Débarqué il y a quelques jours de son poste de skipper-barreur du F50 français, et après avoir vu l’article que nous avons publié mardi sur le site de Voiles et Voiliers, Billy Besson nous a appelés de La Rochelle où il régate en Easy to Fly (circuit ETF 26), car n’ayant encore pu véritablement s’expliquer suite à cette décision qu’il qualifie de brutale.
Billy Besson à la barre du F 50 Français. | SAILGP
Didier RAVON. Modifié le 30/09/2021 à 18h18
Voiles et Voiliers : Tu ne fais donc plus partie de l’équipage après trois ans à sa tête. Comment ça s’est passé ?
Billy Besson : Concrètement, le mardi matin qui a suivi le Grand Prix de Saint-Tropez (11 et 12 septembre), j’ai reçu un coup de téléphone de Bruno Dubois (le team manager de France SailGP), m’apprenant que j’étais viré.
Je suis tombé des nues. J’ai demandé des explications.
Il m’a simplement dit que c’était dû à mes derniers résultats (8e à Aarhus et 6e à Saint-Tropez).
Le SailGP, ce sont les meilleurs bateaux au monde. C’est un truc de dingue !
Voiles et Voiliers : Il semble qu’on demande beaucoup aux « pilotes » en SailGP, comme d’être aussi très impliqué dans le marketing notamment ?
Billy Besson : Peut-être, ne suis-je pas assez marketing, pas assez corporate, et ne possède pas encore assez cette culture anglo-saxonne ?
J’avais tendance à penser que cet aspect marketing n’était pas de ma responsabilité mais celle du patron de l’équipe.
Moi, je fais de la voile. Je ne suis pas là en théorie pour trouver des sponsors.
N’empêche, aujourd’hui, cela me semble une évidence d’y contribuer.
Même si nous sommes sur le « même bateau », ce n’est pas exactement mon job, mais je crois qu’il faut que je progresse en ce sens.
Bruno Dubois, le team manager de l’équipe de France. | E. STICHELBAUT/SAILGP
La décision de Bruno me semble être unilatérale, et oui ça a été brutal
Voiles et Voiliers : Que gardes-tu de ces trois années en SailGP ?
Billy Besson : Cela a été une expérience absolument formidable et d’une richesse incroyable !
Le SailGP, ce sont les meilleurs bateaux au monde (il ne dit pas que ce sont aussi les meilleurs barreurs au monde mais c’est le cas ; ndlr).
C’est un truc de dingue ! Je suis forcément déçu en revanche de la manière dont j’ai été évincé.
La décision de Bruno me semble être unilatérale, et oui ça a été brutal.
Je ne souhaite à personne ce genre de situation. Cela fait trois ans que je suis sur ce projet. On a travaillé dur.
J’ai contribué à mettre en place l’équipe française.
On n’a pas toujours été bons certes, mais on progressait.
Bruno est arrivé après, il y a deux ans, avec l’appui de Russell Coutts (le grand patron du circuit), afin de diriger l’équipe et aussi trouver des sponsors.
En même temps, Bruno a sans nul doute subi une forte pression de Russell, car l’objectif du circuit SailGP est aussi qu’il soit rentable d’un point de vue économique.
Bruno a d’ailleurs dit dans les colonnes de Voiles et Voiliers que des équipes ayant le budget (Italiens et Canadiens ; ndlr) frappaient à la porte, et qu’il fallait changer des choses au risque que l’équipe de France soit poussée dehors.
Je n’ai rien vu venir
Voiles et Voiliers : Tu as donc le sentiment d’avoir été un peu le fusible ?
Billy Besson : A posteriori, oui clairement. On peut le dire.
Il y a deux semaines je ne m’imaginais pas un instant être débarqué. Je n’ai rien vu venir.
Lors du Sail GP de Saint-Tropez il y a quinze jours. | SAILGP
Ce sont des engins juste impressionnants et passionnants, et quand tu mets le doigt dedans, tu n’as qu’une envie, c’est de continuer…
Voiles et Voiliers : Mais il n’y a pas eu d’alternative, de préavis, de période de transition possible avec Quentin Delapierre, ton successeur ?
Billy Besson : Ah bien non ! C’est ça que je n’ai pas compris.
Je n’ai pas eu mon mot à dire, alors que j’aurais pu et aimé contribuer à l’aider à prendre en mains ce bateau si spécifique.
Ce n’est pas ma méthode de fonctionnement, ce n’est pas comme ça que j’ai été élevé, mais c’est ainsi.
Ce que j’ai demandé notamment à Russell (Coutts) avec qui j’ai eu une longue discussion suite à mon éviction, c’est que tout le monde soit logé à la même enseigne et jugé sur ses résultats, et pas que les navigants.
VOIR AUSSI :
SailGP. Coup de tonnerre : Billy Besson viré, Quentin Delapierre nommé skipper du F50 français !
Voiles et Voiliers : Donc on peut dire que tu repars un peu de zéro ?
Billy Besson : Non pas tout à fait ! Même si je n’avais pas prévu ça, j’ai acquis de l’expérience depuis toutes ces années où je navigue en foil sur différents supports, et c’est clair que ce genre de bateaux rend addictif.
Ce sont des engins juste impressionnants et passionnants, et quand tu mets le doigt dedans, tu n’as qu’une envie, c’est de continuer, d’essayer de mieux appréhender le vol, l’utilisation des foils.
Je ne me laisse aucune barrière. Tout est ouvert. Il est clair que je veux absolument continuer.
Billy Besson lors des traditionnels points presse. | IAN ROMAN FOR SAILGP
Ce qui est sûr, c’est que ma priorité première est de continuer à travailler dans le milieu du foil, faire progresser ces bateaux fabuleux…
Voiles et Voiliers : Tu as été élu en mars dernier vice-président de la FFVoile, en charge du haut niveau.
Ton rôle est d’autant plus important que les Jeux vont se dérouler à Marseille dans moins de trois ans ?
Billy Besson : Je vais faire le maximum évidemment en tant qu’élu et bénévole, mais je ne suis pas surhumain.
On va sans doute me dire que je vais avoir plus de temps…
Ce qui est sûr, c’est que ma priorité première est de continuer à travailler dans le milieu du foil, faire progresser ces bateaux fabuleux et ensuite au niveau de la fédération, de tout mettre en œuvre pour tenter de décrocher le plus de médailles possibles à Marseille.
Tout ce qui pourra permettre d’atteindre ces objectifs, on le fera.
J’espère vraiment aussi poursuivre sur le circuit SailGP
Voiles et Voiliers : Tu te vois repartir sur une préparation olympique ?
Billy Besson : Pas spécialement. Ce sera plutôt du gros bateau, de la course au large, la Coupe de l’America…
Je ne laisse aucune porte fermée ! J’espère vraiment aussi poursuivre sur le circuit SailGP.
Le pilote français à la manœuvre lors de la mise à l’eau. | SAILGP
Je lui souhaite le meilleur. S’il réussit, je dis tant mieux !
Voiles et Voiliers : Ton sentiment sur Quentin Delapierre qui te succède à la barre ?
Billy Besson : Personnellement, je n’ai rien contre lui. Je lui souhaite le meilleur. S’il réussit, je dis tant mieux !
Ce serait l’idéal. Mais l’on jugera sur les résultats.
On l’a bien vu lors des derniers Jeux olympiques (Delapierre et Audinet ont fini 8e à Tokyo en Nacra 17. Besson et Riou avaient terminé 6e à Rio malgré une hernie discale).
Je le répète, nous les régatiers somment jugés d’abord sur nos résultats sportifs.
Quand tu as ce type de rôle sur un tel bateau et avec un tel équipage, forcément tu fais des envieux…
Voiles et Voiliers : Tu pourrais être en colère et revanchard mais cela ne semble pas le cas ?
Billy Besson : Non ce n’est pas le cas. Je crois que je suis juste. Je ne suis pas là pour dire « c’est bien ce n’est pas bien » mais pour remettre les points sur les i. Je veux être juste par rapport aux faits réels comme dans la vie quoi. Je n’ai nullement l’envie d’être méchant… mais alors pas du tout, et ce n’est pas mon genre. Par contre d’être équitable, oui.
Ces engins atteignent des vitesses de 50 nœuds ! | SAILGP
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Ce circuit est quand même phénoménal
Voiles et Voiliers : Il y avait manifestement depuis plusieurs mois des rumeurs comme quoi ta place était de plus en plus jalousée, certains régatiers ne cachant même plus qu’ils étaient très intéressés ?
Billy Besson : Quand tu as ce type de rôle sur un tel bateau et avec un tel équipage, forcément tu fais des envieux…
Voiles et Voiliers : On sent enfin que tu as furieusement envie de revenir dans ce circuit SailGP et que ta motivation est intacte ?
Billy Besson : Ce n’est rien de le dire ! Et donc oui je cherche des partenaires.
Dans notre sport, c’est vraiment le nerf de la guerre. Ce circuit est quand même phénoménal.