Publié le 14/02/2020

La plaque carotidienne, qui est rarement isolée, est un signe spécifique de l’athérosclérose de l’adulte. Elle est aussi une variable prédictive du risque cardiovasculaire individuel qui, en en sa présence, est élevé au point de justifier des stratégies préventives adaptées, voire agressives en fonction du bilan clinique et biologique.

L’athérogenèse débute dès l’enfance au gré des facteurs de risque cardiovasculaire et les recommandations pédiatriques intègrent d’ailleurs cette notion bien établie par de nombreuses études épidémiologiques en définissant des seuils d’intervention.

Il persiste cependant des zones d’ombre : quelle est la valeur réelle de ces seuils quant à la prédiction d’une athérosclérose avancée chez l’adulte, définie par la présence de plaques artérielles ?

C’est à cette question que tente de répondre une étude de cohorte prospective finlandaise, la Cardiovascular Risk in Young Finns Study, débutée en 1980, dans laquelle ont été inclus et suivis de manière régulière 2 653 enfants ou adolescents. En 2001 et 2007, une échographie carotidienne a été pratiquée alors que les participants étaient parvenus à l’âge adulte.

Une association entre les résultats de l’examen et les facteurs de risque cardiovasculaire présents cumulés pendant l’enfance et au-delà a été recherchée au moyen d’une analyse multivariée avec ajustement selon les facteurs de confusion potentiels.

Exposition au tabagisme et dyslipidémies, des facteurs prédictifs

Au moins une plaque carotidienne– définie comme une structure pariétale focale faisant une protrusion dans la lumière artérielle > 50 % par rapport à l’épaisseur intima-média des régions adjacentes – a été constatée chez 88 participants adultes (3,3 %). Le risque relatif (RR) d’une telle anomalie artérielle en analyse univariée s’est avéré variable selon le facteur de risque constaté au cours de l’enfance et cumulé dans le temps.

Ainsi, en cas de dyslipidémie précoce définie selon les recommandations pédiatriques en vigueur, le RR a été estimé à 3,03 (intervalle de confiance à 95 %, IC95 %, 1,76-5,21). Pour l’HTA, le RR a été estimé à 1,51 (IC95 %, 0,99-2,32), et à 1,93 (IC 95%, 1,26-2,94) pour l’exposition au tabagisme dans l’enfance ou l’adolescence.

En analyse multivariée, seuls deux facteurs sont restés prédictifs du risque de plaque, en l’occurrence le tabagisme et les dyslipidémies de l’enfance, ceci au sein de modèles statistiques complexes qui ont pris en compte les facteurs de risque cardiovasculaire de l’adulte et les antécédents familiaux de maladie coronaire.

Une plaque carotidienne n’a été décelée que chez moins de 1 % des adultes qui, au cours de leur enfance, n’avaient été exposés à aucun facteur de risque cardiovasculaire.

Cette étude de cohorte prospective de grande envergure confirme que les facteurs de risque de l’enfance font le lit de l’athérosclérose de l’adulte. Rien de nouveau donc sous le soleil, si ce n’est que les seuils d’intervention définis dans les recommandations pédiatriques permettent en effet de repérer dès l’enfance, les sujets les plus exposés à l’athérosclérose. Ces seuils voient leur utilité confortée et, à ce titre, ils doivent déboucher sur des mesures de prévention ad hoc.

Dr Philippe Tellier

RÉFÉRENCE: Koskinen JS et coll. : Childhood risk factors and carotid atherosclerotic plaque in adulthood: The Cardiovascular Risk in Young Finns Study. Atherosclerosis 2020 ; 293 : 18-25. doi.org/10.1016/j.atherosclerosis.2019.11.029.

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Tabagisme passif dans l’enfance, un impact sur les carotides à l’âge adulte ?