Accueil Course au large Golden Globe Race

Les trois leaders de la 2e Golden Globe Race autour du monde en solitaire pourraient finalement passer presque groupés dès vendredi 23 décembre devant la Tasmanie avant de continuer leur route vers le cap Horn tandis que l’américain Eliott Smith, benjamin de cette course sans escale et sans moyens modernes de navigation, semble inéluctablement condamné à l’abandon pour cause d’avarie grave et irréparable en mer de son bout-dehors.

Le point avec le directeur de course, Sébastien Delasnerie.

Avant d’annoncer bientôt son très probable abandon, Eliott Smith avait une première fois tenté de réparer son bout-dehors arraché.Une image contenant texte, clipart

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Avant d’annoncer bientôt son très probable abandon, Eliott Smith avait une première fois tenté de réparer son bout-dehors arraché. | SIMON MCDONNELL / FBYC

Nicolas FICHOT. Publié le 21/12/2022 à 19h01

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Golden Globe Race. Regroupement pour les trois leaders, abandon inéluctable pour le benjamin (ouest-france.fr)

Ils étaient 16 concurrents au départ de cette 2e édition de la Golden Globe Race le 4 septembre dernier aux Sables-d’Olonne.

16 skippers en solitaire parés pour faire le tour du monde sur des yachts vintages, sans escale et sans moyens de communication ou de navigation modernes.

Abandons en série

Après une série d’abandons, ils ne sont plus que six aujourd’hui à prétendre pouvoir continuer cette épreuve en respectant l’avis de course, c’est-à-dire notamment l’obligation de franchir avant le 31 janvier prochain à 12H00 GMT une porte symbolique devant le port d’Hobart (Tasmanie) avant de continuer leur route dans de bonnes conditions de sécurité vers le cap Horn en raison de la fin de la belle saison prévue ensuite dans l’hémisphère Sud.

Ici, pour suivre les concurrents en direct. Tracking

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Les trois leaders en approche de la Tasmanie, mercredi. | DR / GGR2022

« Pour le benjamin de la course, l’américain Eliott Smith, cela semble très mal parti pour parvenir à Hobart dans les temps, explique mercredi à Voiles et Voiliers le directeur de course, Sébastien Delasnerie. 

Alors qu’il passait près de Cape Town, il en avait profité pour se mettre à l’abri pour réparer le bout-dehors de son voilier Second Wind. Il était reparti avec sa réparation de fortune mais ça a recassé au large ».

Il a été brinquebalé de toutes parts et a perdu ses outils et ses pièces de rechange par-dessus bord

« Lundi dernier, Elliott a recommencé à tenter de réparer son bout-dehors en pleine mer.

Son objectif : faire tomber l’étai pendant que le mât est maintenu avec deux drisses de spi et l’étai de trinquette afin de monter un hauban plus court en guise d’étai principal.

Puis raccourcir le profil de l’enrouleur, le remonter avec des entretoises et une chaîne fixée sur l’étrave en se passant désormais du bout-dehors ».

« Hélas, même si le vent était tombé à ce moment-là, Elliott avait encore 3 mètres de houle rendant les réparations en haut du mât.

Il y est néanmoins monté pas moins de 10 fois, mais les mouvements en haut du mât, à 13 mètres au-dessus du niveau de la mer, étaient trop importants.

Il a été brinquebalé de toutes parts et a perdu ses outils et ses pièces de rechange par-dessus bord, notamment son étai de rechange, indispensable à la réparation ».

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L’Anglais Guy Waites a dû renoncer à la course et continuer en classe Chichester après avoir dû faire escale pour nettoyer sa coque infestée de berniques. | DR / KARIN SMIT

« Il a réussi à frapper ses deux drisses de spi et celle de rechange de sa grand-voile sur une amure à l’avant mais il ne peut naviguer qu’avec 2 ris et sa trinquette, au maximum.

Et dans des conditions de sécurité très précaires. Continuer tout droit vers Hobart ainsi était presque impensable, il l’a compris ».

Je pense que je vais devoir m’arrêter là !

« Pour lui, c’est donc a priori la fin de sa course et de son rêve.

Il sera en classe Chichester à son arrivée en Australie, à Fremantle ou à Albany dont il est encore à 2300 milles dans le Sud-Ouest, soit dans un mois environ.

Même s’il réussit à réparer au mouillage, ce qui est hautement improbable puisque l’assistance est interdite, il n’aura alors vraisemblablement pas le temps de passer la porte d’Hobart dans les temps et serait donc hors course.

Je l’ai encore eu à la radio ce mercredi matin.

Il m’a dit : – Je pense que je vais devoir m’arrêter là ! -. Il était immensément triste ».

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Victime de liaisons radio dégradées lui donnant des infos météo fiables, l’Anglais Simon Curwen a vu fondre sa large avance sur ses principaux rivaux. | NICOLAS FICHOT

En tête de course, les trois leaders depuis l’Atlantique Sud continuent leur régate XXL.

« Le premier, Simon Curwen, solidement installé en tête depuis l’atlantique Sud vient de perdre beaucoup de terrain sur ses deux principaux poursuivants, ajoute Sébastien Delasnerie.

Il a été victime d’une dégradation de réception avec sa radio traditionnelle, la seule autorisée.

Il peut entendre ses concurrents mais ne peut pas leur parler.

Et cette dégradation des liaisons ne lui a pas permis de se positionner par rapport à un anticyclone.

Il est tombé dans ce piège et pendant plusieurs jours, il a été scotché ».

Kirsten Neuschäfer a pu effectuer une -cuillère- en contournant la haute pression par le Sud

« Sa première poursuivante, Kirsten Neuschäfer, avait reçu les bonnes informations météo et a donc pu effectuer une -cuillère- en contournant la haute pression par le Sud.

Alors qu’elle était à 700 milles derrière lui et qu’ils ont tous deux commencer à retoucher du vent, elle est désormais à 200 milles derrière lui tandis que le troisième, l’indien Abhilash Tomy est lui à 300 milles derrière Kirsten Neuschäfer ».

« Ce qui fait que ces trois leaders naviguent désormais dans le même système météo à peu près, dit encore Sébastien Delasnerie.

Cela diminue les risques entre eux de passages à niveau, donc d’écarts colossaux qui s’établissent en peu de temps dans ce cas-là. La course est relancée ».

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Troisième de la course, l’indien Abhilash Tomy s’est rapproché du leader. | DR / AÏDA VALCEANU / GGR2022

C’est probablement le vendredi 23 décembre que Simon Curwen passera la porte d’Hobart, suivi a priori par ses deux chasseurs.

Avant de poursuivre leur longue route vers le cap Horn, ces trois skippers auront obligation de mouiller à l’abri de Hobart pendant 90 minutes au moins pour échanger notamment des photos et des vidéos avec le fondateur de la course,

Don McIntyre qui sera sur place avec une partie de son équipe.

Lettres ou messages familiaux

« Pendant cette sorte d’escale au mouillage, précise le directeur de course, toute assistance et tout contact humain seront évidemment interdite mais l’avis de course a prévu quelques tolérances.

Alors que les skippers n’ont pas de téléphone à bord pour joindre leur famille, un dinghy « ami » pourra s’approcher de leur bateau et les mettre en contact ou presque avec leur famille à l’aide d’un téléphone équipé d’un haut-parleur.

Ce proche dans son dinghy pourra aussi leur lire à haute voix des lettres ou des messages familiaux.

Puis les skippers repartiront. Cap vers le Horn puis Les Sables-d’Olonne, pour 100 jours encore, au mieux, de solitude ».