Revue de presse Mediscoop du 26-07-2022 – Date de publication : 26 juillet 2022
« La perte du chromosome Y fragilise le coeur des hommes » (mediscoop.net)
Stéphany Gardier relève dans Le Figaro que « le chromosome Y, présent uniquement chez l’homme, peut disparaître avec l’âge.
Si cela peut surprendre, le fait est en réalité connu de longue date.
Cette anomalie génétique, qui ne touche ni tous les hommes ni toutes les cellules de l’organisme, avait longtemps été considérée comme un simple marqueur de vieillissement ».
« De nombreuses études ont néanmoins montré ces dernières années que les hommes qui perdaient leur chromosome Y avaient une espérance de vie plus courte et un risque augmenté de cancers, de cirrhose et de maladie d’Alzheimer », note la journaliste.
Elle indique qu’« une étude publiée dans la revue Science […] démontr[e] avec élégance comment cette perte chromosomique détériore le fonctionnement du cœur ».
Stéphany Gardier précise : « Parmi les auteurs de ces travaux figure Lars Forsberg, chercheur à l’université d’Uppsala (Suède), connu pour ses études pionnières sur le chromosome Y.
Pendant longtemps, celui-ci n’a pas suscité beaucoup d’intérêt dans la communauté scientifique.
Ce petit bout d’ADN est un des plus petits chromosomes parmi les 46 de l’être humain (23 paires) et ne représente que 0,5 à 1% du génome total.
Depuis sa forme originelle, présente chez l’ancêtre commun à tous les mammifères, il a en outre beaucoup évolué ».
La journaliste rappelle notamment que « la perte du chromosome Y a d’abord été mise en évidence dans certaines cellules du sang, dont des cellules impliquées dans l’immunité innée. […] Le mécanisme en cause n’est pas totalement élucidé, mais il pourrait être lié à des spécificités de structure qui rendent le chromosome Y plus instable et faciliteraient son éviction au moment de la division cellulaire ».
Elle explique que « c’est cette instabilité que l’équipe de Lars Forsberg a recréée en laboratoire afin de produire des cellules souches sans chromosome Y, grâce à la technique de biologie moléculaire Crispr-Cas9. Les cellules ainsi modifiées ont été transplantées chez des souris pour étudier leur vieillissement. Les résultats ont confirmé une espérance de vie réduite chez les souris sans chromosome Y. Elles présentaient également des signes de dysfonction cardiaque avec une présence importante de fibrose dans le cœur ».
Les auteurs indiquent ainsi que « la fibrose est un marqueur de vieillissement et serait impliquée dans 45% des décès dans les pays industrialisés ». « En analysant une large étude britannique portant sur plusieurs milliers d’individus, ils ont pu confirmer que les hommes atteints de cette perte chromosomique sont plus à risque de pathologies et de décès d’origine cardio-vasculaire », continue Stéphany Gardier.
Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille, remarque que « ce modèle animal permet pour la première fois de démontrer de manière très élégante un lien de cause à effet entre perte du chromosome Y et des pathologies liées au vieillissement. Mais ces travaux vont plus loin et apportent aussi de premiers éléments sur les mécanismes en cause ».
La journaliste note que « grâce à des expériences complémentaires, les scientifiques ont en effet montré que certaines cellules immunitaires, les macrophages, favorisent la production de fibrose dans le cœur lorsqu’ils sont dépourvus de chromosome Y ».
Le Pr Amouyel observe qu’« il est difficile de savoir si le même type de mécanisme pourrait expliquer le lien entre perte du chromosome Y et maladie d’Alzheimer, car le cerveau a un système immunitaire spécifique où les fonctions des macrophages sont assurées par les cellules de la microglie. Mais c’est une piste plus qu’intéressante, car des troubles de l’immunité sont évoqués dans la maladie d’Alzheimer ».