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Chaque année, le SNOSAN – Système National d’Observation de la Sécurité des Activités Nautiques – publie un état de l’accidentologie, en mer notamment, sur l’ensemble du territoire.

Pour réaliser ces statistiques, les chiffres de l’ensemble des acteurs du monde de la mer (SNSM, Pompiers, Police, SAMU, CROSS) fournissent chiffres, circonstances et issues de leurs différentes interventions.

Au cours de la saison 2022, ce sont au total (plaisance et professionnels confondus) 6 466 opérations qui ont eu lieu (5 935 l’année précédente), impliquant 17 073 personnes (14 882 en 2021).

Au cours de la saison 2022, ce sont au total (plaisance et professionnels confondus) 6 466 opérations qui ont eu lieu (5 935 l’année précédente), impliquant 17 073 personnes (14 882 en 2021). | DR / SNSM DE BELLE-ILE ET DE QUIBERON

Olivier TOURCHON. Publié le 13/02/2023 à 07h31

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La saison prise en compte est celle de l’été en Métropole, c’est-à-dire une période qui court du 1er mai au 30 septembre 2022.

Seuls les accidents les plus importants sont rapportés

Il est important de noter que seuls les accidents majeurs (blessures graves, décès, chavirement, échouement…) qui ont nécessité la mobilisation de moyens importants sont pris en compte.

Les accidents « mineurs » ne sont pas pris en compte dans cette analyse.

Et certains accidents sont, eux aussi, passés au travers des mailles du filet, soit parce que le temps n’a pas été pris ou donné pour rendre compte, soit pour d’autres raisons, organisationnelles ou non.

Quoi qu’il en soit, l’intérêt majeur de ce rapport annuel est de fournir une tendance, d’année en année, sur les problématiques rencontrées et d’inciter les pouvoirs publics, les pratiquants et les autorités à apporter des modifications ou des ajustements aux façons de pratiquer telle ou telle activité.

La plage demeure le lieu où la majorité des noyades ont lieu. | OLIVIER TOURCHON

2022, un été aux conditions météorologiques particulières

L’été 2022 a été marqué par 3 vagues de hautes températures (on parle de canicules) et de vents particulièrement calmes.

Comme le savent les marins, un vent calme n’annonce jamais qu’un vent fort et l’impréparation voire, parfois, la précipitation de certains usagers à « retourner à l’eau » sans avoir pris les précautions élémentaires (port des équipements de sécurité, relevé de la météo, vérification de l’armement de sécurité).

Ces conditions rappellent l’importance, avant de prendre l’eau ou de pratiquer quelque activité nautique, de préparer celle-ci ou encore de se faire aider ou encadrer par des professionnels plus aguerris pour la remise en route.

Les Chiffres en eux-mêmes

Au cours de la saison 2022, ce sont au total (plaisance et professionnels confondus) 6 466 opérations qui ont eu lieu (5 935 l’année précédente), impliquant 17 073 personnes (14 882 en 2021).

Chiffre plus effrayant s’il en fallait un, 92 personnes sont décédées en 2022 au cours d’activités nautiques, contre 71 en 2021.

La bonne nouvelle, car il en faut bien une dans ces chiffres inquiétants, est que le nombre de personnes disparues est passé de 23 en 2021 à 7 en 2022.

Sans doute peut-on lire dans cette baisse de près de 70 % un équipement individuel de repérage ou de communication (VHF, montre d’alerte ou encore feu sur les gilets de sauvetage) plus utilisé qu’auparavant, et c’est une bonne nouvelle pour l’ensemble des pratiquants.

C’est, d’ailleurs, ce que tend à prouver la hausse de presque 10 % des personnes retrouvées d’une année sur l’autre (139 en 2022 contre 127 en 2021).

Pour les activités de plaisance pure, et selon les chiffres rapportés par les CROSS seulement, le nombre de blessés a singulièrement augmenté en plaisance à voile (+49), en plaisance à moteur (+ 54) ainsi qu’en plongée (+46).

Cependant, cette augmentation est à pondérer avec la situation particulière de l’année 2021, au cours de laquelle la France était sous le régime du couvre-feu jusqu’au 20 juin.

L’entretien mécanique, l’une des clés pour éviter les accidents. | OLIVIER TOURCHON

Bateau à moteur ou voilier ?

Les activités de plaisance (déplacement en bateau) sont de 3 grandes familles dans ce rapport.

Bateau à moteur, bateau à voile ou annexe permettant de rallier l’un ou l’autre de ces bateaux.

Si le nombre d’accidents en annexe est relativement faible en 2022 (72 au total), c’est sans doute grâce à la météo clémente qui a régné durant la saison, rendant l’utilisation de ces embarcations souvent assez instables bien plus sûres.

L’inquiétude doit, par contre, se porter sur le nombre d’accidents en bateau à moteur.

Au total, 2 674 accidents ou incidents ont été référencés sur ces bateaux, parmi lesquels 1 387 étaient dus à des avaries de propulsion (environ 50 % du total).

En comparaison, les voiliers ont été victimes de 1 991 incidents dont « seulement » un tiers (609) était dû à la propulsion.

Ombre au tableau d’honneur des voiliers, 248 échouements qui auraient pu être totalement évités en préparant mieux sa sortie !

Les informations sont à notre disposition. | FLICKR/EC-JPR

Les autres types d’accidents

Deux catégories d’autres accidents sont prises en compte. Celles sans flotteur (natation, plongée…) et celles avec flotteur (planche à voile, kayak…). Les premières ont représenté 721 déclenchements en 2022, les secondes 1 038. Enfin, les isolements par la marée ont nécessité 170 interventions, soit une augmentation de 20 % comparativement à l’année 2021. À cela plusieurs explications, le beau temps d’une part, la marée du 15 juillet de coefficient 98 qui a eu lieu au cours d’un week-end de pont.

Enfin, dans cette litanie de chiffres, celui des noyades est sans doute le plus inquiétant car il est probablement le plus simple à faire diminuer. Ce sont, en 2022, 603 personnes qui ont perdu la vie au cours d’une noyade, 257 en mer, 346 en eaux intérieures. Cette augmentation de près de 20 % par rapport à l’année 2021 a coûté la vie à 39 mineurs.

Enfin, s’il fallait insister sur la nécessité de surveillance, ce sont 150 noyades qui ont eu lieu sur une plage et un peu plus de 80 dans une rivière en 2022.

Le port du gilet de sauvetage, un réflexe qui reste à acquérir. | OLIVIER TOURCHON

Comment faire baisser ces chiffres ?

Les pratiquants disposent, à l’heure actuelle de tous les outils nécessaires pour faire baisser ces chiffres.

Qu’il s’agisse de vérifier l’état de la météo à venir, de s’assurer du bon fonctionnement de sa propulsion ou de la VHF, c’est par une prise de conscience du caractère fondamentalement dangereux du milieu d’évolution que les chiffres iront en diminuant.

Ce n’est certainement pas en augmentant le nombre de contrôles, la quantité de règles ou de normes que les accidents seront moins nombreux, si ce n’est de manière marginale.

La solution est entre les mains de tous les usagers.

Porter les équipements de sécurité (gilets de sauvetage ou brassière), s’assurer qu’un adulte est clairement défini comme responsable de la surveillance des enfants.

Relever la météo au moment de la sortie et dans les heures qui la suivent ou faire réaliser la sortie d’hivernage de la motorisation par un professionnel sont autant de gestes qui, s’ils représentent évidemment un coût pour les plaisanciers, sont des investissements de sécurité élémentaires.

Ensuite, la connaissance des limites, qu’il s’agisse des siennes propres (fatigue, état de santé, absorption d’alcool…) comme de celles de l’environnement (formation de baïnes, hauts fonds, houle) sont autant d’informations aujourd’hui aisément accessibles.

Les surveillants de baignades, les autorités portuaires comme l’ensemble de la chaîne de sécurité et de protection savent fournir ou orienter vers les informations nécessaires.

Enfin, on ne le répétera jamais assez, savoir renoncer est une qualité.

Savoir renoncer à une sortie en mer car on ne la « sent pas », savoir renoncer à une baignade car on est fatigué est aussi aisé que de savoir changer l’huile de son embase ou de lubrifier son enrouleur.

Chacun de ces refus, s’il peut être ressenti comme une frustration sur l’instant, est une opportunité de nombreuses autres sorties, dans de meilleures conditions et avec bien plus de plaisir.

Rapport complet du SNOSAN 2022 : Accidentologie – Bilan de la saison estivale 2022