https://www.jim.fr/e-docs/00/02/9E/11/carac_photo_1.jpeg Publié le 04/05/2018

La recommandation européenne sur la prévention des maladies cardiovasculaires stipule qu’au-delà de 80 ans, les valeurs cibles de pression artérielle peuvent être assouplies, et qu’un seuil de 140-150 mm Hg pour la systolique peut être admis (au lieu de 140 mmHg). Les personnes âgées ont longtemps été exclues des études concernant la prévention cardiovasculaire, mais de récents travaux ont montré qu’une réduction trop stricte de la pression artérielle pouvait avoir des effets négatifs supérieurs au bénéfice attendu. Les résultats des études sont toutefois conflictuels.

Qu’en pensent les médecins généralistes ? Quelles sont leurs habitudes en terme de prise en charge de l’hypertension chez les personnes très âgées ? Ont-ils tendance à initier des traitements ou au contraire à « déprescrire » et s’estiment-ils suffisamment informés et guidés par les recommandations ? C’est que qu’a voulu savoir une équipe hollandaise en interrogeant sur leur pratique une cinquantaine de médecins généralistes.

Ces derniers semblent majoritairement réticents à commencer ou à intensifier un traitement antihypertenseur, particulièrement chez les plus de 80 ans, si le patient paraît avoir une espérance de vie limitée ou s’il est fragile. Dans ces cas, une pression systolique supérieure à 180 mmHg, des antécédents de pathologie cardiovasculaire ou de diabète peuvent tout de même inciter au traitement. Les préférences du patient ou ses inquiétudes face aux conséquences de son hypertension ont aussi une influence non négligeable sur la décision.

Une tendance à poursuivre le traitement à l’identique

Concernant la « déprescription », les généralistes font part de leurs réticences et admettent une tendance à poursuivre les traitements à l’identique par manque de temps, par routine et par crainte des ennuis que peut engendrer la perturbation d’un équilibre fragile. En revanche, ils sont enclins à arrêter le traitement quand le patient est en fin de vie ou quand le patient est équilibré depuis longtemps et qu’il manifeste lui-même le souhait de réduire son traitement, ou encore présente des effets secondaires. La déprescription est plus facile pour les praticiens qui en ont l’habitude et s’inquiètent moins des conséquences négatives possibles.

En revanche, les médecins généralistes estiment que les recommandations ne les guident pas assez dans leurs décisions, que ce soit pour décider de l’initiation d’un traitement, mais plus encore pour son arrêt.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCE

Van Middelaar T. et coll. : Prescribing and deprescribing antihypertensive medication in older people by Dutch general practitioners: a qualitative study. BMJ Open 2018;8:e020871

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