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A Sydney deux sexagénaires viennent de monter sur le podium du championnat des 18 pieds Australiens, des bateaux pourtant surtoilés et exigeants physiquement !

Sean Langman, 60 ans, et John Winning Senior, 69 ans, ont donné du fil à retordre au vainqueur Jack Macartney et à tous les autres équipages.

La voile, ça conserve ! Ambiance en Australie.

Jack Macartney entouré de John Winning Senior (à droite) et Sean Langman, deux vétérans de la classe qui ne cessent de continuer à apprendre et performer au plus haut niveau d’une classe pourtant très exigeante, notamment physiquement. | CHRISTOPHE FAVREAU

Christophe FAVREAU. Publié le 31/01/2022 à 12h05

Ce qui frappe d’abord lorsque l’on arpente le Steyne Park qui jouxte le Double Bay Sailing Club de Sydney, où se rejoignent chaque dimanche (d’octobre à mars) les pratiquants du 18 pieds australien, c’est la grande amplitude d’âge au sein de la flotte.

Les vétérans font plus que de la résistance

Pourtant, à voir débouler ces bolides surtoilés au portant, on pourrait croire la pratique de cet engin spectaculaire réservée à de jeunes têtes brûlées aux larges épaules.

Bon, il faut bien admettre qu’ils sont largement représentés au sein de la vingtaine d’équipages présents lors de la dernière manche du championnat de Nouvelle-Galles du Sud, mais quelques vétérans font de la résistance. Et pas qu’un peu.

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Sur le parc qui jouxte le Double Bay Sailing Club, la fascination qu’exerce les 18 pieds australiens touche toutes les générations…Qui se retrouvent sur l’eau pour s’affronter. | CHRISTOPHE FAVREAU

John Winning Senior, pratiquant de la classe des 18 pieds depuis plus de 50 ans explique. 

« Tous les postes à bord n’ont pas la même exigence. Être barreur demande beaucoup moins de force que celle demandée aux équipiers en charge de la grand-voile ou du spi.

Si l’on parvient à rester suffisamment agile, continuer à barrer n’est pas si compliqué ».

Un constat que partage Sean Langman. 

« La force du 18 pieds, c’est que nous sommes trois à bord. Si vous mettez trois vieux comme John ou moi, nous aurons beaucoup de mal à performer.

Par contre, si l’on s’associe à des plus jeunes, qui sont également de très bons marins, alors il y a moyen de continuer à jouer aux avant-postes », explique le barreur tout en remerciant ses deux jeunes et solides coéquipiers Ed Powys et Josh Porebski.

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À 60 ans, Sean Langman continu à prendre beaucoup de plaisir à participer au circuit des 18 pieds.

« Je ne cesse d’apprendre », explique le vétéran qui travaille actuellement à développer une aile à double profile, inspirée de celles utilisées par les AC75 de la dernière America’s Cup. | CHRISTOPHE FAVREAU

Cette alchimie, si particulière aux 18 pieds, consiste à chorégraphier les mouvements de trois équipiers, qui doivent naviguer « en rythme », au diapason les uns des autres afin que les manœuvres et les relances soient les plus fluides possibles, les plus efficaces.

La recherche de la vitesse optimale se trouve dans un subtil équilibre fait de qualités physiques indispensables pour mener un tel bateau mais également de technique et d’expérience qui donnent aux vétérans de la classe un supplément de compétences qui vient compenser les effets de l’âge…

Ce que fait John est fantastique. Je suis certain que je ne naviguerai plus depuis longtemps à son âge. Je pense qu’il est fou

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Le travail de coordination est primordial à bord de ce bateau très puissant où trois équipiers doivent ensemble maintenir l’équilibre le plus efficace, notamment dans les manœuvres, particulièrement délicates. | CHRISTOPHE FAVREAU

Reste qu’il faut garder l’envie !

À 40 ans, le vainqueur du week-end Jack Macartney ne se voit pas continuer jusqu’à 70. 

« Ce que fait John est fantastique. Je suis absolument certain que je ne naviguerai plus depuis longtemps à son âge. Je pense qu’il est fou (rires) ». 

Une folie que le skipper de Yandoo voit plutôt comme la chance de pouvoir continuer à prendre du plaisir à naviguer, après avoir longtemps travaillé à développer son entreprise, très éloignée du monde vélique. 

« J’ai eu la chance de pouvoir prendre tôt ma retraite, il y a 17 ans.

Cela m’a permis de m’entraîner régulièrement et de rester suffisamment en forme, plus sans doute que si j’avais dû continuer à mon activité professionnelle.

Mais le vrai secret de ma longévité dans la classe, c’est surtout le plaisir que j’y prends je crois.

C’est pour moi la plus belle classe au monde et ce n’est pas un hasard si beaucoup de marins professionnels comme Rob Greenhalgh ou David Whitt viennent régulièrement naviguer avec nous, alors qu’ils ne sont pas payés pour le faire.»

Nous allons essayer beaucoup de choses pour être encore plus performants. Avec les 18 pieds, on n’a jamais fini d’apprendre

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Les régates de 18 pieds se déroulent depuis toujours au milieu du trafic incessant de la baie de Sydney.

Pas toujours facile de se frayer un chemin entre les ferries, vedettes à passagers, bateaux privés et autres party boats ! | CHRISTOPHE FAVREAU

Une passion intacte qui a permis à John Winning, accompagné de Fang Warren et Mike Kennedy, de se classer deuxième du championnat de Nouvelle Galles du Sud.

Après avoir longtemps mené le classement provisoire, il s’est donc incliné cette nuit face aux tenants du titre Jack Macartney, Charlie Wyatt et Lewis Brake, auteurs d’une remarquable dernière manche où ils ont démontré une petite supériorité au portant dans le vent modéré de 12 nœuds qui a soufflé tout au long de la course.

Sean Langman et ses hommes ont fini deuxièmes, après avoir mené un moment. 

« Nous essayons une nouvelle grand-voile à double profil, comme sur les AC75 de la Coupe de l’America.

Dans quelques jours, je recevrai mon nouveau bateau.

Nous allons essayer beaucoup de choses pour être encore plus performants. Avec les 18 pieds, on n’a jamais fini d’apprendre ! », assure le vétéran.

Le championnat national qui débute samedi pourrait donc révéler de nouvelles évolutions intéressantes.

Si la jauge est beaucoup plus restrictive qu’à une certaine époque, elle laisse encore un peu de latitude, notamment au niveau du gréement…

De quoi faire parler l’expérience.

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