Publié le 01/07/2021
Recueillir le lait de la mère tiré à l’aide d’une pompe est devenu un moyen pratique de poursuivre l’allaitement maternel pour les femmes qui travaillent en dehors du domicile.
En particulier aux USA, 85 % des nourrissons sous allaitement maternel reçoivent de cette façon le lait de leur mère.
En comparaison de l’alimentation artificielle, l’allaitement maternel exclusif et prolongé semble conduire à un meilleur développement cognitif, du comportement et de l’attention qui pourrait favoriser la scolarité.
Cependant les études observationnelles comportent des biais de sélection relatifs notamment aux niveaux socio-économique et d’éducation des parents.
De surcroît, le mode d’administration du lait de femme n’est souvent pas pris en compte.
Une enquête a été débutée en 2012 à partir d’une maternité universitaire de l’Ohio sur les pratiques alimentaires pour les nourrissons (Moms2Moms).
Les données ont été recueillies à la naissance puis à 12 mois sur le terme, les antécédents obstétricaux, la lactation, les comportements alimentaires et les données socio-économiques.
Sur 813 femmes éligibles, 501 ont participé.
En 2017, 491 ont pu être contactées par téléphone pour une interview de 10 minutes puis une évaluation informatique de 30 minutes (REDCap survey) sur les capacités cognitives globales, les fonctions d’exécution, les comportements alimentaires et la santé en général de l’enfant.
En cas de difficultés, l’enquête était exécutée par téléphone ou par écrit.
Le développement a été évalué par un questionnaire déjà validé rempli par les parents de 38 items pour tester les capacités cognitives et un de 24 items pour les fonctions exécutives.
Aux âges de 12 mois et 6 ans, la durée de chaque type d’allaitement et les comportements alimentaires ont été précisés.
Des modèles statistiques de régression ont estimé les associations avec les durées d’alimentation au sein, par lait de mère tiré et par formule.
Quelques avantages pour les fonctions exécutives
Au terme de l’enquête, sur les 491 participantes, les données de 285 ont pu être analysées.
Les mères âgées en moyenne de 31 ans, étaient à 84 % blanches, 76 % avec un niveau de licence ; la majorité travaillait et avait nourri l’enfant pendant des périodes variables, à la fois directement au sein (92 %) et au lait tiré (91 %), en médiane : sein 7,9 mois, lait tiré 4,8 mois, formule 10,8 mois.
Pour l’ensemble de l’échantillon, les scores de développement étaient légèrement au-dessus des normes.
L’analyse selon le mode d’alimentation a montré que chaque mois d’alimentation exclusive au sein était associé à une diminution significative du risque de déficit des fonctions exécutives (mémoire d’apprentissage) : risque relatif ajusté (RRa) 0,78 ; intervalle de confiance à 95 % IC 0,63-0,96.
En revanche, il n’existait pas de relation avec le score d’inhibition (capacité de suspendre le geste en cours sur demande) : RRa 0,92 IC 0,85-1,01.
L’alimentation au lait tiré n’était pas reliée clairement aux résultats des capacités globales des fonctions exécutives : aucune association n’a été observée.
Les effets sur les comportements alimentaires étaient moins nets ; des associations statistiquement faibles ont été trouvées entre les indices de satisfaction alimentaire et la durée de l’allaitement au sein.
En conclusion, l’alimentation directement au sein plutôt que par le lait de la mère tiré pourrait apporter des avantages dans certains domaines des fonctions cognitives d’exécution.
Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCE: Keim SA et coll. : Feeding infants at the breast or feeding expressed human milk: long-term cognitive, executive function, and eating behavior outcomes at age 6 years. J Pediatr., 2021; 233: 66-73
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L’allaitement mixte diminue la durée de l’allaitement maternel