Le nombre de suicides au Québec en 2020 sera dévoilé lundi prochain par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Il ne faut toutefois pas s’attendre à une augmentation malgré les impacts de pandémie sur la santé mentale. Au contraire.
Par Mathieu Ste-Marie
27/01/2022
« Une petite diminution sera constatée », affirme le directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), Jérôme Gaudreault.
Depuis le début de la pandémie, son Association est régulièrement en contact avec le Bureau du Coroner, qui enquête sur les décès, afin de connaître la tendance des suicides dans la province.
M. Gaudreault a donc une très bonne idée de ce qui sera annoncé lundi.
Celui-ci concède que cette légère baisse de suicides envisagée peut sembler surprenante étant donné que la pandémie a entraîné une hausse des symptômes d’anxiété, de dépression et de stress dans la population.
Ces facteurs de risque ont toutefois été contrebalancés par un mouvement de solidarité, estime le directeur général de l’AQPS.
« Des réseaux de solidarités se sont mis en place, les gens ont pris soin les uns des autres.
Des ressources d’aide se sont activées. De plus, le fait de contribuer à quelque chose qui est plus grand que nous et de respecter les mesures sanitaires qui aident à combattre la propagation de la maladie a amené un sentiment d’utilité chez certaines personnes ».
Selon lui, les gens ont bien réussi à s’adapter à la situation de confinement, notamment en utilisant les technologies pour se voir à distance.
Les chiffres pour 2021 seront à peu près similaires à ceux de 2020, selon Jérôme Gaudreault.
Les données de l’année dernière sont toutefois encore fragmentaires puisque plusieurs rapports du coroner n’ont pas été remis et donc l’INSPQ ne pourra pas les dévoiler la semaine prochaine.
Une crise à venir?
Selon l’Association québécoise de prévention du suicide, la hausse du nombre de suicides pourrait survenir après la pandémie.
« Une fois que la pandémie sera derrière nous, il va y avoir une volonté de revenir à la normale.
Mais il y en a pour qui ça ne sera pas le cas. Certains auront perdu leur emploi ou des gens à cause de la maladie, d’autres auront de la difficulté à se réintégrer dans la communauté ou à retrouver un rythme de vie normal », explique Jérôme Gaudreault.
De plus, des Québécois pourraient souffrir de stress post-traumatique plusieurs années après la pandémie comme ce fût le cas après l’explosion ferroviaire à Lac-Mégantic ou les inondations à Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
« Il va falloir rester très attentif aux problèmes de santé mentale longtemps après la fin de la pandémie. »
Des adolescents en dépression
Par ailleurs, si le nombre de suicides n’est pas encore connu, on sait que les jeunes ont été plus particulièrement impactés par la pandémie.
Selon une enquête menée par l’Université de Sherbrooke auprès de 16 500 jeunes de 12 à 25 ans l’an dernier, un jeune sur deux présentait des symptômes d’anxiété ou de dépression.
De plus, l’INSPQ a relevé une augmentation significative des visites à l’urgence pour un trouble de santé mentale chez les adolescents.
«Les jeunes l’ont vécue durement, la pandémie! lance Jérôme Gaudreault.
C’est une période où l’on socialise beaucoup, l’école et le cercle d’amis sont importants.
Les jeunes ont pu être, par exemple, affectés de ne pas avoir eu de bal de finissants ou de rentrée scolaire ».
Mentionnons qu’une inquiétante tendance à la hausse des suicides chez les adolescents se dessine depuis les dernières années.
Nous saurons lundi si cette augmentation se poursuit.