Accueil /  Actualité pharmaceutique / Marie Bonte | 13.09.2019

Boulimie et hyperphagie boulimique : comment les repérer au comptoir

boulimieLe Quotidien du Pharmacien

BURGER/PHANIE Zoom

CRÉERNE ALERTE

Silencieux, les troubles du comportement alimentaires que sont la boulimie et l’hyperphagie boulimique sont difficiles à déceler, les patients ayant le plus souvent honte d’en parler. Pour la première fois, la Haute Autorité de santé publie des recommandations permettant de repérer ces troubles afin de les prendre en charge le plus rapidement possible.

Certains signes peuvent alerter : une abrasion de la main liée aux vomissements, des troubles de la fertilité, une hypokaliémie ou encore un angle sous-mandibulaire gonflé. De même, un patient réclamant fréquemment des diurétiques ou des laxatifs, voire un régime amaigrissant, un autre qui pratique le sport de manière addictive. Ces différents profils peuvent conduire l’équipe officinale à suspecter des troubles de conduites alimentaires telles que la boulimie ou l’hyperphagie boulimique, des pathologies qui touchent respectivement 1,5 % des 11 – 20 ans (dont ¾ sont des filles) et 4 % de la population adulte.

Or, sous l’emprise des tabous qui pèsent sur ces comportements, les patients expriment peu ou pas du tout leurs troubles. Ils sont d’autant plus difficiles à déceler que le patient boulimique parvient, par ses pratiques compensatoires (vomissements, exercice physique intense…), à maintenir son IMC à un taux normal.

____________________________________________________________

À LIRE AUSSI -> Le baclofène pourrait être efficace contre la boulimie

____________________________________________________________

Afin d’aider au repérage de ces comportements à risque et à une prise en charge précoce permettant un meilleur pronostic, la Haute Autorité de santé (HAS) et la Fédération française d’anorexie boulimie (FFAB) publient pour la première fois des recommandations à l’intention des professionnels de santé, mais aussi des patients eux-mêmes et de leur entourage. Ces documents, publiés sous forme de fiches, complètent les recommandations de la HAS de 2010 sur l’anorexie mentale, offrant ainsi un tableau exhaustif des troubles des conduites alimentaires (TCA).

Source : Lequotidiendupharmacien.fr

================================================================

PSYCHIATRIE   –   Par Marielle Ammouche le 12-09-2019

Boulimie et hyperphagie : de premières recommandations pour mieux les repérer

https://www.egora.fr/sites/egora.fr/files/styles/290x200/public/visuels_actus/boulimie_anorexie.jpeg?itok=QxJ8vfwH egora.fr

La Haute Autorité de Santé vient de publier, en association avec la Fédération française d’anorexie boulimie, des recommandations sur le repérage et la prise en charge de la boulimie et l’hyperphagie boulimique. 

Bien que fréquente, la boulimie reste sous-diagnostiquée ; ce qui est préjudiciable au patient car une prise en charge précoce diminue de façon importante le risque de complications qu’elles soient somatiques ou psychiques, et du retentissement familial et social. C’est pourquoi, la Haute Autorité de santé (HAS) en association avec la Fédération française d’anorexie boulimie (FFAB) vient de publier, pour la première fois, des recommandations sur le repérage et la prise en charge de la boulimie et de l’hyperphagie boulimique. Cette dernière entité se distingue de la boulimie par l’absence de comportements compensatoires, ce qui entraine une augmentation du poids chez les patients.

La boulimie concernerait ainsi 1,5% des 11-20 ans, en majorité des jeunes filles (trois fois plus que les garçons). Alors 3 à 5% de la population seraient concernés par l’hyperphagie boulimique, qui est plutôt diagnostiquée à l’âge adulte et touche presque autant d’hommes que de femmes.

Ces troubles sont « difficiles à repérer «  reconnait la HAS. A cela plusieurs raisons. Et en premier lieu le fait que les patients n’osent pas parler de leur trouble. Ils ont un sentiment de honte et de culpabilité, souvent amplifié par l’entourage qui critique un « laisser aller » ou un « manque de volonté ». Les patients sont stigmatisés, se murent alors souvent dans le silence, et n’en parlent pas aux professionnels de santé.

En outre, contrairement à l’anorexie, la boulimie ne se voit pas, l’IMC des patients restant souvent dans les limites de la normale. En cas d’hyperphagie, souvent associé à une obésité, on ne s’arrête souvent pas sur une possible cause…

Des populations à risque, des signes d’alerte

Le rôle du professionnel de santé de premier recours, et en particulier du médecin généraliste, est donc fondamental dans le repérage de ces troubles. Des populations sont connues pour être particulièrement à risque : les étudiants, les sportifs, les patients souffrant d’obésité… Certains signes doivent alerter : une érosion des dents, une abrasion de la main liée aux vomissements, des troubles de la fertilité, une hypokaliémie, un angle sous-mandibulaire gonflé, une demande de régime amaigrissant voire de chirurgie bariatrique.

La prise en charge sera triple, visant à traiter les complications somatiques, restaurer un comportement alimentaire adapté, et traiter les troubles psychiques associés. En plus des troubles métaboliques qui entrainent une surmortalité, il existe chez ces patients un risque élevé de comorbidités psychiques et de suicide. La boulimie et l’hyperphagie boulimique sont ainsi fréquemment associées à la dépression, aux troubles de la personnalité, aux troubles anxieux ou aux troubles addictifs.

La prise en charge devra donc être « d’emblée pluriprofessionnelle et coordonnée : somatique, psychiatrique, nutritionnelle, sociale et familiale « . Une prise en charge précoce permettra aussi de favoriser une guérison plus rapide, et d’éviter le passage à la chronicité. Le risque de récidive étant fréquent. Enfin,  tout au long de la prise en charge, la famille et l’entourage devront être largement impliqués : « leur soutien sera un élément clé dans le processus de rétablissement au long cours » insiste la HAS.

En plus de ces recommandations, la HAS publie des fiches outils sur le repérage et la prise en charge de ces deux troubles, qui s’adressent aussi bien aux professionnels qu’aux patients et à leur entourage.

Sources :  Source : Haute Autorité de santé, 12 septembre 2019
https://www.has-sante.fr/jcms/c_2581436/fr/boulimie-et-hyperphagie-boulimique-reperage-et-elements-generaux-de-prise-en-charge

Diaboulimie : se priver d’insuline pour mincir

================================================================

Accueil Santé Recos / pratique – PAR COLINE GARRÉ – PUBLIÉ LE 12/09/2019

Boulimie, hyperphagie boulimique : la HAS donne les clefs pour repérer des troubles méconnus

https://static3.lequotidiendumedecin.fr/cdn/ff/aepfPoYiHlQuLfka-h10WcnacQ5e_d0hqaMU6Bae2wo/1568281970/public/styles/gps_large/public/images/2019/09/4433e4a9-28c3-422b-a7cc-ac26491b0b6e.jpg?itok=kQAVD9Jg Crédit photo : PHANIE

Cachées par honte, peu visibles, la boulimie et l’hyperphagie boulimique (et a fortiori leurs formes partielles) sont insuffisamment repérées et prises en charge en France. Pourtant, la boulimie concerne 1,5 % des 11-20 ans (et trois fois plus de filles que de garçons) et l’hyperphagie boulimique, 3 à 5 % de la population. Ces troubles des conduites alimentaires (TCA) ont un retentissement majeur sur la santé psychique et physique.

La Haute Autorité de santé (HAS) publie en partenariat avec la Fédération française anorexie boulimie (FFAB) des recommandations de bonne pratique pour le repérage et la prise en charge de ces TCA chez l’adolescent et l’adulte. Très attendues, réclamées depuis 2011 par les spécialistes et les usagers, elles complètent les recommandations parues en 2010 sur l’anorexie mentale. Et sont accompagnées de 8 fiches pratiques.

Plusieurs populations cibles

« Tout acteur du système de soins est à même d’effectuer un repérage », lit-on. Les généralistes sont au premier rang. Mais « les patients ne les consultent pas pour ces questions-là. C’est pour cela que les généralistes doivent prendre l’habitude d’investiguer certaines populations », explique Nathalie Godard, pédopsychiatre, présidente de la Fédération française anorexie boulimie.

Parmi les populations les plus à risques, figurent les personnes en surpoids ou en situation d’obésité, qui demandent des chirurgies bariatriques (surtout pour les hyperphagies boulimiques) ; celles ayant des antécédents de TCA (la boulimie survient souvent chez des anciennes anorexiques, l’hyperphagie, chez des personnes ayant eu des crises de boulimie, voire d’anorexie) ; ou encore les sportifs de haut niveau, les mannequins, ou les patients impliqués dans des disciplines nécessitant un contrôle du poids (surtout sujets à la boulimie). Les médecins doivent aussi creuser le rapport à l’alimentation des personnes présentant des troubles psychiatriques même légers (anxiété, minima, dépression), notamment chez les jeunes, et jeunes femmes. Mais les hommes ne sont pas à négliger, précise la Pr Godard.

Prise en charge pluridisciplinaire

Le généraliste – avec d’autres professionnels si besoin – doit faire une première évaluation clinique comprenant les aspects somatiques, nutritionnels et psychiatriques, avec identification des risques psychiques et physiques et des conséquences sociales. Les recommandations insistent sur la nécessité d’adopter une attitude bienveillante et empathique dans l’interrogatoire du patient, pour qui ces troubles sont souvent objets de honte. « Comme dans la plupart des addictions, interdire ou émettre un jugement moral est contre-productif : il faut accompagner le patient vers les soins », précise Nathalie Godard.

Parce que boulimie et hyperphagie boulimique touchent surtout des adolescents et des jeunes adultes, la HAS et la FFAB recommandent autant que faire se peut d’associer l’entourage ou la famille à la démarche de soins.

Puis selon la gravité des troubles, le généraliste doit orienter le patient vers des intervenants de premiers recours ou des services spécialisés, au sein desquelles est proposée une prise en charge multidisciplinaire. « Dans les prochaines années, doit être développée une filière de soins pour prendre en charge ces patients trop souvent en errance », alerte la Pr Godard, afin que s’estompe le paradoxe actuel : si la boulimie et l’hyperphagie boulimique sont plus fréquentes, les services spécialisés dans les TCA accueillent en majorité des patients souffrant d’anorexie mentale.

Une revendication qui sera présentée lors du congrès de l’European Council on Eating Disorders (ECED), qui se tient du 12 au 14 septembre à Paris.

HAS TroublesDuComportementAnorexie-boulimie

Source : lequotidiendumedecin.fr