Actualités    publiée le 28/07/2017 par Équipe de rédaction Santélog

Infancy

Dès l’âge de 8 mois, le nourrisson est déjà un véritable « statisticien social »

Dès l’âge de 8 mois, le nourrisson sait ce que nous préférons, tel un véritable « statisticien social » qui enregistre nos mouvements et nos comportements pour prédire ce que nous sommes les plus susceptibles de faire ensuite. Cette étude de l’Université de Washington à St. Louis a des implications : alors que ces conclusions suggèrent l’importance de la cohérence pour les petits enfants, elles permettent aussi de mieux comprendre pourquoi lorsqu’un parent ou un adulte se comporte tout d’un coup différemment, ce changement perturbe la vision et les attentes du nourrisson à l’égard de cette personne.

Parce que les tout-petits ne peuvent pas nous dire ce qu’ils pensent, de nombreuses recherches ont tenté de discerner les capacités de perception des nourrissons avant le développement du langage. La plupart de ces recherches ont dû s’arrêter au fait que les bébés passent beaucoup plus de temps à regarder des événements ou des objets qu’ils considèrent comme nouveaux et inhabituels. « Pourtant, c’est bien avant de parler, que les bébés sont en mesure de suivre de près ce qui se passe autour d’eux et de construire des modèles comportementaux qui suggèrent des préférences chez les autres », explique l’auteur principal de l’étude, Lori Markson, professeur agrégé de sciences psychologiques à l’Université de Washington à St. Louis : « Faites le même choix 3 ou 4 fois de suite, et un bébé de 8 mois enregistre ce choix comme une préférence ».

Cette étude est basée sur une série d’expériences permettant de suivre les changements de réaction de 60 nourrissons âgés de 7 à 9 mois, lorsqu’un sujet fait un choix inattendu (par ex. 3 fois le même choix puis tout d’un coup, un choix différent). Ce choix s’opérait 2 animaux en peluche exposés devant le nourrisson sur une petite scène de marionnettes. Une seconde expérience consistait à déterminer si les nourrissons, invités à donner un jouet à l’animateur, saisiraient plus souvent le jouet régulièrement choisi par l’animateur lors de 4 essais précédents, ce qui suggèrerait alors que le nourrisson a compris la préférence de l’animateur. Durant ces expériences, les réactions des bébés étaient observées et filmées par les chercheurs.

L’analyse montre que :

-les bébés restent environ 50% de temps en plus à fixer les choix ou situations en rupture avec les modèles cohérents issus des précédents essais,

-les nourrissons sont à l’écoute de comportements cohérents et se font une idée précise des préférences des gens en fonction de probabilités simples calculées à partir d’actions et d’événements observés.

-Et cette constatation vaut, selon les chercheurs, dans tous les domaines, choix alimentaires, loisirs, activités… Cela pourrait aussi expliquer pourquoi les enfants semblent toujours vouloir le jouet avec lequel quelqu’un d’autre joue !

La cohérence se révèle ainsi un facteur crucial pour la formation de la vision des enfants du monde qui les entoure. C’est aussi une sorte de réassurance, et si l’enfant perçoit un changement de comportement inattendu chez un proche, cela « casse sa routine », ses repères, et ses attentes spécifiques vis-à-vis de cette personne.

L’étude est ainsi la première à montrer comment les choix incohérents influent sur la compréhension des nourrissons des préférences et des comportements des autres et suggère aux parents comme aux éducateurs de respecter donc une « certaine » cohérence dans les comportements et les apprentissages.

Source: Infancy 26 May 2017 DOI: 10.1111/infa.12194 Infants’ Understanding of Preferences When Agents Make Inconsistent Choices

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