Publié le 03/10/2018
L’incidence du diabète de type 1 augmente de 3 à 4 % chaque année en Europe, particulièrement chez les enfants de moins de 5 ans. Cette augmentation semble largement supérieure à ce que l’on peut attendre avec la seule génétique, suggérant l’importance des facteurs environnementaux. Les protéines du gluten des céréales, blé, orge et seigle, sont l’un des facteurs suspectés d’être impliqués dans le développement du diabète. Leur concentration en proline et en glutamine en fait des aliments très hydrophobes et en partie résistants à la dégradation intestinale. Cela pourrait les rendre plus immunogènes que les autres protéines alimentaires. Il s’est avéré que, dans un modèle animal de diabète de type 1, un régime maternel sans gluten pendant la grossesse éliminait presque complètement le risque de diabète de type 1 dans la descendance.
Une équipe danoise a voulu vérifier si cela se confirmait chez l’homme et a réalisé une étude prospective de cohorte incluant toutes les femmes enceintes enrôlées dans la National Birth Cohort entre janvier 1996 et octobre 2002. Un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires, en 360 items, était adressé aux participantes à la semaine 25 de leur grossesse. La survenue d’un diabète chez les enfants nés de ces grossesses était renseignée jusqu’en mai 2016.
Un risque deux fois plus élevé avec 20 g par jour par rapport à moins de 7 g
Au total 101 042 grossesses ont été suivies et 67 565 questionnaires ont été retenus. La consommation moyenne de gluten est de 13 g/jour, se situant entre moins de 7 g/jour et plus de 20 g/jour. Pendant un suivi moyen de 15,6 ans, l’incidence du diabète de type 1 parmi les enfants est de 0,37 % (n=247). Il apparaît que la consommation maternelle de gluten pendant la grossesse est fortement associée à la survenue d’un diabète de type 1 chez l’enfant, avec un risque augmentant de manière proportionnelle (Hazard Ratio HR 1,31 ; intervalle de confiance à 95 % IC 1,001 à 1,72 pour chaque augmentation de 10 g de la consommation). Les enfants dont la mère consomme le plus de gluten ont un risque de diabète de type 1 2 fois plus élevé que ceux dont la mère en consomme le moins (≥ 20 g vs< 7g : HR 2,00 ; IC 1,02 à 4,00).
Notons toutefois que la consommation de gluten et l’apport total de calories sont corrélés et que d’autre part, un indice de masse corporelle (IMC) élevé ou un diabète gestationnel sont tous deux associés au diabète de l’enfant. L’association entre la consommation de gluten et le risque de diabète pourrait donc passer par un IMC élevé chez les plus fortes consommatrices de gluten. Les auteurs notent toutefois que ce n’est pas le cas. Ils avancent l’hypothèse d’une interaction complexe qui interviendrait sur la pathogénie du diabète, et impliquerait l’alimentation, le développement de l’immunité, le microbiote et la perméabilité intestinale.
Ces résultats ne justifient pas pour l’instant une modification des recommandations diététiques pour la femme enceinte. Ils nécessitent bien entendu d’être vérifiés par d’autres travaux.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES – Antvorskov JC et coll. : Association between maternal gluten intake and type 1 diabetes in offspring: national prospective cohort study in Denmark.
BMJ2018;362:k3547
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