Accueil Course au large  Transat Québec – Saint-Malo

Jean-Pierre Dick a arrêté de courir en Imoca, certes. Mais le quadruple vainqueur de la Transat Jacques Vabre, double vainqueur de la Barcelona World Race avec en plus quatre Vendée Globe dans les bottes, n’a pas raccroché le ciré pour autant. Pour sa participation à la prochaine transat Québec-Saint Malo, il recrute deux équipiers payants sur son monocoque JP 54, The Kid. Rencontre au Nautic avec le navigateur niçois pour en savoir plus sur ce recrutement pas ordinaire.

Le JP 54, plan Verdier n’est rien d’autre qu’un « petit » Imoca. Le JP 54, plan Verdier n’est rien d’autre qu’un « petit » Imoca. | TIM WRIGHT / ARC

Didier RAVON. Publié le 14/12/2019 à 19h31

Jean-Pierre Dick vient juste d’atterrir au petit matin en provenance des Antilles après avoir à nouveau remporté dans sa classe l’ARC (l’Atlantic Rallye for Cruisers) entre Las Palmas et Sainte-Lucie, à bord de son JP54. Il est venu directement au Nautic. En plein « jet lag », donc.

Il a le teint hâlé et les paumes rêches de ceux qui viennent de terminer une transat en ayant tiré sur les bouts. « Retraité » des courses en Imoca, « JP » continue à naviguer en course, mais sur un autre mode, en équipage, et à bord de son JP 54, monocoque de 16,45 mètres aussi performant que confortable dessiné par Guillaume Verdier.

Et ce fameux recrutement ? « Mon but, c’est de permettre à des plaisanciers aguerris de vivre leur rêve en disputant une transat en course. J’arrive à un âge (54 ans – N.D.L.R.) où j’ai envie de transmettre cette passion du large et de la course. Mon père m’a transmis le virus de la voile. À mon tour de la faire. Et comme j’ai cette opportunité, je ne m’en prive pas. »

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The Kid à son arrivée à Sainte-Lucie il y a quelques jours. | TIM WRIGHT / ARC

« Nous nous sommes régalés lors de l’ARC où il y avait quand même près de 200 bateaux, et face à des Swan 80, Mylius 60, Volvo 65 ou encore Ulisse, le plan Frers de Patrizio Bertelli patron de Prada…, raconte Jean-Pierre Dick. Nous avons mis douze jours en effectuant une route très Sud et en rasant les îles du Cap Vert pour aller chercher les alizés. »

Deux pros et quatre amateurs à bord

« Je fonctionne toujours selon le même format, ajoute le Niçois qui a déjà pratiqué de tels recrutements au cours de deux dernières saisons. Nous sommes six à bord : un « pro », capitaine 200, quatre équipiers amateurs et moi. L’idée c’est de leur faire vivre une course au large dans de vraies conditions, avec un régleur de spi 24 heures sur 24, des quarts tournants de trois heures sur le pont et trois heures de repos, des manœuvres propres. »

« J’essaye de leur apprendre comment l’on mène un bateau à fond tout en veillant à les encadrer, de leur faire partager la stratégie, de leur expliquer pourquoi l’on tente telle ou telle option météo… »

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Autour de son skipper Jean-Pierre Dick (2e à gauche), un équipage chanceux et heureux ! | TIM WRIGHT / ARC

Jean-Pierre Dick, réputé pour « torcher de la voile », n’est pas du style à rester en mode croisière, et affaler le spi à la tombée de la nuit. Avant chaque grande course, le programme est le même avec quatre journées intenses de navigation dans les conditions de course, généralement entre Lorient et Cascais au Portugal, et une journée de formation météo avec Jean-Yves Bernot que l’on ne présente plus.

« Cela me permet déjà de voir comment ils barrent et se comportent à bord, de m’assurer qu’ils sont prêts à sauter le pas afin qu’ils vivent un rêve et pas un cauchemar pour souvent leur première traversée de l’atlantique. »

Une aventure hors norme

« Le JP 54 est un peu « l’enfant » d’un 60 pieds Imoca, d’où son nom de baptême The Kid, précise le niçois. C’est une luge en carbone qui glisse vraiment au portant. C’est un bateau puissant, toilé et assez fabuleux, où à la barre tu as des sensations. »

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À 54 ans et après vingt ans de course, Jean-Pierre Dick a décidé de permettre à des marins aisés de s’offrir un rêve. | DIDIER RAVON

« Nous faisons régulièrement des journées à plus de 300 milles (12,5 nœuds de moyenne), et là lors de l’ARC, notre meilleur « chrono » a été de 340 milles en 24 heures à plus de 14 nœuds de moyenne. Ce n’est pas anodin, et pour des « amateurs » c’est l’assurance de vivre une aventure hors-norme, et d’avoir le sentiment de goûter un peu ce que vivent les marins du Vendée Globe lors de la descente vers le Sud. »

« Et puis nous sommes là pour gagner la course. C’est donc un vrai challenge. Je leur tire sur le lard, précise en rigolant « JP ». Il faut se faire un peu mal quand il faut border et choquer l’écoute de gennak entre 2 et 3 heures du matin. »

« En même temps, ce n’est pas un Imoca ! Tu ne dors pas sur un matelas entre deux varangues mais dans une vraie cabine, tu peux prendre autant de douches que tu veux grâce au dessalinisateur, il y a un carré futuriste et confortable, une belle cuisine et un avitaillement que je tiens à soigner et qui n’est pas uniquement composé de sachets lyophilisés… »

Il se dit que l’équipage a pris tellement de plaisir qu’il ne voulait plus quitter le bord et a effectué le convoyage entre Sainte-Lucie et la Martinique.

Places à vendre pour Québec Saint-Malo !

À l’occasion de la 10e édition de Québec Saint-Malo qui partira le 12 juillet, transat de 3 000 milles disputée tous les quatre ans, avec notamment la longue descente du fleuve Saint-Laurent avant d’attaquer l’Atlantique Nord, Jean-Pierre Dick renouvelle l’opération « ARC », selon exactement le même programme, avec quatre jours préalables d’entraînement, une journée météo… et l’objectif de remporter l’épreuve en classe Open monocoque 45 à 70 pieds.

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L’intérieur futuriste et original du JP54. | DIDIER RAVON

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La table à cartes est montée sur un satellite pivotant | DIDIER RAVON

Il cherche deux équipiers pour compléter l’équipage. La prestation a un prix, certes (tarif sur demande à dick@absolute-dreamer.com). Elle comprend les quinze jours de course, mais haut de gamme, les cinq journées préalables de « formation », la fourniture de l’équipement de sécurité (combinaison de survie et balise personnelle), deux nuits d’hôtel à Québec et une à Saint-Malo… et bien sûr l’avitaillement.

« C’est un prix élevé évidemment, et que je ne souhaite pas communiquer. Mais c’est quand même une expérience unique à vivre une fois dans sa vie. Et l’on est quand même dans la peau d’un coureur pro sur un bateau de course hyperpréparé et avec un jeu de voiles dernier cri et tout l’équipement high-tech » conclu « JP ».

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