SANTÉ PUBLIQUE –Par Marielle Ammouche le 10-09-2019

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Chaque année dans le monde, 800 000 personnes décèdent par suicide, soit une toutes les 40 secondes. Des progrès ont cependant été réalisés ces dernières années du fait notamment de la mise en place de stratégies préventives par les gouvernements. Ainsi le taux mondial, qui s’établissait à 10,5 pour 100 000 habitants en 2016, était en baisse de 9,8% par rapport à 2010, révèle un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié à l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, ce 10 septembre.

Ces diminutions allaient de 19,6% dans la région du Pacifique occidental à 4,2% dans la région de l’Asie du Sud-Est. Seule la région des Amériques – où l’accès aux armes à feu est un important moyen de suicides selon l’OMS – a enregistré une hausse (+6%) au cours de cette période.

Malgré ces évolutions globalement favorables, le nombre de suicide reste très élevé, et « le nombre total de pays possédant des stratégies, qui s’établit à 38 à peine, reste encore trop faible », « les gouvernements doivent s’engager à élaborer de telles stratégies », considère l’OMS.

Si 79% des suicides dans le monde ont lieu dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les pays à revenu élevé présentent le taux le plus élevé : 11,5% pour 100 000 habitants. Les hommes sont 3 fois plus touchés que les femmes. Le pays le plus touché est le Guyana, ancienne colonie britannique située entre le Venezuela et le Surinam, qui affiche un taux de 30,2 pour 100 000 habitants. Vient ensuite la Russie, où l’excès d’alcool est tenu pour responsable du taux de suicide élevé. Parmi les autres pays disposant de taux élevés figurent la Lituanie, le Lesotho, l’Ouganda, le Sri Lanka, la Corée du Sud, l’Inde ou encore le Japon. En France, le taux est de 12,1 pour 100.000 habitants (6,5 pour 100 000 femmes et 17,9 pour 100 000 hommes).

Les plus jeunes sont particulièrement concernés. Ainsi, le suicide représente la deuxième cause de décès chez les 15 à 29 ans, après les traumatismes dus aux accidents de la route.

Les modes de suicide les plus courants dans le monde sont la pendaison, l’auto-empoisonnement par les pesticides et les armes à feu. En conséquence, l’OMS appelle à renforcer la limitation de l‘accès aux pesticides, une méthode qui conduit souvent à la mort de l’individu. « Il existe désormais un corpus de plus en plus important de données internationales montrant que l’interdiction du recours aux pesticides très dangereux peut faire baisser les taux de suicides nationaux », affirme l’OMS.

En France, des actions mises en place à l‘échelon régional

En France, chaque année, 8 500 personnes décèdent par suicide, notre pays étant l’un des plus concernés d’Europe. Il s’agit de la première cause de mortalité chez les 25-34 ans, et la deuxième chez les 15-24 ans. Et plus de 200 000 tentatives sont comptabilisés, rappelle le ministère de la Santé, les jeunes filles de 15 à 19 ans étant particulièrement concernées. C’est pourquoi une stratégie de prévention régionale adaptée au contexte et aux ressources locales a été mise en place. Dans ce cadre, trois actions phares sont en cours de déploiement au niveau régional : le maintien du contact avec les personnes ayant fait une tentative de suicide via le dispositif VigilanS ; une amélioration de la formation des personnels ; et le développement d’actions ciblées pour lutter contre le risque de contagion suicidaire

Sources : Organisation mondiale de la santé (OMS), 9 septembre 2019. Ministère de la Santé, 10 septembre 2019. Avec AFP.

https://www.egora.fr/sites/egora.fr/files/styles/90x66/public/visuels_actus/13reasons.jpg?itok=qPQgDH8fLa série 13 Reasons Why associée à une hausse des suicides chez les adolescents

https://www.egora.fr/sites/egora.fr/files/styles/90x66/public/visuels_actus/suicide_6.jpg?itok=ffSxB1P4Tentatives de suicide : 1 Français sur 14 concerné

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SOCIÉTÉ – Par Y. P. le 02-05-2019

La série 13 Reasons Why associée à une hausse des suicides chez les adolescents

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Une étude établit un lien entre la série américaine 13 Reasons Why, centrée sur le suicide de son héroïne, et un pic de suicides chez les adolescents. La diffusion de la série est associée à 195 suicides supplémentaires chez les adolescents américains au cours de l’année 2017.

La série 13 Reasons Why n’en est pas à sa première polémique. Diffusée sur Netflix, la série avait déjà suscité l’inquiétude au sein de la communauté médicale pour sa façon de traiter du suicide. D’après une étude épidémiologique récemment publiée par Jeffrey Bridge et ses collègues du Nationwide Children’s Hospital de l’Ohio, sa diffusion en 2017 serait liée à une hausse sensible du taux de suicide chez les adolescents américains.

L’étude vient d’être publiée dans le Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, une des principales revues scientifiques de pédopsychiatrie. Elle établit que la série est associée à 195 décès supplémentaires d’adolescents de 10 à 17 ans entre avril (début de la diffusion) et décembre 2017, en contrôlant la tendance générale et l’effet de saisonnalité. C’est l’équivalent d’une hausse de 30 %* de la mortalité par suicide dans cette classe d’âge.

La série américaine 13 Reasons Why, diffusée sur Netflix depuis mars 2017, met en scène l’enquête d’un adolescent de 17 ans qui reçoit des cassettes vidéo d’une de ses amies décédée quelques semaines plus tôt, où elle explique les raisons qui l’ont conduite à mettre fin à ses jours. La série a suscité un engouement important chez les adolescents, au point de susciter une hausse perceptible des recherches sur le suicide sur Google dans les jours suivant sa diffusion.

« Le suicide dépeint dans 13 Reasons Why est raconté de manière irréaliste et sensationnaliste », déplore le Dr Jeffrey Bridge, interrogé par l’AFP. Il déplore également que la méthode employée par Hannah, l’héroïne, soit montrée avec des détails macabres. (La scène clé, esthétisée mais explicite, montre l’adolescente s’entailler les deux poignets avec une lame de rasoir dans sa baignoire.)

Comme dans toute étude observationnelle, les résultats sont à prendre avec prudence. Difficile d’établir un lien de causalité entre le visionnage de la série télévisée et cette recrudescence de suicides, d’autant que la hausse de la suicidalité concerne essentiellement les garçons (76 % des cas), contrairement aux attentes des auteurs. Aucune surmortalité n’a été mise en évidence dans les autres tranches d’âge.

Netflix, qui a reconduit la série pour une troisième saison, a indiqué à l’AFP être « en train d’analyser l’étude » du Nationwide Children’s Hospital pour être sûr de traiter le sujet « de manière responsable ». Face aux inquiétudes, la saison 2 de la série, diffusée en 2018, avait été agrémentée d’un message de prévention à l’adresse des spectateurs fragiles.

[Avec AFP]

* Avec un OR de 1,29 (IC 95 % 1,09 – 1,53).

Bridge et al. Association Between the Release of Netflix’s 13 Reasons Why and Suicide Rates in the United States: An Interrupted Times Series Analysis, Jaacap, 2019.

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