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Retour du match-race, des départs face au vent et des monocoques à voiles souples, les AC75 ! Voilà le format de course qui vient d’être annoncé pour les America’s Cup World Series, préludes de la Coupe de l’America. Autrement dit, c’est l’exact opposé des récentes éditions qui se disputaient en flotte, avec des départs au vent portant à bord de multicoques ailés. L’America’s Cup revient aux sources : le duel sans merci et le mythique There is no second (il n’y a pas de deuxième).
The Defiant, l’AC 75 américain, un des trois challengers d’Emirates Team New Zealand qui est, lui, directement qualifié pour la finale de la Coupe de l’America. | NYYC AMERICAN MAGIC
Bruno MÉNARD. Publié le 31/01/2020 à 10h51
Le format de course des America’s Cup World Series de Cagliari (23 au 26 avril), événement d’ouverture de la 36e Coupe de l’America, vient d’être communiqué ce vendredi 31 janvier. Il est limpide : retour aux sources complet !
There is no second
Le plus vieux trophée du monde (1851) va se disputer uniquement en match-race, c’est à dire en duel « à mort », un bateau contre un autre, comme aux grandes heures de la Cup qui avaient valu cette phrase restée mythique, prononcée à la reine de l’Angleterre qui s’inquiétait de savoir qui était deuxième : « There is no second »
Emirates Team New Zealand, le Defender de l’America’s Cup et donc le seul des quatre AC75 à être certain d’accéder à la finale de 2021 à Auckland, puisque qualifié d’office. | EMIRATES TEAM NEW ZEALAND
Tenant de l’aiguière d’argent, l’équipe néo-zélandaise Emirates Team New Zealand et son célèbre boss Grant Dalton ont toujours dit qu’ils voulaient ce retour au match-race, en plus du retour à la navigation en monocoque.
C’est ce qu’ils sont en train de réussir avec les extraordinaires monocoques volants que sont les quatre AC75 anglais, italien, américain et néo-zélandais. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance (et si cela paraît très bien engagé ça ne l’est pas encore, on verra aux premières courses…) tant la recherche de la performance, des hautes vitesses et du spectacle semblait du côté des courses en flotte et en multicoque, format qu’a d’ailleurs continué de soutenir à coups de millions de dollars le milliardaire américain Larry Ellison en organisant le circuit SailGP.
Le Challenger of Record italien, Luna Rossa, qui a démâté il y a quelques jours. | LUNAROSSA/CARLO BORLENGHI
L’inverse des éditions précédentes… Et de SailGP
Désormais, les choses sont on ne peut plus marquées : le multi volant en flotte à aile rigide avec départ au portant, c’est SailGP. La Coupe de l’America, elle, veut retrouver sa légende en match race, à bord de monocoques qui ferraillent en un-contre-un et sont obligés de manœuvrer dès le premier bord de près, le départ étant donné face au vent. Donc a priori, du jeu et de la tactique en perspective, pas seulement de la vitesse, avec en prime l’exercice d’équilibriste qui consiste à voler et virer ou empanner sans retomber lourdement et donc casser sa vitesse, voire casser tout court.
Luna Rossa a démâté fin janvier, mais le mât n’a pas cassé et devrait être rapidement gréé de nouveau. | CARLO BORLENGHI – LUNA ROSSA PRADA
Le format de la légende
Du 23 au 26 avril 2020, c’est donc sur le format qui a fait la légende de La Coupe de l’America que les quatre AC75 vont s’affronter pour la toute première fois dans les eaux du golfe de Cagliari, en Sardaigne. Pendant quatre jours, l’actuel Defender (tenant) du Trophée à savoir Emirates Team New Zealand et son Challenger of Record Luna Rossa Prada Pirelli Team (organisateur de cette première confrontation) seront rejoints par les deux autres challengers britannique et américain, à savoir Ineos Team Uk et le représentant du New York Yacht Club : American Magic.
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Ineos Team Uk, le challenger Anglais mené par la légende olympique Ben Ainslie. | RALPH HEWITT-INEOS TEAM UK
Comment vont se dérouler les épreuves
Sur les trois premiers jours de compétition, les quatre équipes s’affronteront deux fois en duel. Le vainqueur de chacune de ces régates de match-race marque un point, le perdant zéro point. Chaque régate durera une vingtaine de minutes sur un parcours classique au vent/sous le vent. Les deux équipages ayant obtenu le plus de points s’affronteront en finale le quatrième jour, après une « petite finale » pour déterminer le troisième. Simple.
Et ensuite, après cette première confrontation ? Le chemin qui mène à la Coupe de l’America est assez simple. Du 4 au 7 juin on prend les mêmes et on recommence à Portsmouth, en Angleterre pour le deuxième ACWS. Puis il faudra attendre le mois de décembre (du 17 au 20) à Auckland (Nouvelle-Zélande) pour une troisième confrontation.
Viendra alors 2021 et là encore un format très classique, toujours à Auckland, où les trois challengers – Italiens, Anglais et Américains – se disputeront la Prada Cup. Et seul le vainqueur de cette bagarre entre les trois challengers (à l’instar de l’ancienne Louis Vuitton Cup) gagnera le droit de défier le Defender Emirates Team New Zealand pour essayer de lui ravir l’aiguière d’argent, le prestigieux trophée de la Coupe de l’America.
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Le plan de course : retour aux départs classiques face au vent. | AMERICA’S CUP
Pour les non-spécialistes : si on transposait au foot…
Ainsi va l’America’s Cup et ses énormes avantages au Defender. Lequel est non seulement qualifié d’office pour la finale, mais en édicte aussi les règles et navigue à domicile ! Si on transposait la chose au football, imaginez que le Real Madrid (au hasard) gagne la Ligue des Champions et que cette victoire lui donne le droit de changer les règles du foot, tout en étant qualifié d’office pour la finale. Le tout pendant que tous les autres clubs d’Europe se battent entre eux pour avoir le droit d’accéder à cette même finale jouée… à Madrid.
On peut aisément comprendre que les non-spécialistes trouvent ces avantages totalement démesurés voire injustes. Les millions de passionnés de l’épreuve dans le monde proclament au contraire que c’est précisément cette énorme difficulté à la conquérir qui crée l’exploit et le mythe de la Coupe de l’America.
À vous de voir. There is no second.