Actualités – publiée le 9/11/2019 par Équipe de rédaction Santélog

JAMA Neurology

Les changements d'heure ont des implications cliniques qui durent bien plus longtemps que les jours où les horloges sont avancées ou reculées.

En France, les changements d’heure sont calés sur les derniers dimanche de mars (heure d’été : ajout d’une heure) et d’octobre (heure d’hiver : soustraction d’une heure). Cette étude américaine, d’une équipe de l’université de Vanderbilt et centrée sur le passage à l’heure d’été décrit ces effets à long terme sur la santé. Les conclusions, présentées dans le JAMA Neurology, révèlent des implications cliniques qui durent bien plus longtemps que les jours où les horloges sont avancées ou reculées.

Aux Etats-Unis aussi, on pratique le changement d’heure même s’il dépend aujourd’hui de chaque Etat- en dépit d’une harmonisation fédérale. Certains États ont en effet été autorisés à se dispenser d’observer l’heure d’été, en particulier ceux qui sont situés dans un fuseau horaire différent. Les motivations sont les mêmes qu’en Europe, l’économie d’énergie, la régulation et la sécurité du trafic automobile et la réduction du nombre de crimes et d’agression.

Cependant, le bilan actuel montre aussi que ces avantages sont minimes. Ainsi, les effets sur la consommation énergétique ne représenteraient que 0,02% de la consommation totale.

Ce n’est pas 1 heure 2 fois par an, c’est un décalage pendant 8 mois de l’année

En revanche, de nombreuses études ont alerté sur les effets néfastes du changement d’heure sur la santé, non seulement sur les décalages du sommeil et de l’horloge chez les plus petits, mais aussi sur les risques accrus de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral ischémique, ou de privation partielle de sommeil, liés à la perte de lumière matinale qui synchronise de manière critique les horloges biologiques. Ainsi, les changements d’heure -et particulièrement le passage à l’heure d’été- entraînent une réduction de 15 à 20 minutes en moyenne chez les adultes, un effet bien documenté comme associé à une incidence accrue des accidents mortels.

Une transition d’une heure a des effets significatifs sur la santé : « Beaucoup de gens pensent que ce n’est pas grave, mais ce qu’ils ne réalisent pas, c’est que leur horloge biologique n’est plus synchronisée », explique le Dr Beth Ann Malow, professeur de neurologie et de pédiatrie au département des troubles du sommeil de l’université Vanderbilt. Ce n’est pas une heure deux fois par an. C’est un décalage de nos horloges biologiques pendant 8 mois de l’année.

L’auteur précise que l’heure d’été modifie notre rapport à la lumière, et entraîne un d’impact profond et durable sur notre horloge biologique, un système fondamental, décrit comme « enraciné » qui régule de nombreuses fonctions telles que les niveaux d’énergie et la vigilance. Ces affirmations sont documentées par de grandes études épidémiologiques, citées par les auteurs, qui préconisent, eux-aussi, de mettre fin à la pratique.

Des publics plus ou moins sensibles : si certaines personnes peuvent avoir des rythmes circadiens plus souples et s’ajuster plus rapidement, certains groupes de population sont plus sensibles à ces changements. Ainsi, le changement d’heure a un impact sévère sur certains enfants autistes et ce dérèglement de l’horloge peut durer des semaines ou des mois.

Source: JAMA Neurology November 4, 2019 doi:10.1001/jamaneurol.2019.3780 Are Daylight Saving Time Changes Bad for the Brain?

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