Actualités – publiée le 13/10/2019 par Équipe de rédaction Santélog

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La dépression et l'anxiété peuvent modifier ou « paralyser » les actions de manière dramatique en précipitant ou en bloquant le mouvement ou l'action.

Les maladies psychiatriques telles que la dépression et l’anxiété peuvent modifier ou « paralyser » les actions de manière dramatique en précipitant ou en bloquant le mouvement. Ce mécanisme, également en jeu dans les changements de contrôle de l’action dans les maladies psychiatriques, peut également se manifester dans la vie courante, en cas de stress élevé par exemple. En identifiant un lien direct entre le circuit des émotions du cerveau et le réseau des mouvements, ces scientifiques du Salk Institute (La Jolla) commencent à expliquer comment et pourquoi une émotion intense peut influer sur l’action.

Le sport offre un bon exemple de cette influence possible de l’émotion sur l’action : dans les situations de stress intense, telles que marquer un but au foot, certains athlètes vont connaître un phénomène de « suffocation », ou déclin rapide de leurs performances sous la pression. Ces chercheurs du Salk proposent une cause à ce phénomène : des signaux unidirectionnels allant du circuit des émotions cérébrales au circuit des mouvements. Cette théorie, documentée par optogénétique pourrait déboucher sur de nouvelles stratégies de traitement des troubles du mouvement ou approchants, tels que les troubles obsessionnels compulsifs, l’anxiété et la dépression, et des lésions médullaires ou physiques.

Découverte d’une communication unidirectionnelle émotion-mouvement pertinente pour le traitement de nombreux troubles cérébraux et psychiatriques.

La découverte est qualifiée de « très excitante » par ses auteurs : c’est en effet la première fois qu’est identifié un mécanisme de circuit cérébral aussi complet démontrant l’intrication des états émotionnels du mouvement par le biais de connexions. Cette voie est identifiée dans une zone du cerveau appelée ganglions de la base, impliquée, par exemple, dans le comportement du conducteur, expliquent les chercheurs. « Nous ne savions pas grand-chose à propos de cette voie, elle ouvre un tout nouveau paradigme pour l’examen des troubles psychiatriques ainsi que des lésions de la moelle épinière », ajoute l’auteur principal, le Dr Xin Jin.

Emotion et mouvement, 2 circuits pas vraiment indépendants : on croyait auparavant que les circuits ou réseaux de l’émotion et du mouvement du cerveau fonctionnaient comme des circuits fermés parallèles, de manière indépendante. Les chercheurs ont suspecté une l’influence des émotions sur les mouvements en raison de mieux constats cliniques sur des patients atteints de troubles neuropsychiatriques et de diminution des mouvements physiques. L’objectif était donc de chercher à comprendre comment les circuits pourraient interagir.

Comment les émotions atteignent les réseaux du mouvement dans le cerveau ? Les scientifiques utilisent ici une combinaison de techniques virales et optogénétiques de pointe pour tracer ces circuits chez des modèles rongeurs afin de mieux comprendre chaque étape de la communication neuronale. Partant d’une zone impliquée dans l’émotion (le cortex préfrontal médial) et d’une zone impliquée dans le mouvement (le cortex moteur primaire), ils ont identifié une voie de communication unidirectionnelle allant du réseau des émotions à celui du mouvement, en passant par une zone située profondément dans le cerveau, appelée ganglions de la base.

Les noyaux gris centraux, qui comprennent les structures impliquées dans « le guidage », agissent essentiellement comme un carrefour permettant au réseau des émotions d’influencer directement le réseau du mouvement afin de contrôler l’action. Par optogénétique, une technique faisant appel à la lumière pour contrôler les cellules, les chercheurs ont pu confirmer cette nouvelle voie.

Une application directe dans la prise en charge des lésions de la moelle épinière : Cette communication unidirectionnelle émotion-mouvement semble pertinente pour le rétablissement d’une lésion de la moelle épinière. En suggérant que les états émotionnels peuvent influencer les centres de mouvement du cerveau, vivre des émotions positives telles que la motivation pourrait aussi aider les patients dans le processus de récupération. L’activation des centres de l’émotion pourrait également stimuler les centres de mouvement et faciliter la récupération.

Enfin, ces résultats confirment aussi l’influence des états émotionnels sur les performances sportives.

Source: eLife Sept, 2019 An open cortico-basal ganglia loop allows limbic control over motor output via the nigrothalamic pathway

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