Actualités – publiée le 13/11/2019 par Équipe de rédaction Santélog

Scientific Reports

Une exposition, même unique en début de grossesse aux cannabinoïdes synthétiques ou naturels, peut ainsi causer des problèmes de croissance chez un embryon en développement.

L’exposition au THC (tétrahydrocannabinol) et au CBD (cannabidiol) durant la grossesse peut sérieusement perturber le développement du fœtus, révèle cette équipe de l’École de médecine de l’Université de Caroline du Nord (UNC). C’est la première étude à montrer, chez l’animal, que les principaux agents actifs du cannabis, peuvent provoquer des anomalies congénitales du cerveau et du visage s’ils sont utilisés par la mère au cours du premier trimestre de la grossesse. Ces conclusions, présentées dans les Scientific Reports, viennent étoffer l’effet nocif majeur du cannabis : sur le cerveau encore en développement.

Une exposition, même unique en début de grossesse aux cannabinoïdes synthétiques ou naturels, peut ainsi causer des troubles de la croissance chez un embryon en développement. C’est la première étude à révéler une telle connexion chez les mammifères et ses conclusions constituent un message d’alerte à destination des femmes en âge de concevoir.

Ces 2 substances interagissent au niveau cellulaire en perturbant la signalisation entre molécules et cellules qui contrôlent la croissance et le développement

Alcool + cannabis durant la grossesse et risque multiplié d’anomalies congénitales

L’étude est menée sur des souris, « des modèles précis et reconnus du développement de l’embryon en début de grossesse », explique l’auteur principal, le Dr Scott Parnell, professeur de biologie cellulaire et de physiologie à l’UNC School of Medicine. Car « le développement de l’embryon à ce stade est très similaire chez tous les vertébrés ». La recherche montre que :

  • les effets identifiés d’une exposition unique aux cannabinoïdes (CBD et THC ) sur le développement du cerveau et du visage, sont très similaires à ceux observés dans le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF).
  • lorsque le cannabis et l’alcool sont consommés ensemble, le risque d’anomalies congénitales est plus que doublé ;
  • ces 2 substances interagissent au niveau cellulaire en perturbant la signalisation entre molécules et cellules qui contrôlent la croissance et le développement (voir sur visuel, à droite, coupe du cerveau d’une souris exposée à l’alcool et à un cannabinoïde lors du 8è jour de gestation).
  • Une interaction alcool – cannabis très préoccupante : alors que de précédentes études ont montré la fréquence de leur consommation conjointe, l’étude révèle un niveau de danger sans précédent pour les femmes enceintes et leur bébé.

Une fenêtre de vulnérabilité bien précise : l’étude révèle ces effets chez la souris au 8è jour de gestation, qui correspond à la 3è et 4è semaine de grossesse chez l’Homme. Cette période correspond au moment où l’exposition combinée à l’alcool et au cannabis est particulièrement dommageable pour l’embryon en développement. De plus, durant ces tout débuts de la grossesse, un grand nombre de femmes ignorent encore qu’elles sont enceintes.

Enfin, dans l’étude, les quantités testées chez la souris correspondent à une « dose » moyenne chez l’Homme.

On savait qu’il n’y a pas de période -ni de quantité- sans danger d’alcool pendant la grossesse, le principe est exactement le même pour le cannabis. L’équipe va poursuivre ses recherches sur les effets de l’exposition à ces substances aux différents stades de la grossesse, ce qui se rapproche mieux de leur utilisation réelle présumée…

Source: Scientific Reports 05 November 2019 Cannabinoids Exacerbate Alcohol Teratogenesis by a CB1-Hedgehog Interaction (Visuel UNC School of Medicine)

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