Publié le 21/03/2022
L’hypercholestérolémie est un facteur d’athérosclérose détectable et contrôlable dès l’enfance.
Sur cette base un dépistage des anomalies lipidiques [DAL] a été recommandé à titre systématique dès l’âge de 2-3 ans en France, par la Nouvelle Société Française d’Athérosclérose et la Société Française de Pédiatrie, et entre 9 et 11 ans aux USA, par le National Heart, Lung and Blood Institute ainsi que par l’American Academy of Pediatrics.
Cependant, il est controversé, et, en pratique, il est laissé à l’initiative des médecins traitants.
Une étude rétrospective sur dossiers rapporte les résultats d’une tentative de généralisation du DAL aux enfants de 9-11 ans qui passaient un examen de santé au cours d’une période de 3 années, à la Clinique de Pédiatrie de l’Université de San Diégo (USA).
En 2014, 2015 et 2016, 1 039 enfants de 9-11 ans ont consulté pour un examen de santé.
Vingt-trois pour cent étaient en surpoids ou obèses et 23 % avaient des antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire.
Seulement un tiers des enfants éligibles (343/1 039) a effectivement eu un bilan lipidique.
Le bilan a été prescrit à 69 % des enfants et la prescription a été exécutée moins d’une fois sur deux. (Le bilan n’était pas prélevé en consultation, ce qui obligeait les parents à emmener leur enfant dans un laboratoire de ville).
Dans 20 % des cas (68/343) le bilan lipidique n’a pas été un DAL proprement dit (juste les dosages du cholestérol total et du HDL-cholestérol) mais d’emblée l’exploration d’une anomalie lipidique [EAL] en état de jeûne, comprenant outre les dosages du cholestérol total et du HDL-cholestérol, le calcul du LDL-cholestérol et le dosage des triglycérides.
Un surpoids/une obésité, des antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire incitaient les médecins à prescrire une EAL en première intention.
30 % des enfants avec un résultat anormal ne sont pas en surpoids ni n’ont d’antécédents familiaux cardiovasculaires
En additionnant les résultats anormaux des DAL proprement dits (35 anomalies lipidiques) et des EAL réalisées d’emblée (27 dyslipidémies), le rendement des bilans lipidiques initiaux s’élève à 18 % dans la population testée (62/343).
Un résultat anormal est fortement associé à un IMC élevé (p <0,001).
Cependant, 30 % des enfants avec un résultat anormal n’ont ni surpoids ni antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire et auraient été méconnus par un dépistage orienté.
En additionnant les résultats anormaux des EAL réalisées d’emblée (27/68) et des EAL réalisées suite à un DAL anormal (8/35), le taux de dyslipidémies détectées est de 10 % dans la population testée (35/343).
Il n’a pas semblé acceptable d’imposer aux enfants une seconde EAL en état de jeûne pour confirmer la dyslipidémie.
Vingt-sept des 35 enfants dyslipidémiques ont reçu des conseils hygiéno-diététiques, souvent avec le concours d’une diététicienne.
Vingt-quatre ont été revus au cours des 3 années suivant la découverte de la dyslipidémie : 10 EAL de contrôle sur les 11 réalisées sont toujours anormales, aucun traitement hypocholestérolémiant n’a été débuté.
Malgré ses limites, cette étude montre que le dépistage des anomalies lipidiques peut identifier un nombre non négligeable d’enfants dyslipidémiques.
Elle suggère aussi qu’il n’est justifié que si la découverte d’une dyslipidémie débouche sur une prise en charge de longue durée, comportant un régime alimentaire, une activité physique, et, éventuellement, un traitement médicamenteux, difficiles à faire accepter et observer par les enfants et les adolescents.
Dr Jean-Marc Retbi
RÉFÉRENCE: Eichberger L et coll. : Universal lipid screening among 9- to 11-year-old children : screening results and physician management. Clin Pediatr., 2022 ; 61 : 280-288.
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