’hommes et 20,4% des femmes. Parmi ces 31,6%, 49,0% consommaient le plus souvent du thé vert, 8,0% préféraient le thé noir. Les 43,0% restants préféraient le thé parfumé ou d’autres types de thé. Les buveurs habituels de thé étaient plus susceptibles d’être des hommes, des fumeurs et des buveurs d’alcool ».

Héloïse Chapuis ajoute qu’« en comparant la santé sur le long terme des buveurs habituels et occasionnels, les scientifiques ont découvert que les premiers présentaient un risque inférieur de 20% de cardiopathie et d’AVC accidentel, un risque inférieur de 22% de cardiopathie et d’AVC mortel et un risque inférieur de 15% de décès toutes causes confondues ».

« Les analyses ont estimé que les buveurs de thé habituels de 50 ans développeraient une maladie coronarienne et un AVC 1,41 an plus tard et vivraient 1,26 an de plus que ceux qui ne buvaient jamais ou rarement du thé », continue la journaliste.

Héloïse Chapuis rappelle en effet que « les polyphénols protègent contre les maladies cardiovasculaires et leurs facteurs de risque, notamment l’hypertension artérielle et la dyslipidémie », et note que « sur une période de plus de 5 ans, les participants qui consommaient du thé plus de 3 fois par semaine n’ont pas forcément gardé cette habitude, dont la perte s’est reflétée sur leur santé ».

La journaliste observe enfin que « les 49% de consommateurs habituels qui préféraient le thé vert cumulaient pas moins de 25% de chance en moins de développer une maladie cardiovasculaire ou d’être victime d’un AVC. Cette corrélation est toutefois à prendre avec des pincettes ».

Héloïse Chapuis précise que « ce privilège du thé vert peut s’expliquer par la différence entre la teneur en polyphénols des deux thés. Le thé noir est un thé fermenté, un processus qui entraîne l’oxydation des polyphénols en pigments qui perdent leurs bienfaits antioxydants. Au-delà de la chimie, les mœurs semblent également altérer les avantages du thé noir.

Il est effectivement fréquent de servir le thé noir avec du lait, dont les caséines, des protéines, annulent l’action des polyphénols qui participent à dilater les artères pour laisser passer le flux sanguin ».

Date de publication : 9 janvier 2020