https://www.jim.fr/e-docs/00/02/A4/B2/carac_photo_1.jpg Publié le 17/08/2018

Paris, le vendredi 17 août 2018 – Parfois l’actualité internationale se télescope. Ainsi, dans la même semaine, ont été dévoilés, les derniers chiffres des overdoses mortelles par opioïdes aux États-Unis et ceux de la consommation de ces substances, en France.

Rien ne semble enrayer la crise aux États-Unis
Le rapport du CDC (Centers for Disease Control) publié jeudi noua apprend que près de 72 000 personnes sont mortes par overdose d’opioïdes en 2017 aux États-Unis soit une nette hausse par rapport aux 67 114 décès de 2016 et aux 54 207 de 2015.

Rappelons que la crise des opiacés, qui a débuté à l’orée des années 2000, trouve sa source dans la sur-prescription d’oxycodone et d’autres antidouleurs par les médecins américains. Le phénomène aurait rendu addicts à ces produits 2 millions de personnes dont certaines se seraient ensuite tournées vers l’héroïne et le fentanyl vendu par des dealers après que l’accès à ces médicaments ait été restreint par les autorités sanitaires.

Les premiers temps de la crise en France ?

En France, les données étaient jusqu’ici lacunaires, mais l’Observatoire français des médicaments antalgiques (OFMA), un institut public fondé en novembre dernier vient de publier une étude sur cette question dans le dernier numéro de l’European Journal of Pain.

Ainsi, entre 2004 et 2017, la consommation d’antalgiques de palier 2 (codéine, Tramadol…) aurait augmenté de 123 à 244 % selon les spécialités. Un mal français qui a amené, il y a quelques mois, à rendre obligatoire leur délivrance sur prescription médicale…Faisant craindre à certains observateurs que les consommateurs habituels ne se tournent désormais vers des substances illicites.

Concomitamment, les prescriptions d’opioïdes forts ou antalgique de palier 3 ont augmenté de 104 %, principalement porté par l’oxycodone (+ 1950 % !) qui a vu ses indications élargies aux douleurs non cancéreuses.

Naturellement ceci a pour corolaire, un fort accroissement du nombre d’hospitalisations liées aux opioïdes qui est passé de 15 à 40 par million d’habitants et de décès (1,3 à 3,2 par million d’habitants).

Comme le notent les auteurs, bien qu’ils n’indiquent pas encore une crise française des opiacés, ces résultats appellent à « une surveillance appropriée », alors que, comme le note dans le quotidien 20 minutes, le Pr Nicolas Authier qui préside l’OFMA,  « une fois que le phénomène est installé, il est très difficile de faire marche arrière. On a créé une population de dépendants et ça devient une maladie chronique en soi » …

Xavier Bataille

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